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Compte-rendu de la dégustation du 10 janvier 2019 - Vieux Bordeaux de la Rive Gauche

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Sciences Po Millésimes

Entités

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01.10.2019

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Compte-rendu de la dégustation « Vieux Bordeaux de la Rive Gauche »

Vintage & Cie
199, rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris
Jeudi 10 janvier 2019 à 20h00
 

 

La collection constituée par notre camarade Louis Duquesne au sein de Vintage & Cie constitue sans doute l’une des plus belles que l’on puisse trouver à Paris par la qualité et l’ancienneté des crus proposés. Et c’est avec un plaisir éloquent que nous nous sommes laissés guider sous les voûtes de la cave pour en découvrir les réserves, entre domaines mythiques et exceptionnelles raretés, culminant en un improbable Mouton-Rothschild 1865.

 

Rejoignant le caveau de dégustation, nous y avons trouvé notre sélection. Clôturant notre cycle aquitain 2018-2019, cinq grands crus de la rive gauche, remontant de 1999 à 1986, nous attendaient. Les bouteilles avaient environ 3 heures d’ouverture.

 

La dégustation commença en Margaux, avec le Château Giscours dans son millésime 1995. Issu exceptionnellement d’un élevage intégralement en fûts neufs (à l’occasion de la reprise du domaine), le vin a été patiné par les ans mais sur une base puissante, structurée. Le cabernet sauvignon, ici dominant (par opposition au merlot, traditionnellement plus présent en Margaux), renforce cet aspect charpenté. La robe est d’un rubis foncé, limpide. Au nez, puis en bouche, on goûte des impressions de vieux bois, de racines mais pas d’humus – signe que le vin garde encore, à presque 25 ans, un potentiel d’évolution. Plus avant dans la soirée, la bouche avait néanmoins nettement évolué vers plus de douceur.

 

Le Château Cos d’Estournel, en Saint-Estèphe et en 1999, offre un profil comparable mais poussé dans ses retranchements. La robe est profonde, trouble ; le nez animal. En bouche, la structure et la charpente sont encore plus marquées. Au point que, à près de 20 ans, le vin conserve de la fraîcheur, presque un côté vert, appelant beaucoup plus de garde. Le signe d’une grande bouteille dans la longue tradition de la rive gauche. Regoûté en fin de soirée, ce vin a également évolué vers plus de suavité ; mais sur des arômes de cuir.

 

Le contraste avec le Château Beychevelle, un Saint-Julien proposé ici en 1994, est frappant. Nous dégustons maintenant un vin dégageant une impression de maturité. La robe est d’un foncé tuilé, le nez soyeux, et la bouche propose en douceur un fruit ample (fraise confite), avec de la réglisse et quelques pointes de menthe. On garde ainsi une sensation de fraîcheur, mais sur un vin arrivé manifestement à son sommet, en plein équilibre, à déguster sans attendre.

 

Nous passons ensuite en Pauillac, en 1990, avec le Château Pontet-Canet. Ce vin est, lui aussi, arrivé à maturité. Dans la continuité du Beychevelle que nous venons de déguster, nous trouvons une robe profonde et sans trouble, un nez tout en douceur et une bouche fondue. La fraise, ici encore, apporte gourmandise et fraîcheur, avec ampleur et sans trace d’âpreté. Tanins et fruits se sont parfaitement mêlés. C’est l’aboutissement d’un grand millésime sur un grand domaine.

 

Pour clore la soirée nous dégustons le Château Ducru-Beaucaillou, un Saint-Julien, sur le millésime 1986. A plus de 30 ans, la bouteille est entrée dans une autre sphère, ou un début d’oxydation vient réveiller les arômes de maturité. La robe est trouble tout en restant rubis, le nez puissant voire pétillant. La bouche est mûre mais a adjoint de l’acidité : la fraise, toujours, mais associée à une cerise vive (Montmorency). Nous terminons ainsi sur la pleine expression d’un vin vieux sans être passé. L’occasion de méditer sur l’avenir de cette rive gauche, qui a de plus en plus de mal à tenir les degrés alcooliques (aucune bouteille dégustée ce soir-là ne dépassait 13°), et que la pression du marché pousse vers des vins buvables plus rapidement. En nous demandant si cette dégustation n’a pas été l’une des dernières occasions de profiter de grands représentants d’un style, d’une époque, d’une certaine tradition.

 

 

Les vins dégustés

 

Margaux, Château Giscours, 1995

Saint-Estèphe, Château Cos d’Estournel, 1999

Saint-Julien, Château Beychevelle, 1994

Pauillac, Château Pontet-Canet, 1990

Saint-Julien, Château Ducru-Beaucaillou, 1986

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