En attendant de vous revoir lors d'un des spectacles que nous proposons, voici en attendant quelques belles pages de l'été ! 

Avant la rentrée officielle des spectacles vivants, où nous espérons vous retrouver, et pour terminer l'été lyrique, voici les versions numériques des spectacles présentés lors des festivals d’Aix et de Salzbourg de 2021 et encore visibles sur les écrans. 

Deux spectacles présentés à Salzbourg cette année l'avaient été pour la première fois l'an dernier pour le centenaire du festival.  Ils sont disponibles dans cette version de 2020: Elektra avec une distribution presque identique et une critique déjà dithyrambique et Cosi dans une version réduite de 50 mn, objet d'excellentes critiques.

Comme très souvent, les festivals offrent l’occasion de présenter des mises en scène décalées ou peu classiques, d’entendre des talents reconnus ou plus récents, de retrouver des œuvres connues ou d’en découvrir de nouvelles.  

C'est ce que nous trouvons dans la sélection ci-dessous avec quelques metteurs en scène renommés venus du monde du théâtre : Warlikowski, Castellucci, de Beer, Kosky, Stone ou plus spécialisé dans l'opéra, Loy, chacun apportant sa vision particulière des œuvres. 

Ces partis pris ont suscité des opinions assez fortes du public et des professionnels et des points de vue souvent intéressants.

Parmi les chanteurs, on peut particulièrement citer Julie Fuchs en Suzanne (Noces), Nina Stemme en Isolde (Tristan et Isolde), Magdalena Kožená en serveuse et la voix irréelle de Vilma Jää en Marketa (Innocence), Stéphane Degout en Ford (Falstaff), Michael Spyres en Don Ottavio (Don Giovanni), Ausrine Stundyte en Elektra et Asmik Grigorian en Chrysothemis (Elektra). Ce choix, très arbitraire, omet d'autres voix intéressantes dans Cosi (les trois françaises Elsa Dreisig, Marianne Crebassa et Lea Desandre) et Tristan (quasiment tout le plateau) notamment ou d'excellents acteurs comme Christopher Purves dans Falstaff.

Au-delà des classiques revisités avec des résultats variés dont les extraits de presse cités se font l'écho, une création a été unanimement saluée comme un chef d'œuvre: Innocence de Kaija Saariaho. 

Attention certains de ces spectacles se terminent mi-septembre.

Festival d’Aix 2021

Mozart : Les Noces de Figaro (photo en haut au centre)

Mise en scène de Lotte de Beer, dir Thomas Hengelbrock, 
avec Andrè Schuen (Figaro), Julie Fuchs (Suzanne), Gyula Orendt (Comte Almaviva), Jacquelyn Wagner (Comtesse Almaviva), Lea Desandre (Cherubin), Monica Bacelli (Marcellina), Maurizio Muraro (Dr Bartolo), Emiliano Gonzalez Toro (Don Basilio/ Don Curzio) 

Visible jusqu’au 08/07/2022
https://www.arte.tv/en/videos/103061-001-A/mozart-le-nozze-di-figaro/

Des Noces folles à lier, une mise en scène hilarante, excessif et foisonnant, foutraque et virtuose, quel sens du rythme et du plateau, une direction passionnante, Suzanne exceptionnelle (Christian Merlin, Le Figaro 2 juillet)

Entre farce et jubilation, geyser scénique, plateau vocal de haut vol, un parti résolument féministe (Marie-Aude Roux, Le Monde 1^er juillet)

Mise en scène décapante portée par une belle distribution vocale (Patrice Imbaud, Resmusica 14 juillet)

Des Noces à l’heure de #MeToo, tragi-comédie foldingue et foutraque, direction souple et alerte, plateau vocal de belle qualité, éblouissante Suzanne (Sophie Bourdais, Télérama 3 juillet)

Wagner : Tristan und Isolde (photo en bas à gauche)

Mise en scène de Simon Stone, dir. Simon Rattle 
avec Stuart Skelton (Tristan), Nina Stemme (Isolde), Jamie Barton (Brangäne), Josef Wagner (Kurwenal), Franz-Josef Selig (le roi Marc), Dominic Sedgwick (Melot), Linard Vrielink (berger et matelot), Ivan Thirion (le pilote) 

Visible jusqu’au 01/11/2021   
https://lascenenumerique.festival-aix.com/fr/video/tristan-et-isolde-de-richard-wagner 

La splendeur absolue de l’exécution musicale atteint des niveaux stratosphériques, les musiciens ont joué comme des dieux, baguette inspirée, direction fluide et transparente, quels chanteurs ! niveau que l’on n’a pas toujours à Bayreuth, compensant largement une production gadget qui vide l’œuvre de tout contenu autre qu’anecdotique. Un Tristan à écouter (Christian Merlin, Le Figaro 5 juillet)

Magistralement mené par Simon Rattle malgré une mise en scène hors sujet, ratage, passionnante profusion de sonorités, quelques-unes des plus belles voix wagnériennes du moment (Marie-Aude Roux, Le Monde 7 juillet)

Une interprétation magistrale mais un concept fuligineux, un plateau de rêve (Sophie Bourdais, Télérama 9 juillet)

Verdi : Falstaff  (photo en haut à gauche)

Mise en scène de Barrie Kosky, dir.Daniele Rustioni 

avec Christopher Purves (Falstaff), Stéphane Degout (Ford), Juan Francisco Gatell (Fenton), Carmen Giannattaso (Alice Ford), Daniela Barcellona (Mrs Quickly), Giulia Semenzato (Nannetta), Antoinette Dennefeld (Meg Page), Gregory Bonfatti (Dr Caius), Rodolphe Briand (Bardolfo), Antonio di Matteo (Pistola) 

