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Trouver un éditeur sans passer par la poste

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Club Littérature

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03.21.2022

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[La photo en illustration de l'article est libre de droits sur Pixabay, https://pixabay.com/fr/photos/technologie-mains-accord-d-accord-4256272/]


Le club Littérature est avant tout un club de lecteurs, mais il n’y a aucune raison pour que ses 1800 membres se distinguent du reste de la population, dont la moitié écrirait ou aimerait écrire : bien au contraire !

Peut-être êtes-vous de ceux-là. Vous avez bouclé votre manuscrit, vous cherchez un éditeur.

Souvent, vous vous lancez dans des envois par la poste. C’est donc que vous pensez que l’édition fonctionne comme la pêche : l’éditeur, en embuscade derrière son service des manuscrits, attendrait tranquillement que votre manuscrit passe.

Ce n’est pas impossible : chaque année, sur mille manuscrits envoyés de la sorte, un est publié.

Mais si l’éditeur était plutôt chasseur ? Il chercherait les coins à manuscrits, et il viserait ce qui l’intéresse. Voire, il créerait des coins pour faire venir à lui des textes !

Alors faisons le tour de quelques-uns de ces coins. Pour cela, j’ai sollicité des Alumni et d’autres auteurs, qui les ont explorés avec succès : Claire Bauchart (M 2010, autrice aux Editions du Rocher et chez Dargaud), Sébastien Minaux (D CRH 1996, auteur chez Alcyone et Gallimard) et Jean-Baptiste Naudet (MR 2009, auteur chez Novice) ; Cathy Borie (autrice aux éditions de L’Echelle du Temps, de La Rémanence et d’Avallon), Patrice Quélard (auteur chez Plon), Marjorie Tixier (autrice chez Fleuve Éditions), Estelle Tolliac (autrice chez Les Nouveaux Auteurs). Je les remercie d’avoir répondu à mes sollicitations.

Et pour celles et ceux qui s’accrocheront dans la lecture : vous avez raison, car il y aura deux offres pour vous, pour lesquelles je remercie Édith & Nous et Librinova !

 

Déposez votre manuscrit dans un service des manuscrits dématérialisé et mutualisé.

Lorsqu’on envoie son manuscrit par la poste, il arrive dans un service des manuscrits. Mais à l’ère du numérique, il fallait bien s’attendre à ce que de plus en plus d’éditeurs acceptent les envois soit par la poste, soit par mail ou sur une interface numérique, et même, que certains franchissent le pas de ne demander que du numérique.

De là à la mutualisation des services des manuscrits devenus numériques, il n’y avait qu’un pas, franchi par Édith & Nous.

Pour les auteurs, tout devient plus simple. Leur manuscrit, déposé sous forme de fichier numérique, est consultable une bonne fois pour toutes par l’ensemble des éditeurs inscrits (qui représentent plus de 70 maisons). Ils payent un abonnement mensuel, ce qui est également bien moins coûteux, quand on pense au budget que représentent l’impression de manuscrits et leur envoi postal…

Pour les éditeurs, tout est également plus simple puisqu’ils peuvent faire des recherches dans cette base sur des critères personnalisés.

Jean-Baptiste Naudet (MR 2009) va justement sortir en mai un roman pour lequel il a signé avec la maison Novice grâce à Édith & Nous.


Quand j’ai publié mon premier roman, j’ai réalisé à quel point l’édition était un monde cruel. Les chiffres varient, mais il semble que seul 1 % des manuscrits soient publiés (ce qui ne veut pas dire qu’ils auront du succès : la moyenne d’un premier roman tourne aux alentours de 1 000 exemplaires vendus).

Pourquoi ces manuscrits ne sont-ils pas publiés ? Parce qu’ils sont jugés mauvais par les services de manuscrits. Pourtant, il y a beaucoup d’exemples d’auteurs devenus célèbres qui ont été très longtemps refusés par tous les éditeurs.

