Matthieu Ly Van Luong, Service Public 1999
Carte de visite : Directeur général adjoint des services en charge de l’éducation, de la culture, de la jeunesse, des sports et des loisirs au conseil départemental de l’Hérault, depuis mai 2012.
Centres d’intérêt : Passionné par le cinéma de genre et d’auteur, notamment la Nouvelle Vague. (Il a suivi un cours séminaire du critique Antoine de Baecque à ScPo). Les voyages, en particulier en Asie (Chine, Inde, Japon, Indonésie, Hong Kong etc.). La danse, notamment la salsa et le tango, “très techniques”.
Livre de chevet : Les vestiges du jour de Kazuo Ishiguro. Un livre sur la fuite du temps.
Citation fétiche : “Les films sont comme des trains qui circulent dans la nuit”, François Truffaut dans La Nuit Américaine.
Questions d’aiguillage
Quand Matthieu est arrivé pour la première fois de sa vie en février 2012 à la gare de Montpellier, pour son entretien de recrutement au conseil général, il a pris un taxi. Il a failli arriver en retard. Au retour, il a pris un taxi. Il a raté son train. Ces mésaventures ne l’ont pas empêché d’adopter cette ville du Languedoc qu’il ne connaissait pas. Et d’apprendre alors par hasard que son grand-père vietnamien avait fait, durant l’entre-deux-guerres, des études de pharmacie à Montpellier, dont il gardait le souvenir d’une ville très rurale. L’étudiant de Saigon, administré dans son pays par une autorité coloniale, n’imaginait pas que son futur petit-fils — qu’il n’a jamais connu — deviendrait haut fonctionnaire territorial de l’Hérault. L’intéressé non plus !
En effet, lycéen en région parisienne, c’est vers une carrière scientifique, comme ses parents (pharmacienne et ingénieur informatique) que Matthieu s’acheminait sûrement. Mais en classe de première, une professeure d’histoire passionnante le dérouta. “Il faut que je fasse de l’histoire”, se dit le jeune Matthieu, qui opta pour une prépa HEC au lycée Montaigne. Cette formation présentait l’avantage de mêler mathématiques et histoire. Puis, conseillé par ses enseignants, il bifurqua vers Sciences-Po où il fut admis avec de bonnes notes en histoire. Parallèlement, il s’inscrivit à la Sorbonne. “À Sciences-Po, j’ai apprécié l’ouverture sur l’histoire du monde contemporain grâce à des professeurs comme Jean-Pierre Azéma, Michel Winock, Francis Démier, Jean Garrigues dont j’ai été l’assistant de conf. en 2e année. La richesse de tous les cours, en histoire mais aussi en relations internationales, économie, droit public, m’a apporté une culture générale. À la fac, j’ai élargi ma vision historique, puisqu’on couvre l’histoire depuis l’Antiquité. Lors de mon DEA d’histoire économique avec Jacques Marseille sur les négociations commerciales du Kennedy Round, j’ai appris le métier d’historien en travaillant sur les sources, en l’occurrence les archives des ministères des affaires étrangères et de l’économie.” Diplômé de Sciences-Po en service public, Matthieu renonça à la recherche pour la fonction publique.
Quai d’Orsay, Aubervilliers, Montpellier : voyage vers les réalités du terrain
Jeune secrétaire des affaires étrangères, il entra au Quai d’Orsay en août 2002 pour travailler dans la diplomatie. Il y servit en tant que chargé de mission à la direction de la coopération européenne puis à la direction de la communication internationale, sous quatre ministres en six ans : Dominique de Villepin (plutôt “bien croqué” par Thierry Lhermitte dans le film de Bertrand Tavernier), Michel Barnier, Philippe Douste-Blazy, Bernard Kouchner. “De belles années” résume Matthieu, qui cherchait néanmoins à évoluer. Admissible à l’ENA. Admis à l’INET, l’Institut national des études territoriales, à Strasbourg, qui forme notamment les administrateurs territoriaux. Il y apprécia l’esprit de promo et la formation théorique et pratique lors de stages qui l’amenèrent au plus proche du territoire. En 2009, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, il devint directeur général adjoint des services à la culture et la vie locale. “J’ai beaucoup appris : le pilotage d’un projet d’action municipale, la relation avec les usagers, la démocratie locale, la vie associative, la démocratisation culturelle locale, la lutte contre les discriminations etc. Le ministère des affaires étrangères est un ministère régalien, prestigieux, mais dans une collectivité territoriale, on est davantage sur le terrain, en relation avec les gens et leurs préoccupations concrètes. On fait fonctionner les services publics de proximité au quotidien. C’est passionnant!”
Et quels services publics ! Directeur général adjoint des services en charge de l’éducation, de la culture, de la jeunesse, des sports et des loisirs au Département signifie gérer une direction de plus de mille agents qui couvre l’éducation (les collèges), la jeunesse, les sports et les loisirs (soutien au monde sportif, aux associations de jeunesse et d’éducation populaire, appui à l’office départemental des sports Hérault Sport), la culture (soutien aux acteurs culturels locaux, Domaine d’O, Domaine de Bayssan, Pierresvives où se trouvent notamment les archives départementales et la médiathèque départementale). Matthieu apprécie plus que tout l’aspect managérial de cette énorme direction, soit l’art de mettre en œuvre les projets et les orientations politiques en s’appuyant sur des équipes compétentes et motivées dans un contexte juridique et budgétaire contraint et mouvant.
Quelle que soit l’évolution des conseils départementaux et leurs compétences, notre brillant condisciple sait que la mobilité géographique fait partie du destin d’un administrateur territorial. Espérons que nous découvrirons davantage la riche personnalité de Matthieu avant de regretter qu’il ne reprenne le train, peut-être dans la nuit, vers d’autres territoires !
Par Françoise Bougenot
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