Visible jusqu’au 15/09/2021   

https://lascenenumerique.festival-aix.com/fr/video/falstaff-de-giuseppe-verdi

Un Falstaff aux accents épicuriens mis en scène avec gourmandise, osmose euphorisante entre fosse et plateau, une direction musicale (qui) cisèle avec précision et passion (Sophie Bourdais, Télérama 3 juillet)

Un Falstaff à déguster, célébrant avec gourmandise et humour les plaisirs de la chère et de la chair, distribution aux petits oignons et direction affûtée, orchestre aérien (Philippe Venturini, Les Echos, 3 juillet)

L’épicurisme comme leçon d’humanité, fosse en ébullition, plateau sans maillon faible (Marie-Aude Roux, Le Monde 3 juillet)

Saariaho : Innocence (photo en bas à gauche)

Mise en scène de Simon Stone , dir Susanna Mälkki 
avec Magdalena Kožená (la serveuse), Sandrine Piau (la belle-mère), Tuomas Pursio (le beau-père), Markus Nykänen (le marié), Jukka Rasilainen (le prêtre), Lucy Shelton (le professeur), Vilma Jää (Marketa), Beate Mordal (Lilly), Julie Hega, Simon Kluth, Camilo Delgado et Marina Dumont (élèves) 

Visible jusqu’au 01/11/2021  
https://lascenenumerique.festival-aix.com/fr/video/innocence-de-kaija-saariaho

Critique unanime pour cet opéra, la direction d’orchestre, la mise en scène et les chanteurs ovationnés par le public : 

Un chef d’œuvre qui s’inscrit d’emblée dans l’histoire de l’opéra, partition où l’émotion vive le dispute à la rigueur dramaturgique, direction subjugante, le London Symphony Orchestra a fait entrer Innoccence au panthéon de l’art lyrique (Marie-Aude Roux, Le Monde 6 juillet)

L’événement majeur du festival 2021 Réussite absolue Un chef d’œuvre ! Une intrigue forte, un livret magistral, une tension continue, une musique captivante, des chanteurs qui forment une équipe de premier ordre, une nouvelle prouesse du LSO, baguette incroyablement dense et concentrée (Christian Merlin, Le Figaro 5 juillet)

Festival de Salzbourg 2021

Mozart: Don Giovanni 

Mise en scène Romeo Castellucci dir. Teodor Currentzis  

avec Davide Lucciano (Don Giovanni), Mika Kares (le Commandeur), Nadezhda Pavlova (Donna Anna), Michael Spyres (Don Ottavio), Federica Lombardi (Donna Elvira), Vito Priante (Leporello), David Steffens Masetto), Anna Lucia Richter (Zerlina) 

Visible jusqu’au 05/11/2021   

https://www.arte.tv/en/videos/104634-001-A/don-giovanni-by-wolfgang-amadeus-mozart/

Cette version longue, presque 4h, a suscité des critiques passionnées des deux bords tant sur la mise en scène que sur la direction d’orchestre :

Arrêts sur mirages, peine à convaincre titre Le Figaro du 9 août qui y voit sous la plume de Christian Merlin une musique surchargée d’effets avec des étirements des airs au-delà du raisonnable, une direction de l’effet gratuit, de sérieux problèmes de distribution, un traitement musical corrosif de la part d’un chef d’orchestre mégalomane dans une mise en scène qui ne s’intéresse ni à la narration ni à la psychologie mais crée une œuvre d’art dont l’univers poétique fait entrer l’opéra dans une autre dimension.

Le choc Currentzis et Romeo Castellucci construisent ensemble une lecture forte et exigeante du cœur du Don Giovanni, singulier et puissant les deux maîtres d’œuvre principaux (…) font naître cette réussite, une mise en scène créatrice, riche et maîtrisée, grâce à un chef qui va au fond des choses (Dominique Adrian, Resmusica)

Les opéras de 2020

Mozart: Cosi fan tutte 

Mise en scène Christof Loy dir Joanna Mallwitz 

avec Elsa Dreisig (Fiordiligi), Andrè Schuen (Guglielmo), Johannes Martin Kränzle (Don Alfonso), Marianne Crebassa (Dorabella), Bogdan Volkov (Ferrando) et Lea Desandre (Despina) 

Visible jusqu’au 19/09/2021 

https://www.arte.tv/en/videos/098629-001-A/mozart-s-cosi-fan-tutte/

Rien que du bonheur, une distribution jeune et belle (qui) sert l'ouvrage à merveille, réalisation pleinement aboutie, direction d'acteurs superlative, Wiener Philharmoniker dans leur élément (Yvan Beuvard, Forum Opera)

Une édition très habile, préservant cohérence et profondeur, une direction qui est un joyau de précision vif argent, un trio féminin de rêve, une mise en scène fine et vivante. (Christian Merlin, Le Figaro 7 août 2020)

Strauss : Elektra  (photo en haut à droite)

Mise en scène Krzysztof Warlikowski dir Franz Welser-Möst et l’orchestre philharmonique de Vienne 

avec Ausrine Stundyte (Elektra), Asmik Grigorian (Chrysothemis), Tanja Ariane Baumgartner (Clytemnestre), Michael Laurenz (Egiste), Derek Welton (Oreste) 

Visible jusqu’au 12/11/2021 

https://www.arte.tv/en/videos/098928-000-A/elektra/

Un Elektra tout en psychologie, un Wiener Philharmoniker scintillant, une direction modèle de transparence et de maîtrise, de tendresse et de sensualité, magistral (Christian Merlin, Le Figaro 7 août 2020)

Bonne rentrée, belles soirées et au plaisir de vous voir pour nos spectacles vivants (voir agenda)

Jean-François Bourdeaux