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Nous ne nous embrasserons plus comme avant

L'Association

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06.04.2020

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Et si vous choisissiez d'expérimenter une méthode innovante, de renforcer vos compétences transversales et d'améliorer votre intelligence cognitive ? Nous vous proposons ainsi de répondre à ces objectifs grâce à une " séance de co-développement ". 

Participez également à la conférence de Jean-Claude Legrand qui reviendra sur la gestion de cette période inédite de crise par le groupe l'Oréal lors d'un webinar " L'Oréal - Pas d'interruption d'activité, pas de reprise d'activité". 

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Nous ne nous embrasserons plus comme avant  

 

Confinement mondialisé. Une pandémie est une épreuve collective et individuelle. Au sens propre du mot - elle éprouve – et parfois exacerbe - les vertus personnelles et celles des nations. Au sens photographique : elle imprime dans nos mémoires : une génération aura son cortex marqué de cette expérience de 60 jours – 60 jours seulement ! – partagée par 4 milliards d’êtres humains. Il s’est avéré impossible de penser cet impensé, comparé tour à tour et aussi faussement à « la guerre », la crise de 29, l’expérience carcérale ou aux grandes épidémies d’autrefois. Cyrulnik et sa résilience, appelé à la rescousse, Camus cité ad nauseam.

 

C’est le premier événement mondial de l’Histoire humaine. Le virus s’est diffusé en quelques semaines. Et tous les continents se sont confinés et masqués en même temps. Au-delà des systèmes politiques, des cultures et des traditions spirituelles, l’humanité a choisi, à des degrés divers, d’abdiquer la liberté de tous - d’aller et venir, de voir enfants ou parents, de prier ensemble, d’enterrer ses proches, d’aller au spectacle - pour défendre des vies, celles des plus âgés et des plus vulnérables sanitairement. Difficile de dresser un palmarès entre populistes, autoritaires, pays civiques, etc. Une chose est sûre, les jeunes trentenaires, les millenials partout, se sont montrés les plus vigilants. Pour protéger leurs aînés ou parce que le principe de précaution circule aussi naturellement dans leur sang que la préoccupation de la défense de la planète ? 

 

Economie : redonner du sens aux chiffres. Notre vie quotidienne a été étourdie par les chiffres. Les victimes quotidiennes de la pandémie, égrenés avec solennité par les sommités médicales. Le pic d’audience historique des interventions télévisées du président. Les dégringolades de croissance. Les millions de chômeurs américains. Les milliards déversés par les états et les banques centrales telles des pelletées de charbon dans une locomotive poussive. Les montagnes de dettes qui s’accumulent. L’incertitude n’a pas retenu certains économistes de prévisions à la virgule près qu’il vaut mieux ne pas rappeler ! Les assureurs -ils y ont mis du leur ! – sont les boucs émissaires de la crise de 2020 comme les banques l’ont été en 2007-2008. Mais la vraie difficulté du monde d’après, ce sera de redonner un sens aux chiffres. 

 

Les trois « Télé » : télévision, télétravail, télémédecine. Télévision : le coronavirus l’a défragmentée malgré Netflix, elle est redevenue l’âtre du foyer moderne, autour des images du monde confiné, des chiffres du Professeur Salomon, des discours du Président et des instructions du Premier Ministre. Télétravail : au nom de la santé, le travail à distance a supplanté les « open space », aussi efficace pour gagner du mètre carré à tout prix. Le voilà paré de toutes les vertus et malheur à qui s’inquiète des pertes de productivité, le vilain mot. Et pourtant il va aussi falloir en reparler. On va s’apercevoir des dégâts causés sur l’esprit collectif, la créativité partagée et stimulée, tout ce qui fait de l’entreprise une communauté de travail : peut on disserter sur la « raison d’être » en écartant cette dimension ?  Télémédecine : elle a enfin pris son envol, y compris les consultations de psy ou les cours de yoga, ce sera aussi une source d’économie sur les budgets de santé.

 

L’espace public : polarisation, bons sentiments, rire et chansons. Polarisation : les boucles Whatsapp et les comptes Twitter ont chauffé et montré le goût sans fin des Français pour la dispute. Le gouvernement, Macron, le déclin de la France, les pros et anti-hydro chloroquine, les réformes du système de santé : que de débats répétitifs et sans fin. Après 50 jours du confinement il y en avait encore pour argumenter sur to be or not to be confiné. Bons sentiments : on applaudit les soignants, on s’émeut d’une biche au cœur de la ville, on veut augmenter les salaires des infirmières, on plaide pour une nouvelle croissance plus verte, plus inclusive. Toute personne active qui brave le blitz – épicier, éboueur, caissière – est érigée en héros du quotidien. Rires et chansons : les vidéogags transmis d’on ne sait plus où créent des références communes, des recettes de cuisine s’échangent et d’autres distractions moins avouables. Mais aussi plus profond, les chanteurs d’Opéra, les Rolling stones, Luchini, les visites de musées nous ont cultivés.

 

On ne s’embrassera plus comme avant. Les appartements et maisons ont été rangés, briqués, repeints, les bibliothèques rangées, les jardins binés, les confinés hors Paris n’auront jamais eu des maisons de vacances aussi prêtes pour l’été !  Le confinement a permis de faire le tri de relations trop superficielles Des affinités nouvelles se sont nouées autour d’angoisses et de passions partagées. et certaines n’en sortiront pas indemnes. Ce sont les relations humaines, sociales, familiales, amoureuses qui ont été mises à l’épreuve Après ces 60 jours, avec ou sans masque, les Français s’embrasseront moins…un pas de plus dans la mondialisation des pratiques !

 

Quelques mots du Covid :

Confinement (en Anglais « lockdown ») ; Autorisation dérogatoire de déplacement (version une heure, sport dans la journée ; version 1 km, sport soir ou matin ; version 100 km) ; Zoom ; Hydro chloroquine ; « Nous sommes en guerre » ; Télétravail (en anglais « remote ») ; Furloughing (en Français : « Mise en travail partiel »). Professeur Salomon. Professeur Raoult. Masque. Résilience. 

 

Olivier Jay (D 1979) Partner de Brunswick, ancien directeur de la rédaction du Journal du Dimanche et d’Enjeux Les Echos.

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