Si je recommande de vous adresser à Édith & Nous, c’est parce que beaucoup de manuscrits ne sont en vérité tout simplement pas lus, faute de temps et de personnel dans les maisons d’édition.

Mais si vous envoyez votre manuscrit à Édith & Nous, un professionnel (j’en ai rencontré) va examiner votre texte.

Et, s’il retient son attention, comme il connait mieux que vous le monde de l’édition, il va le recommander à des éditeurs à qui il pourrait plaire.

Bien sûr, il n’y a pas de garantie, mais c’est quand plus rapide, rationnel (et moins couteux) que d’imprimer, de relier des dizaines d’exemplaires de votre livre et l’envoyer un peu à l’aveuglette par la poste.


C’est évident : procéder ainsi est plus rationnel que les envois par la poste. Pourtant, une angoisse fréquente des auteurs est celle que le numérique augmente les risques de vol de manuscrit. Mais ce que le numérique peut créer, il peut aussi le protéger, et l’équipe d’Edith & Nous se montre rassurante sur ce point : ils proposent à tous leurs abonnés une sécurisation et une authentification de leur manuscrit, grâce à une sécurisation des travaux et manuscrits via la blockchain. Cette innovation protège automatiquement chaque manuscrit déposé et permet à chaque auteur inscrit sur le site d’apporter la preuve de l’existence de son œuvre à une date donnée.

Vous êtes tenté de suivre l’exemple de Jean-Baptiste ? Alors suivez ce lien pour profiter de l’offre « Premier mois offert » chez Édith & Nous (valable uniquement sur le Premium mensuel à 9,99€). Le code du coupon est HAPPYEDITH, valable jusqu’au 30 avril pour les cinquante premiers utilisateurs. 

Vous auriez bien raison d’être tenté, car cette manière de faire est sans doute l’avenir du service des manuscrits. Librinova propose d’ailleurs le même concept : il est depuis peu possible de lui confier son manuscrit sans l’auto-éditer, juste pour qu’il apparaisse sur la plateforme de mise en relation directe avec des éditeurs (qui représentent 120 maisons).

 

Passez par l’auto-édition.

Peut-être connaissez-vous l’auto-édition en tant que prestataire payant qui transforme votre manuscrit en livre commercialisé sur les plateformes en ligne, sous forme de livre numérique ou de livre papier (imprimé à la demande).

Peut-être la confondez-vous avec l’édition à compte d’auteur. C’est fréquent. Mais il y a une différence fondamentale : dans l’auto-édition, vous ne cédez aucun droit sur votre manuscrit, qui n’appartient qu’à vous. Il reste donc disponible pour un éventuel passage au compte d’éditeur.

Et ça ne s’arrête pas là.

Tout comme il existe de belles histoires d’auteurs dont le livre a été repéré par un éditeur grâce à l’envoi du manuscrit par la poste, il existe de belles histoires d’auteurs dont le livre a été repéré par un éditeur grâce au succès de sa version auto-éditée sur Amazon ou Kobo : notamment parce que le succès signifie l’apparition dans un « top 100 » des ventes, surveillé par les éditeurs. Vous connaissez leurs noms : hors de France, E. L. James (Cinquante nuances de Grey) ; en France, Agnès Martin-Lugand (Les gens heureux lisent et boivent du café), Amélie Antoine (Fidèle au poste)…

Mais, me direz-vous, il s’agit toujours de romans « de genre » : de la romance, de la littérature « feel-good » (qui s’est même popularisée grâce à l’auto-édition, justement), ou des thrillers.

Pourtant, il existe aussi des solutions d’auto-édition qui permettent à des livres relevant de la littérature générale de tirer leur épingle du jeu.

C’est ce qui est arrivé à Marjorie Tixier, passée par Librinova et aujourd’hui autrice à succès chez Fleuve Éditions. Elle est un cas d’école de parcours contemporain, arrivée à l’auto-édition puis à l’édition à l’issue d’étapes classiques.


