Compte-rendu de la dégustation du 27 novembre 2015 - Marc Sorrel
Marc Sorrel
Caves Legrand
1 rue de la Banque - 75002 Paris
Vendredi 27 novembre 2015 à 20h00
Il y a deux catégories de vins du Sud. Ceux que l’on y boit l’été venu, et que l’on retrouve avec plaisir à l’heure des grandes vacances. Ceux qui vous en parlent après l’avoir mis en bouteille pour ces longs jours où l’on n’y est pas.
Aux abords de l’hiver, c’est donc avec un plaisir certain et très partagé (nous avons rarement été aussi nombreux aux Caves Legrand) que nous avons reçu l’un des grands noms de la Vallée du Rhône septentrionale : Marc Sorrel.
Marc Sorrel est à la tête de 4 hectares dans la mythique appellation Hermitage et celle, voisine, de Crozes-Hermitage. La production reste assez confidentielle - et d’autant plus recherchée : elle se limite, dans les années les plus généreuses, à 16 000 bouteilles pour l’ensemble du domaine. La plupart étant achetées en primeur et à l’exportation, nous avons pu mesurer la chance de disposer ce soir-là d’un éventail complet des différentes cuvées, en blanc et en rouge.
Les blancs tout d’abord. Deux cépages : marsanne et roussanne. Contrairement à l’image que l’on peut s’en faire avant d’y avoir goûté, les grands blancs de la vallée du Rhône ne sont pas (sauf exception) sur des tonalités sucrées, de fruits jaunes et très gras en bouche. Leur richesse s’exprime moins dans l’explosion que dans la finesse et la rigueur d’une palette aromatique égrenée autour de saveurs allant du minéral au végétal, avec de l’acidité pour la garde.
Ce ne fut pas l’un des moindres mérites de la dégustation que de pouvoir s’en convaincre, en comparant sur un même millésime (2013) les trois dénominations travaillées par Marc Sorrel, avec un niveau croissant de complexité : le Crozes-Hermitage en premier lieu, vin d’introduction au domaine, fondu et assagi. Puis la confrontation entre l’Hermitage et la cuvée Les Roucoules, issue d’une parcelle plus ensoleillée, en haut de coteau.
A la couleur, au nez, en bouche, tout porte effectivement dans ces Roucoules la marque de ce soleil qui n’écrase pas le vin mais lui apporte un surcroît de complexité dans la fraîcheur (on se fera une idée en songeant à l’impact d’une année solaire sur un Riesling, par exemple). Des notes plus rondes et fruitées donc, mais par petites touches. Par ailleurs, la cuvée « classique » ne ressort pas vaincue de la comparaison : son style plus froid, plus posé ressort presque comme une variation sur le thème, tout aussi intéressante. Au gré des nuances, des envies, des accords, l’idéal serait en fait d’avoir la chance de prolonger chez soi la confrontation entre les deux bouteilles.
Au dîner qui a suivi, pour ceux qui avaient eu la possibilité de s’inscrire, un millésime 2001 sorti par Marc Sorrel de sa cave personnelle est venu chapeauter la dégustation, en montrant la profondeur que ces vins acquièrent au fur et à mesure de leur vieillissement, alors que l’acidité s’estompe.
Les rouges ensuite. Un autre registre, bien évidemment, puisque l’on est là dans la puissance de la syrah, que tout le talent de Marc Sorrel consiste à domestiquer pour lui conférer finesse et fraîcheur. C’est ce qu’a montré le millésime 2013, d’autant plus intéressant qu’il est l’un des premiers pour lesquels Marc Sorrel a fait évoluer sa manière, en intégrant des grappes entières, c’est-à-dire avec la partie boisée, pour des cuvées plus structurées, et plus taillées pour la garde. Deux bouteilles : la cuvée « classique », et le « Gréal », issu de deux des meilleurs parcelles de l’appellation (les Greffieux, et le Méal).
A propos de garde, c’est à titre tout-à-fait exceptionnel que Marc Sorrel a bien voulu nous faire découvrir pour clore la dégustation un millésime mâture, dans sa dénomination phare : un Gréal 2000.
Puissance fondue, fruit et structure, soleil et fluidité. C’est à un vin complet, magnifique et au surcroît introuvable que nous avons pu avoir accès. Un sommet dans l’appellation, un sommet pour le cépage, dont la découverte s’est achevée par une salve d’applaudissements. La démonstration est évidente que, pour ces grandes bouteilles, 15 à 20 voire 30 ans constituent l’horizon de garde.
Au dîner, une très intéressante dégustation à l’aveugle a révélé la différence entre Gréal et cuvée « classique ». Le premier a été largement reconnu pour la plus grande complexité. Mais le millésime a réservé une petite surprise, car contrairement aux impressions en bouche il s’est révélé un petit peu plus ancien (2009) que le second (2010), qui dégageait pourtant une impression de plus grande maturité. Témoin évident de l’impact du terroir sur le vin, et du grand potentiel de garde du Gréal.
Une grande soirée.
Les vins
A la dégustation
Crozes-Hermitage blanc 2013
Hermitage blanc 2013
Hermitage blanc - Les Roucoules 2013
Hermitage rouge 2013
Hermitage rouge – Le Gréal 2013
Hermitage rouge – Le Gréal 2000
Au dîner avec Marc Sorrel
Hermitage blanc - Les Roucoules 2001
Hermitage rouge 2010
Hermitage rouge – Le Gréal 2009
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