Back to news
Next article
Previous article

Rémi Larrousse, la grande illusion

L'Association

-

05.24.2016

Sorry, this content is not available in English
A 29 ans, Rémi Larrousse (promo 08) s’est imposé comme un grand nom de la magie, en alliant à l’illusionnisme et au mentalisme une réflexion sur le management en entreprise. Rencontre avec un artiste polyvalent qui a plus d’un tour dans son sac.

Dans le fond de sa sacoche en cuir, Rémi Larrousse transporte toujours un dé à jouer. Question d’habitude. Une fantaisie qui le ramène loin, à l’âge de ses huit ans, lorsqu’il fit connaissance avec la magie. Il évoque avec tendresse 1001 tours de magie, le premier livre de tours qu’il a eu dans les mains. Vingt ans plus tard, ce jeune prodige originaire des Pyrénées-Atlantiques est acclamé par la critique, compte près de 400 représentations du Script, son spectacle, et a créé Trickster, une société de conseil qui mêle mentalisme et prise de décision en entreprise.

Rémi Larrousse a fait du chemin depuis les modestes spectacles devant son premier public : sa famille. « Fais des études », l’encouragent les illusionnistes qu’il côtoie dans son adolescence, conscients qu’il lui sera difficile de vivre de sa passion. Une volonté qui le mène vers la capitale après le bac. « A Paris, il y a tous les théâtres », confie-t-il. Il est attiré par l’esprit Sciences Po, désireux de ne pas se spécialiser trop vite. Il y rencontre de bons amis, en particulier Benjamin Boudou (promo 08), qui coécrira son spectacle.

Mais c’est surtout son année à l’étranger, au Boston College en 2005, qui accélère sa vocation. Il y arrive en pleine mode du mentalisme aux Etats-Unis. Cette discipline consiste à deviner les pensées des gens. « On a beaucoup de temps en 3A, souligne Rémi, amusé. Certains font le plus de stages possibles, d’autres voyagent. » Lui en profite pour produire ses premiers spectacles de mentalisme lors de sessions « open-mic ». Une pratique qui lui donne un coup d’avance : quand il revient à Paris, ils ne sont alors que deux mentalistes en activité.

En master de communication, il suit un cours d’innovation en entreprise qui le pousse à décaler son point de vue. « On peut être hyper spécialisé dans un domaine. C’est le cas des ingénieurs, par exemple. A Sciences Po, nous avons la chance de faire des ponts entre les choses. » Aujourd’hui, beaucoup de mentalistes se produisent, mais rares sont ceux qui mettent leur talent au service d’une réalité pratique. Sept à huit fois par mois, Rémi Larrousse intervient en entreprise. Une bouffée d’oxygène et de légèreté, mais également une véritable valeur ajoutée pour celles-ci. Il combat les « pièges de la pensée », qui entravent l’innovation et la prise de décision : par exemple, le cadrage serré (qui empêche de bénéficier d’une vue d’ensemble sur un problème) ou les fausses corrélations. « L’innovation, c’est d’abord une question de perception », assure-t-il. Un de ses plus beaux souvenirs ? Un TEDx (conférence visant à diffuser une « idée originale ») à l’Olympia en 2012.

Cet ancrage dans la réalité n’enlève en rien l’amour des théâtres, qu’il cultive depuis ses premiers succès parisiens en 2010. Son spectacle, mêlant illusionnisme, mentalisme, mais aussi poésie et musique, séduit un public large par son originalité. Ses modèles sont James Thierrée ou Arturo Brachetti, pour leur capacité à mélanger les références culturelles. Il puise son inspiration dans le désir, la peur, les mystères du quotidien. Sa démarche est toujours la même : « donner du sens ». « Un spectacle, c’est un personnage, un propos. Ça n’est pas un enchaînement de tours. »

La frustration est particulièrement grande dans un domaine comme l’illusionnisme et le mentalisme, où il faut toujours quelqu’un avec soi pour répéter. Il faut s’entraîner – et « se tromper beaucoup ». Rémi Larrousse poursuit sa route, entre vie en entreprise et magie, fidèle au premier amour de ses huit ans. Animé par une curiosité sans faille, il invite à aller chercher ailleurs, à oser créer des liens. Et revient souvent profiter du calme à la bibliothèque de Sciences Po, un dé à jouer au fond de la sacoche.

Tristan Dubois, avec Claire Estagnasié (promo 14).

Like
172 Views Visits
Share it on

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

L'Association

Spring cleaning operation: update your contact information in the Sciences Po directory!

profile photo of a member

Alessandra Martinez

April 17

L'Association

« Tout pour être heureux ? » : un film qui bouscule les codes

JR

Julie Rousseau

April 11

L'Association

Les Sciences Po dans la Justice

profile photo of a member

Alessandra Martinez

March 21