Suite à l’écriture de chacun de mes trois premiers romans, je me suis tournée vers des maisons d’édition traditionnelles afin de leur soumettre mon manuscrit envoyé par la poste. Mes envois se sont souvent limités à une quinzaine d’éditeurs et j’ai parfois eu la chance de recevoir des lettres d’encouragements et même un appel téléphonique pour me donner confiance en mes textes et m’inciter à poursuivre.

Ce qui m’a permis d’avancer (dix ans après l’envoi de mes premiers manuscrits), c’est d’être lauréate d’un concours d’écriture en 2015 qui a apporté de la visibilité à mon troisième roman diffusé en livre numérique, mais n’est pas allé plus loin. Plus tard, en 2017, j’ai découvert la maison d’autoédition Librinova et je lui ai confié mon premier roman La Danse du feu qui a été immédiatement remarqué et mis en valeur par un coup de cœur de l’équipe. Dans la foulée, Librinova avait lancé un concours d’écriture sur le thème de la résilience auquel j’ai participé avec Un matin ordinaire.


Mais ce concours, contrairement aux autres dont nous parlions plus haut, n’avait pas pour débouché une publication dans une maison à compte d’éditeur. Son livre a alors rejoint les livres auto-édités chez Librinova.


À nouveau lauréate du prix, j’ai décidé d’autopublier ce roman en numérique et en papier afin de le faire connaître par mes réseaux sociaux, des salons locaux et des rencontres ponctuelles. J’avais envie de le faire vivre auprès des lecteurs tout en me donnant une chance d’attirer l’attention d’un éditeur. Dans le même temps, Librinova a mis en place une plateforme pour présenter ses titres aux maisons d’édition et mon roman a dépassé les 1000 ventes requises pour être représenté par Andrea Field, agente chez Librinova. Ces deux éléments ont permis à mon roman d’être repéré deux mois à peine après sa sortie par les éditions Fleuve. Après un travail éditorial, Un matin ordinaire est donc sorti en janvier 2020 suivi d’Un autre bleu que le tien, paru lors de la rentrée littéraire de 2021. Par ce choix, mes éditeurs, Émeline Colpart et Florian Lafani, ont inscrit mon travail en littérature générale et m’ont donné la chance d’évoluer dans un style qui m’inspire et correspond à ce que j’ai envie de partager.


Aujourd’hui, Marjorie Tixier est ce qu’on appelle une autrice hybride, qui continue de bénéficier des conseils de l’agent littéraire de Librinova, comme Cathy Borie, qui nous en parlera après.


Après plusieurs années de recherches, j’ai donc trouvé un équilibre avec Andrea Field et Librinova qui me représentent et me conseillent en tant qu’agent et l’équipe du Fleuve qui m’accompagne dans l’écriture de mon prochain roman à paraître en 2023 et travaille à faire connaître et à diffuser le plus largement possible mes romans.


Son parcours illustre tous les aspects du modèle de Librinova : son livre a bénéficié directement de la représentation par un agent littéraire grâce au franchissement du seuil des 1000 ventes, et simultanément, du repérage que les éditeurs font sur la plateforme. Il constitue un bel exemple de ce que l’auto-édition peut apporter à un auteur de littérature générale : un début de visibilité, qui contribue à attirer l’attention des éditeurs, doublé du rôle de l’agent littéraire.

Vous êtes intéressé ? Alors suivez ce lien pour profiter de l’offre de Librinova ; si vous renseignez le code SUIVIALUMNI au moment du paiement, vous bénéficierez de l’outil de suivi quotidien des ventes, offert pendant 6 mois (offre valable jusqu'au 31/08/2022) !

 

Participez à un appel à textes des Nouveaux Auteurs.

Et si vous adressiez votre manuscrit à un éditeur qui recherche justement un livre tel que celui que vous avez écrit ?

Pour cela, participez à des appels à textes ! Vous devriez systématiquement vérifier s’ils correspondent à ce que vous avez dans vos tiroirs.

