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L'Opéra au salon : Semaine de la fierté au Met (programme du 22 au 28 juin 2021)

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06.20.2021

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La sélection du Met de cette semaine propose différentes œuvres où s’illustrent des artistes (chanteurs, compositeurs, metteurs en scène ou chefsLGBT+ et qui permet de voir quelques grands classiques (Traviata, Tosca, Turandot) et des œuvres moins connues ou jouées en France (l’Ange exterminateur, Rusalka, Billy Budd, Maria Stuarda) dans des mises en scène variées elles aussi.


Mardi, 22 juin
Thomas Adès The Exterminating Angel   (l'Ange exterminateur)
Avec Audrey Luna, Amanda Echalaz, Sally Matthews, Sophie Bevan, Alice Coote, Christine Rice, Iestyn Davies, Joseph Kaiser, Frédéric Antoun, David Portillo, David Adam Moore, Rod Gilfry, Kevin Burdette, Christian Van Horn et Sir John Tomlinson. Sous la direction de Thomas Adès. Création en 2016. Production de Tom Cairns. Représentation du18 Novembre 2017. Photo en haut au centre.

 

La señora de Nobile donne un grand dîner à l’issue d’une représentation de Lucia di Lammermoor. Les choses ne se passent cependant pas comme prévu, le personnel commence par disparaître et aucun des invités ne semble pouvoir partir …

Inspiré du grand film surréaliste de Luis Buñuel (1962), le troisième opéra d’Adès, illustre superbement les qualités d’un des plus brillants compositeurs d’opéras contemporains (voir également The Tempest proposé le 12 juin 2021) : il arrive ici à garder en scène en permanence près de quinze personnages principaux dans un huis-clos ! La partition, pour grand orchestre, est riche et recourt, lorsque nécessaire, à des instruments variés (ondes Martenot, guitare « flamenco », piano baroquisant, …) pour illustrer le livret et les situations.  Elle sait également mettre en avant les voix, particulièrement nombreuses, et pour certaines totalement virtuoses, et les combiner (duos et ensemble), ce qui n’est pas si fréquent dans la musique contemporaine.

Le librettiste Tom Cairns a étroitement travaillé avec le compositeur pour cette pièce à multiples facettes. Il est aussi le metteur en scène de cette production qui a le compositeur à la baguette et certains des chanteurs fétiches d’Adès sur la scène (Audrey Luna et Iestyn Davies déjà présents dans the Tempest). Le résultat de cette collaboration et entente est exemplaire avec une distribution excellente, et probablement insurpassable, et une belle direction d’acteurs … 

Une occasion de découvrir /voir un opéra d’un compositeur contemporain majeur jamais encore monté à Paris

 

Mercredi 23 juin
Dvořák Rusalka

Avec Kristine Opolais (Rusalka, ondine), Katarina Dalayman (Princesse étrangère), Jamie Barton (Jezibaba, sorcière), Brandon Jovanovich (Prince) et Eric Owens (Vodnic, l’Esprit des eaux), sous la direction de Mark Elder. Création à Prague en mars 1901. Production de Mary Zimmerman. Représentation du 25 février 2017.  

Amoureuse d'un Prince, Rusalka obtient de la sorcière Jezibaba, en échange de sa voix, sa transformation en être humain pour le suivre ... 

Une des deux œuvres les plus populaires de l'opéra tchèque, ce superbe conte, inspiré par Andersen et La Motte Fouqué, est aussi un des sommets de l'opéra romantique. Si le "Chant à la lune", un des classiques pour soprano lyrique, constitue l'air le plus connu de cet opéra, il n'est pas, de loin, sa seule attraction, la musique mélodique et chatoyante et la qualité du livret offrant beaucoup d'autres plaisirs. 

La nouvelle production de Mary Zimmerman place l’action au XVIIIè siècle avec de superbes images et couleurs cherche à faire ressortir le côté fantastique mais aussi profondément humain de cette quête d'un amour hors de son milieu naturel.

Une belle distribution (Opolais dont c'est le rôle phare, Barton, Jovanovich, Dalayman notamment), une direction d'orchestre transparente et faisant ressortir la richesse de la partition (très belles cordes), un final en apothéose sont les atouts de cette captation.

 

Jeudi 24 juin
Donizetti Maria Stuarda
Avec Elza van den Heever (Elisabeth I), Joyce DiDonato (Maria Stuart), Matthew Polenzani (Robert Dudley), Joshua Hopkins (Cecil) et Matthew Rose (Talbot). Création au Teatro alla Scala en décembre 1835. Sous la direction de Maurizio Benini. Production de Sir David McVicar. Représentation du 19 janvier 2013. 

