À l’heure de la rentrée économique et de l’annonce d’un plan de relance de 100 milliards d’euros, les dirigeant(e)s français, pour la plupart, veulent croire en des jours meilleurs. Une enquête menée auprès de 94 chef(fe)s d’entreprises et dirigeant(e)s par un collectif de consultants formé à Sciences Po a mis au jour ce relatif sentiment de confiance en la reprise d’activité.
Comment vont les dirigeants français ? C’est la question que s’est posée un collectif de consultants qui s’est formé à Sciences Po lors du cycle « Devenir consultant » proposé aux alumni par le pôle Carrière. Au terme de leurs modules, les « apprentis » consultants ont continué à se rencontrer régulièrement pour échanger sur les problématiques métier : prospection commerciale, communication, stratégie, etc.
C’est dans le cadre de ces réflexions communes qu’est née l’idée de mener un sondage auprès des chefs d’entreprises, dirigeants et autres responsables d’organisation à la sortie du confinement. Ce sondage s’est, en effet, imposé comme le meilleur outil pour « prendre la température » dans les organisations, recenser les éventuels besoins d’accompagnement, prospecter et, surtout, entretenir un réseau.
Quatre-vingt-quatorze chefs d’entreprise et dirigeants de structure ont répondu aux dix-sept questions. Une grosse majorité d’entre eux sont basés en région Centre-Val de Loire, essentiellement sur Orléans et sa métropole. Le territoire situé à une centaine kilomètres au sud de Paris a pour lui l’avantage de bénéficier d’un tissu économique diversifié. Les entreprises interrogées relèvent du secteur industriel (laboratoires pharmaceutiques, cosmétique, etc), de la puissante filière agro-alimentaire, de la grande distribution (alimentaire ou non) et de la logistique.
Si 73 % des structures sondées affichent plus de vingt ans d’existence, leur taille s’avère particulièrement diversifiée : de 1 à 10 salariés (pour 17 % d’entre elles) à plus de 5.000 (12 %).
Le sondage a ciblé principalement les chef(fe)s d’entreprise, les directeurs(rices) et membres de comité de direction que ce soit dans le secteur public ou privé. 53 % des personnes ayant répondu sont de sexe masculin, 51 % ont moins de 50 ans.
Nouveaux usages, nouvelles organisations, nouvelles aspirations
Les résultats ont mis à jour une tendance qui s’est confirmée à l’université d’été organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef) : l’incertitude – légitime – générée par la « mise sous cloche » de l’économie française pour faire face à une crise sanitaire sans précédent a laissé place aujourd’hui à une certaine forme de confiance chez les dirigeant(e)s français. Avec une nuance de taille néanmoins : cette dichotomie entre la macro et la microéconomie. Autrement dit, autant les dirigeants interrogés nourrissent de très fortes inquiétudes sur l’avenir de l’économie à l’échelle mondiale et, dans une moindre mesure, à l’échelle européenne et française (aux destins intimement liés), autant ils s’avouent plutôt confiants quant à l’avenir de leur propre entreprise. Méthode Coué ? Pas tant que ça...
La crise sanitaire à l’origine de cette crise économique sans précédent a visiblement agi comme un catalyseur chez les dirigeant(e)s qui partagent aujourd’hui cette absolue nécessité de se réinventer. Si la pandémie a eu, naturellement, des conséquences sur l’activité de 96 % des dirigeants interrogés, 60 % d’entre eux reconnaissent néanmoins ne pas se retrouver exposés à des risques forts.
En revanche, pas question de faire du monde d’après un « copier-coller » du monde d’avant. 90 % des dirigeants estiment qu’il est impératif de se « réinventer ». Face à de nouveaux usages clients, face aussi à de nouveaux modes d’organisation ou aspirations de leurs collaborateurs. De fait, logiquement, la réflexion stratégique s’impose comme l’enjeu prioritaire pour les prochaines semaines devant la politique commerciale et les ressources humaines.
Autant de défis qui ont plutôt le don de galvaniser les dirigeants. L’état de stress (64 %) et de fatigue (75 %), largement reconnu, n’altère en rien la motivation (79 %) et la détermination (81 %) ni même un relatif optimisme (73 %).
Christine BROUDIC
Consultante en organisation et management
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