Le plus évident est de penser à la maison des Nouveaux Auteurs, qui existe depuis 2007 et lance régulièrement des concours, sur toutes sortes de thèmes. Vous avez un manuscrit qui correspond ? Vous le déposez sur la plateforme dédiée ; il y est lu par un maximum de lecteurs rompus à cet exercice ; ces lecteurs argumentent, notent l’ensemble des manuscrits, et les mieux notés sont soumis à un jury final. Le lauréat est publié par la maison des Nouveaux Auteurs.

C’est par exemple comme ça que fonctionne le prix du roman de Femme Actuelle, ou encore celui de 20 minutes. La plupart du temps, le lauréat n’a pas écrit son livre dans les quelques mois impartis entre le lancement et la date limite : il avait un manuscrit dans son tiroir, qui correspondait au thème.

C’est ce qui est arrivé à Estelle Tolliac, qui a remporté la première édition du prix du roman 20 minutes, présidé par Maxime Chattam. Vous allez voir que le concours a fonctionné comme une opportunité fantastique, qu’elle a su saisir.


J’ai toujours écrit et su que je souhaitais écrire pour être lue. Pour moi, écrire un roman n’est pas la partie la plus ardue du travail. Certes, l’exercice demande une bonne dose d’opiniâtreté et de persévérance, mais globalement, j’ai bien surmonté ces obstacles-là car je savais qu’il ne dépendait que de ma détermination de les franchir.

Dans les années 2000, je venais de terminer l’écriture de mon très volumineux premier manuscrit, qui a depuis été publié en deux tomes, Noir de Lune  et Bleu de Lune, formant la duologie lauréate du prix du roman 20 minutes. J’ai passé une dizaine d’années à imprimer mes quelque neuf cents pages, les faire relier, les envoyer par la poste de manière très traditionnelle, et même prévoir une enveloppe de retour pré-affranchie pour récupérer l’exemplaire en cas de refus, et éviter ainsi sa mise au pilon. J’avais calculé que chaque envoi me coûtait dans les trente à quarante euros, et j’ai probablement envoyé mon manuscrit dans plusieurs dizaines de maisons d’éditions. Je vous laisse faire le calcul…

Quelques années ont ensuite passé, et lors d’une deuxième phase d’envoi de mon manuscrit, surprise ! Le monde de l’édition dans son ensemble avait évolué : il était désormais bien plus facile de faire parvenir son manuscrit par voix numérique ! Dans le secteur jeunesse notamment et dans la plupart des grandes maisons avaient été développées des plateformes permettant de déposer ou d’envoyer son travail. Le gain temporel et financier, mais aussi écologique était énorme. J’avais aussi appris à affiner davantage mes envois en fonction de la ligne éditoriale de chaque maison.

Et c’est ainsi qu’un beau jour de janvier 2020, alors que j’écumais le net à la recherche d’un éditeur potentiel, je suis tombée sur le site des Nouveaux Auteurs, le partenaire du journal 20 minutes, qui y organisait son tout premier concours sur le thème « L’avenir appartient à la jeunesse ». Ce thème s’accordait bien à la jeunesse et à la fougue de mes personnages. J’ai posté mon manuscrit en me disant, je m’en souviens très bien : « Bof, ils ne cherchent probablement pas de la fantasy mais quelque chose de plus généraliste, et mon roman est bien trop long, il ne passera jamais. »

Quatre mois plus tard, un mail sibyllin m’annonçait que j’étais dans les quatre finalistes que Maxime Chattam, le président du jury, aurait à lire durant le mois d’août pour les départager. Et encore deux mois plus tard, Jean-Laurent Poitevin, le directeur de la maison d’édition des Nouveaux Auteurs, prenait son téléphone pour m’annoncer que mon manuscrit remportait le prix : un contrat de publication assorti d’une importante campagne de promotion médiatique. C’était réellement le début de l’aventure !

 

Participez à un appel à textes ponctuel.