 

Elisabeth, reine d’Angleterre retient sa cousine Marie, reine d’Ecosse prisonnière. Le comte de Leicester convainc les deux reines de se rencontrer …  

Deuxième volet de la trilogie des Reines Tudor, Maria Stuarda s’inscrit après Anna Bolena (proposé le 18/03/2021) et avant Roberto Devereux (proposé le 17/05/2021). Inspiré de la tragédie de Schiller, cet opéra connut une genèse difficile : il dut d’abord affronter la censure napolitaine, suivi de la guerre entre les deux prime donne, puis la censure milanaise, Maria Malibran ayant décidé de chanter des airs interdits, avant de disparaître du répertoire pendant un siècle, avant sa renaissance en 1958 à Bergame et son entrée définitive dans le répertoire chantée par les plus grandes (Leyla Gencer, Joan Sutherland, Beverly Sills, Montserrat Caballé). 

La partition recèle bien des bijoux dont les plus notables sont la confrontation, entièrement fictive, entre les deux reines (cf photo en haut à gauche), la Confession de Marie et l’aria finale, ces airs étant probablement parmi les plus émouvants de l’œuvre de Donizetti.

Musicalement splendide et intensément dramatique, cette production « traditionnelle », qui intègre des touches contemporaines, est visuellement très réussie. Elle offre une Joyce DiDonato, en rôle-titre, au sommet de son art : un modèle de chant alliant diction, nuances, couleur et technique au service de l’expression. Elza Van den Heever campe, elle, une Elisabeth émotionnellement intense et cruelle, et vocalement royale. Le reste du plateau est excellent, servi et soutenu par un chef, spécialiste incontesté du bel canto, dont il connaît à merveille les nuances.

Du bel canto au sommet avec une DiDonato qui frise la perfection 

 

Vendredi 25 juin
Puccini Tosca
Avec Patricia Racette (Tosca), Roberto Alagna (Mario Cavaradossi), George Gagnidze (Scarpia) et John Del Carlo (Sacristain). Création à Rome en janvier 1900. Sous la direction de Riccardo Frizza. Production de Luc Bondy. Représentation du 9 Novembre 2013. 

 

En juin 1800 à Rome, le peintre Mario Cavaradossi, amant de la cantatrice Flora Tosca, recueille un prisonnier républicain enfui de la forteresse de Saint-Ange. Le chef de la police, le Baron Scarpia est sur ses traces …

Adaptation d’un drame conçu par Victorien Sardou, maître de la « pièce bien faite », pour Sarah Bernhardt, Tosca est, depuis longtemps, une des œuvres les plus populaires du répertoire, signe de ses qualités dramatiques et musicales qu’ont illustré les plus grands chanteurs, Maria Callas et Tito Gobbi en tête. 

Située entre la production classique et mythique de Franco Zeffirelli (celle de Callas) et celle vue récemment de David McVicar (proposée le 15 mars), la version de Luc Bondy a fait couler beaucoup d’encre avec, entre autres, ses décors tristes voire laids, sa direction d’acteurs contestée et une mise en scène plus sexuellement explicite. Roberto Alagna montre ici encore toute son énergie et la puissance de sa voix, et un très beau E lucevan le stelle, tandis que Patricia Racette propose une Tosca de bonne facture et George Gagnidze un Baron Scarpia lubrique à souhait. La direction d’orchestre fait elle regretter d’autres chefs.

Tosca étant un des opéras les plus joués au monde, les comparaisons de mise en scène et de chanteurs ne manquent pas et le Met en a proposé plusieurs.

Pour Alagna 

 

Samedi 26 juin
Puccini Turandot

Avec Christine Goerke (Turandot), Eleonora Buratto (Liu), Yusif Eyvazov (Calaf) et James Morris (Timur), sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Création en avril 1926. Production de Franco Zeffirelli. Captation du 12 octobre 2019.

Légendaire beauté, la princesse Turandot soumet à trois énigmes ses nombreux prétendants avec sa main et le trône de Chine en récompense ou la mort en cas d'échec. Un nouveau candidat inconnu se déclare … 

Inspiré d'un conte de fées ancien, revu et corrigé par le grand dramaturge vénitien Carlo Gozzi pour en faire une de ses dix comédies fiabesques, le dernier opéra de Puccini, est, bien qu'inachevé, considéré comme le sommet de sa production et un des grands chefs d’œuvre du répertoire, démontrant son extraordinaire capacité à se transformer.

