[Club Littérature] Service de presse entre Alumni #10 : Guillermo Martin, Alaska et autres nouvelles d’anticipation (novembre 2023)
« J’ai aimé lire Guillermo Martin, comme j’ai aimé lire Barjavel » : Frédérique Trimouille nous explique pourquoi il faut lire Alaska et autres nouvelles d’anticipation de Guillermo Martin, paru le 2 novembre 2023 en auto-édition chez Publishroom.
Le livre
L'auteur
Présentation du roman
Dans un futur proche, une colonie transhumaniste occupe le Nord-Est de l’Alaska. Les colons y recherchent le surgissement, c’est-à-dire le dépassement de la condition humaine, par toutes les voies possibles. Menacés par une épidémie inconnue, ils font appel à Ephraïm, épidémiologiste de renom. Poussant ses investigations bien au-delà de ce qui lui est demandé, le médecin va découvrir l’origine du mal et prendre le chemin de l’émancipation au contact de la communauté Inuite.
Guillermo Martin livre dans ce recueil cinq nouvelles d’anticipation qui nous font voyager dans le temps et sur toute la surface du globe. Ses personnages, épris de liberté, avides de liens, profondément vivants, combattent les dominations de toute nature qui hantent cet avenir incertain.
L'avis de Frédérique
Des univers surprenants et d’une formidable diversité
L’Alaska dévastée, colonisée par des transhumanistes protégés par des drônes tueurs et des populations d’inuits clairsemées, abandonnées, exploitées...
Aléa, une « ville plastique », gouvernée par la tyrannie du hasard, dont les dés sont pipés...
Une « réclusion mentale à perpétuité » dans les bases fantômes de Mongolie intérieure…
Une croisière sordide qui traque le dernier thon de Méditerranée, trophée dérisoire d’une course à la présidence…
Et puis une histoire d’amour, une vraie, qui résiste aux bonheurs artificiels et obligatoires.
Un voyage en dystopie qui n’oublie pas d’être tendre, tragique ou drôle
Avec des personnages attachants : Éphraïm par exemple qui est au centre de la nouvelle la plus longue, Alaska ; d’abord on se dit que sa curiosité lui tient lieu de sensibilité, laquelle s’éveille cependant progressivement et ne cesse plus de nous surprendre à mesure qu’il s’engage dans une quête insensée.
Avec des passages surprenants d’un monde à un autre, de la colonie transhumaniste à la nature glacée impitoyable, toujours dans Alaska ; du virtuel au réel dans Perfect life...
Avec, dans ces univers déshumanisés, portant toutes les cicatrices des blessures que notre présent leur a infligé, une quête désespérée d’une présence, d’une voix, d’une humanité.
Avec de l’humour noir aussi, notamment dans Partie de pêche.
Et de belles chutes ; celle de Perfect Life m’a particulièrement émue.
Une langue précise, rythmée, poétique
Dans les deux cas, la dimension du bâtiment vous empêchait de délimiter ses contours. Le bloc vous dominait de toute sa noirceur architecturée. Le grain de la matière, sa rugosité, due au travail de chaque parcelle du cube par des motifs répétés à l’infini, renforçait encore le sentiment de faire face à une puissance sans limites. Il retrouvait cette même sensation en approchant du principal centre de traitement des anomalies de Prométhée 1.
Et puis il se rappela que les experts de l’agroalimentaire se vantaient d’avoir réussi à abolir l’angoisse et la souffrance animales par l’usage d’implants adaptés. Sur le tapis roulant les guidant lentement vers la guillotine, les vaches devaient certainement rêver, dans leur Perfect Life à elles, d’un monde où elles se nourrissaient des hommes.
En résumé, j’ai aimé lire Guillermo Martin, comme j’ai aimé lire Barjavel, il y a bien longtemps.
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