Ce fonctionnement sur lequel repose le modèle des Nouveaux Auteurs est aussi utilisé par beaucoup d’autres éditeurs, mais plus ponctuellement.

Et il n’y a pas que les petites maisons qui le font. Par exemple, en 2020, Plon a lancé le prix du roman de la gendarmerie. Patrice Quélard l’a gagné pour Place aux immortels, livre historique très documenté qui met en scène un gendarme pendant la grande guerre, publié en 2021. Comment a-t-il eu cette idée ?


C'est une amie autrice qui a partagé sur son mur Facebook l'appel à texte pour le prix du roman de la gendarmerie. Il était co-organisé par Plon, un grand nom de l'édition. Sous son post, de nombreux auteurs en herbe avaient fait des commentaires sans équivoque sur le délai imposé pour rendre sa copie, qui paraissait intenable si on n'avait pas déjà quelque chose d'écrit qui corresponde au sujet (2 mois et demi pour un roman). J'éprouvais les mêmes craintes qu'eux (et je n'avais rien d'écrit), mais ces commentaires ont contribué à me décider à me lancer, car j'ai pensé que si c'était difficile pour tout le monde, il y aurait peu de propositions, donc plus de chances de briller.


Patrice Quélard est donc à la fois l’exemple parfait de la possibilité de signer chez un grand nom de l’édition en passant par un concours, et un contre-exemple notable, puisqu’il a écrit son roman en très peu de temps, pour le prix. La plupart des auteurs qui ont cette démarche profitent du fait que le manuscrit qu’ils ont dans leur tiroir colle au sujet du concours.

Mais il était bien loin de partir de zéro : il avait déjà à son actif un roman très remarqué dont le cadre était la première guerre mondiale, publié dans une plus petite maison et repris en auto-édition, ainsi que de très nombreux autres projets. Aucun manuscrit qui corresponde à celui qui était demandé, mais… 


J'ai pris la décision en 24 heures parce que j'avais un solide début d'idée dans un tiroir depuis quelques années (mais qui tenait, à ce stade, sur une page A4 !), parce que c'était Plon, parce que c'était difficile pour tout le monde, et parce que je n'avais pas l'impression que ce prix faisait l'objet d'une grosse campagne de promotion – d'ailleurs, c'était la première édition. J'ai donc bénéficié d'une opportunité, et d'une sorte d'alignement des planètes, ce qui n'empêche pas que j'ai dû aller le chercher avec les dents car les délais étaient vraiment très serrés.


Et Patrice Quélard a eu bien raison, puisque son livre a gagné le prix. Après Place aux immortels, vient même de sortir la suite, Les incorrigibles !


Si j'ai un bon conseil à donner, c'est de rester en veille sur les réseaux sociaux et de nouer des contacts avec de nombreux autres auteurs (mais c'est de toute façon une tendance naturelle pour beaucoup), car ce genre d'opportunité est rare, mais elle arrive, et alors il ne faut pas rater le coche. J'encourage d'ailleurs les auteurs à tenter leur chance sur ce prix qui est encore jeune, qui ne reçoit pas encore des centaines et des centaines de propositions tous les ans, et qui a le mérite de fonctionner par appel à texte avec lecture anonymisée et non par sélection de livres déjà édités, comme la majorité des autres prix. C'est au moins l'assurance d'être lu par un jury, assurance que l'on n'a malheureusement pas quand on envoie un manuscrit à un éditeur par la voie classique.


On comprend facilement l’intérêt de ces appels à texte : il a pour les éditeurs le gros avantage de faire venir à eux des manuscrits qui respectent quelques premiers critères sur le thème et la forme, et de les faire lire et présélectionner avec le concours d’autres que leur service des manuscrits ! Rappelez-vous : chasseurs, pas pêcheurs ! Je vous invite donc à explorer régulièrement le web pour trouver les nouveautés, notamment en consultant le site Textes à la pelle ou en suivant le groupe Facebook du Coin des Appels à texte (qui a également un site).