Fidèle aux racines XIXè siècle du compositeur, la musique, organisée en blocs basés sur des motifs, intègre aussi de nombreux éléments modernes (bitonalité, harmonie modale et pentatonique, …) permettant d'obtenir une plus grande expressivité (Liu et son Signore ascolta par exemple). Cette variété de styles musicaux portée par une grande inventivité porte une superbe dramaturgie et des personnages bien campés et tous utiles. On ne peut dès lors que regretter que Puccini n’ait pu achever le dernier acte et créer le duo final prévu …

 

Cette production opulente et monumentale, excessive pour certains, vaudrait à elle seule le spectacle si l’opéra n’était pas également servi par une belle distribution (excellentes Turandot - cf photo en bas à gauche-et Liu), un orchestre magistralement mené par son chef et des chœurs superbes.

 

Une très belle version d'une des grandes œuvres du début du XXè siècle !

 

Dimanche 27 juin
Britten Billy Budd
Avec Philip Langridge (Captain Vere), Dwayne Croft (Billy Budd) et James Morris (Claggart). Création en décembre 1951 à Covent Garden. Sous la direction de Steuart Bedford. Production de John Dexter. Représentation du 11 Mars 1997.

 

En pleine guerre franco-anglaise (1797), un nouvel enrôlé de force, jeune et beau, arrive sur l’Indomptable. Bon et joyeux, il est apprécié de presque tous … 

A partir d’une nouvelle de Hermann Melville, retravaillée par le grand romancier d’aventures navales EM Forster comme librettiste, Benjamin Britten, un des grands compositeurs de la deuxième moitié du XXè siècle, a fait de Billy Budd son opéra le plus richement travaillé. C’est celui dans lequel il montre le mieux sa capacité à créer des idées musicales simples, à les étendre et à les enrichir au bénéfice d’un thème dramatique ambivalent sans être obscur, se faisant ainsi un héritier de Verdi. Opéra des émotions, avec de riches accompagnements orchestraux et des grands ensembles élaborés, il présente aussi la particularité, rare, de n’être que pour voix d’hommes. 

La production proposée ici a connu, à juste titre, un grand succès et est probablement une des références en version vidéo. Outre une distribution vocale de grande qualité dominée par un Dwayne Croft exceptionnel dans le rôle-titre et très bien entouré (Langridge et Morris), elle bénéficie de très beaux chœurs et d’un orchestre dirigé par un chef qui a une parfaite affinité pour l’oeuvre. Le tout dans un décor élaboré de vaisseau de la Royale britannique (photo en bas à droite). 

Une version de référence d’un classique du milieu du XXè siècle

 

Lundi 28 juin
Verdi La Traviata 
Avec Sonya Yoncheva (Violetta), Michael Fabiano (Alfredo Germont) et Thomas Hampson (Giorgio Germont). Sous la direction de Nicola Luisotti. Création à Venise (La Fenice) en mars 1853. Production de Willy Decker. Représentation du 11 Mars 2017.

 

Faut-il résumer cet opéra si connu s'inspirant de la vie de Marie du Plessis (la Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils)? 

Au cours d’une brillante réception qu’elle donne, Violetta Valéry, une demi-mondaine très en vue, est confrontée par le jeune et séduisant Alfredo Germont qui l'incite à quitter sa vie parisienne dissolue. Les amoureux s'installent à la campagne où ils vivent grâce aux ventes des biens de Violetta … 

Peu de personnages sont aussi attachants que Violetta, courtisane sauvée et sacrifiée, femme au grand cœur préférant un véritable et simple amour à une vie d'amusements et de richesses. Profitant d'un texte quasi-parfait, Verdi réalise une des plus belles partitions d'amour, admirablement construite dans ses effets et truffée d'airs devenus à juste titre célèbres : brindisi du premier acte, duos de Violetta avec Alfredo ou avec son père, Dite alla giovine, Amami Alfredo et Addio del passato, Parigi o cara, …

 

Cette captation propose la production très dépouillée qui a lancé Anna Netrebko et où se sont illustrées entre autres Marina Poplavskaya et Natalie Dessay (proposé le 17 juin 2021). Sonja Yoncheva (cf photo en haut à gauche avec Fabiano) se montre ici leur digne successeur, offrant une Violetta qui évolue émotionnellement et vocalement vers une troublante et émouvante scène finale, bien entourée par ses deux principaux partenaires masculins.

Une autre très belle version de ce classique des classiques 

 

Les spectacles sont normalement accessibles en cliquant, le jour indiqué, sur le titre de l’œuvre, à l'heure de votre choix.

Bonne semaine lyrique

Jean-François Bourdeaux
 Président du Club Opéra

 

Pour suivre les activités du Club Opéra, rejoignez-nous !

 

 

 

 


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