Pensez notamment à Librinova, qui organise tous les ans plusieurs concours à thème, en partenariat avec une maison d’édition. En ce moment est en cours le Prix du roman Bien-être 2022, avec une publication aux éditions Jouvence et Pocket à la clé.

Ou encore, si vous voulez tenter votre chance sans thème précis, pensez au prix du roman non publié et au prix du polar non publié, organisés depuis peu par la maison Novice ; ou encore, au Prix Concours monBestSeller de l’Auteur Indépendant, organisé depuis 2016 sur la plateforme monbestseller.com, qui permet à un jury d’éditeurs de repérer leur prochain manuscrit.

 

Commencez par la non-fiction.

Encore une piste à ne pas négliger : celle qu’a suivie Claire Bauchart (M 2010). Elle sait de quoi elle parle : elle a beau être d’une promo récente, elle a déjà publié cinq livres, dont trois de fiction. Et deux de non-fiction, ce qui n’est pas hors-sujet dans cet article, mais bien au contraire, le point de départ, ainsi qu’elle nous l’a raconté.


« Passez me voir lundi au bureau. » Cette phrase, prononcée un jour de décembre 2013, résonne encore dans mes oreilles. À l’époque, j’ai 25 ans. Je suis journaliste pour la télévision et je viens de boucler un documentaire pour la chaîne TEVA sur celles qui aiment des hommes dangereux. Parmi les femmes que j’ai interviewées, figure Lilou, une sexagénaire peu ordinaire, à la gouaille et la joie communicatives. Elle semble avoir tout vécu, même l’impensable, l’inimaginable : un parcours en dehors des normes sociales admises, en cavale, sous une fausse identité. À mille lieues du mien, jeune professionnelle diplômée de Sciences Po. Une existence peu commune qui interroge et que je trouverais dommage de laisser sombrer dans l’oubli. Très vite, une fois le reportage ficelé, je propose à cette femme d’être sa plume pour mettre sa vie sur papier. Elle est partante. 

Après plusieurs heures d’interviews avec Lilou, je rédige un plan d’une quinzaine de pages, contenant le déroulé de chaque chapitre. Commence alors la quête d’un éditeur. N’ayant à l’époque aucun contact, j’opte pour une voie traditionnelle : l’envoi de mon projet par la poste. Sans surprise, les jours passent, et les réponses se font attendre. Certaines finissent par tomber, encourageantes, sans toutefois se concrétiser : programmes de parution déjà saturés, manque de notoriété de Lilou ou de moi-même… Les raisons fusent.

Au bout de quelques semaines, grande joie : un éditeur me reçoit dans ses locaux, m’assure qu’il me proposera un contrat… qui ne viendra jamais. Le temps file. Je commence à douter, à me dire qu’il vaudrait mieux passer à autre chose. Je décide d’activer une dernière piste : trois ans plus tôt, alors que je terminais mes études à Sciences Po, un enseignant de l’école de journalisme, professionnel de la radio, nous a laissé son portable. Lui-même est auteur. Je prends mon courage à deux mains, lui envoie un courriel. Il me rappelle, me questionne sur mon projet et me suggère d’écrire de sa part à son éditeur, Yves Michalon. Je m’empresse d’appliquer son conseil, poste mon dossier. Quelques jours passent et je reçois ce fameux appel me proposant un rendez-vous. Le livre sera en librairie sept mois plus tard… avec dans les remerciements une phrase pour cet enseignant qui aura largement contribué à faire évoluer les choses ! Depuis, après avoir échangé avec de nombreux auteurs notamment dans le cadre de salons du livre, j’ai pu constater qu’être recommandé par un écrivain « de la maison » reste souvent une bonne manière d’approcher un éditeur.

Cette première aventure incroyable eut pour conséquence de réveiller mon envie d’écrire et de me pousser à terminer un roman entamé deux ans plus tôt. Très vite, je constate des contrastes notables entre la publication d’un témoignage et celle d’une fiction : si l’envoi d’un dossier détaillé suffit pour décrocher un contrat dans le cadre d’un projet de non-fiction, la démarche diffère pour un roman. Les éditeurs attendent généralement de recevoir un texte intégral, a fortiori lorsque l’auteur débute. Par ailleurs, avoir sorti un premier livre en non-fiction n’est pas toujours un avantage : si certains considèrent cela comme la preuve que vous savez écrire, d’autres vous rangent immédiatement dans la case non-fiction, persuadés d’office que vous n’êtes pas capables d’en bouger. Ma recommandation : n’écouter personne et foncer !

Dans mon cas, j’ai publié deux romans aux éditions du Rocher après avoir envoyé les textes finalisés à une éditrice rencontrée quelques années plus tôt, lorsqu’elle travaillait aux éditions Michalon. Cela ne m’a pas dispensée pour autant de passer par la case du « comité de lecture » : un panel de lecteurs émettant un avis préalable à la publication d’un texte. 

Le 4 février 2022, est sorti mon dernier livre, Le Manuscrit MS620, au sein de la collection Filature(s) de Dargaud : un éditeur « polar », dont la ligne éditoriale répond parfaitement au contenu du texte. Ce dernier raconte l’histoire de trois femmes, vivant sur trois continents à trois époques différentes et amenées à se pencher un manuscrit résistant à toute tentative de traduction. Un passage de témoin à travers le temps, et le monde, de la Nouvelle-Calédonie à Washington DC et Singapour, afin qu’émerge la vérité. Avoir en tête l’adéquation entre son texte et la ligne éditoriale d’un éditeur reste indispensable lors de la phase de prospection : cela permet de cibler les envois et de ne pas s’épuiser à activer trop de pistes.

Écrire, un long chemin donc mais qui reste une aventure formidable, enivrante, permettant de distiller une bonne dose de fantaisie et de couleur dans sa vie !

Vous l’aurez compris : dans ce parcours, il n’y a pas de stratégie pour accéder à un éditeur de fiction. Pourtant, quand Claire a raconté son histoire lors d’un dîner littéraire du club, j’ai été frappée : nous sommes nombreux, parmi les Alumni, à avoir l’expérience de la publication de non-fiction, généralement en raison de nos activités professionnelles. Nous avons donc pu constater à quel point ces deux mondes fonctionnent avec des normes différentes ; et pourtant, l’exemple de Claire vient rappeler qu’il ne faut surtout pas négliger ce point de départ au moment de passer à la fiction. À méditer !

 

Passez par un agent littéraire.

Toutes les pistes que nous venons de passer en revue ont un point commun : il faut faire des démarches. Or, un écrivain a envie… d’écrire.

Aux États-Unis, ce ne sont pas des éditeurs qu’il faut convaincre, mais des agents littéraires, qui se chargent, eux, de convaincre leurs contacts et leur réseau dans le monde de l’édition.

Ce système est peu développé en France, mais il existe. J’ai sollicité Cathy Borie, qui peut témoigner du fait que son agent littéraire est son meilleur atout dans un monde où elle n’avait aucun réseau au départ, et où elle a maintenant publié plusieurs romans dans plusieurs maisons d’édition. L’un, Ana, est même actuellement proposé pour plusieurs prix littéraires importants (prix Orange du roman, prix de la maison de la presse, prix Marie-Claire).

Elle n’avait pas de réseau, ce qui signifie bien qu’elle ne connaissait ni éditeur, ni agent ; mais un concours lui a permis de rencontrer son agent, Andrea Field, chez Librinova.


En 2017, j’ai participé à un MOOC d’écriture créé et animé par un éditeur (David Meulemans, des Forges de Vulcain). Il proposait en fin de formation la participation à un concours (qui n’existe plus aujourd’hui), organisé par sa maison en collaboration avec la plateforme Librinova, dont j’avais vaguement entendu parler comme site d’auto-publication. Son premier prix donnait directement droit à l’aide de l’agent littéraire de Librinova. Une vraie chance pour quelqu’un comme moi qui n’avait aucun contact dans le milieu de l’édition ! L’agent m’a trouvé un éditeur rapidement : Carnets nord.

Cet éditeur a fait faillite en 2019, ce qui aurait pu me renvoyer à la case départ si j’avais été seule : les premiers mois dans une maison même établie depuis longtemps ne permettent pas de se faire une expérience et un réseau suffisants pour rebondir seule en cas de problème. Mais l’agent littéraire m’a défendue pour que je récupère mes droits dans de bonnes conditions et m'a soutenue quand j’ai cherché un nouvel éditeur pour mon manuscrit suivant.

Depuis, j’ai édité deux romans dans de nouvelles maisons (
La Rémanence et L’échelle du Temps, où j’ai retrouvé mon éditeur de Carnets nord), et mon tout premier roman édité va être repris dans une jeune maison innovante en avril, que je suis fière de rejoindre (Les éditions d’Avallon). A chaque étape de ce parcours, l’agent littéraire continue à me conseiller sur les choix que je fais, notamment en lisant mes contrats même si elle n’en est pas toujours partie prenante : je crois sincèrement que sa présence a énormément changé ma trajectoire d’auteure et que c’est une aide précieuse quand on entre dans le monde de l’édition, qui revêt encore pour moi bien des mystères !


Le parcours de Cathy Borie montre bien que trouver un éditeur pour un texte ne signifie pas nécessairement le trouver pour tout ce qu’on écrit. En revanche, une fois qu’on a un agent, on dispose d’un appui précieux pour évoluer sur le long terme.

 

Et malgré tout : ne négligez pas l’envoi de votre manuscrit par la poste…

Je le disais en ouverture de ce texte : moins d’un manuscrit sur mille sera édité de cette manière. Mais moins d’un sur mille, ce n’est pas zéro, donc cela arrive : la meilleure preuve, c’est qu’il y a un prix littéraire qui récompense une autrice ou un auteur à qui c’est arrivé !

Alors pourquoi pas vous ? Vous pourriez être le futur Sébastien Minaux (D CRH 1996), dont les recueils de poèmes ont trouvé leurs éditeurs de cette manière, que ce soit Alcyone ou Gallimard (sous le nom d’Alexis Bardini pour Une épiphanie) : je lui laisse donc le mot de la fin !


En 2017, au moment de chercher un éditeur pour mon premier recueil, j'ai commencé par essayer d'avoir une vision plus précise des lignes propres aux différentes maisons d'édition qui publient de la poésie. Elles sont très nombreuses : pour avoir une idée de la vitalité de cet univers, il suffit de se rendre par exemple au Marché de la poésie qui se tient chaque printemps sur la place Saint-Sulpice.

J'ai alors sélectionné une dizaine de maisons d'édition et procédé à un simple envoi postal, en accompagnant le recueil d'une courte lettre expliquant pourquoi j'avais la faiblesse de penser que ces textes pourraient correspondre à la sensibilité de l'éditrice ou l'éditeur.

C'est ainsi que j'ai publié chez Alcyone Le fruit des saisons. J'ai ensuite confié mon second recueil, Ombries, à cette même maison.

Mon dernier recueil a une histoire singulière. J'ai choisi de le signer d'un autre nom, Alexis Bardini, parce que les poèmes qui le constituent n'ont trouvé leur forme que dans une langue très différente de celle employée pour les précédents recueils. D'où la nécessité pour moi, alors, de chercher une autre maison d'édition. J'avais été très marqué par la lecture de deux recueils de Thierry Metz publiés chez l'Arpenteur. C'est pourquoi j'ai adressé, toujours par la poste, Une épiphanie à cette collection qui est éditée par Gallimard. Un peu plus de trois mois après l'envoi, mon téléphone a sonné : un éditeur de Gallimard souhaitait publier Une épiphanie dans la collection blanche.


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