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Compte-rendu de la dégustation du 29 janvier 2016 - Domaine Larcis Ducasse

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Sciences Po Millésimes

Entités

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01.29.2016

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Larcis Ducasse


Caves Legrand 
1 rue de la Banque - 75002 Paris
Vendredi 29 janvier 2016 à 20h00

  

Sciences-Po Millésimes a retrouvé avec beaucoup de plaisir, ce mois de janvier, le terroir bordelais. Il y avait pour cela trois bonnes raisons. La première tient au fait que les vins de Bordeaux demeurent, même en ces temps où les regards se tournent plus vers l’est de la France, une référence à laquelle il faut revenir régulièrement. Comme un étalon par rapport auquel on goûte pleinement toute la richesse des autres appellations. La deuxième est qu’après un éloignement de trois ans, ces retrouvailles s’apparentaient à une redécouverte, comme celle d’un ami d’enfance avec lequel on renoue contact. Enfin et surtout, pour troisième raison, le plaisir de trouver sur notre chemin un nom et des hommes qui comptent à Saint-Emilion : Larcis Ducasse, un premier grand cru (depuis 2012) porté par le travail et la passion de Jacques-Olivier Gratiot (propriétaire), Nicolas Thienpont (gérant) et David Suire (directeur technique).

 

Propriété familiale depuis 1893, Larcis Ducasse en est à sa quatrième génération. Onze hectares en pente, offrant un riche dégradé d’expositions et de sols, plantés essentiellement en merlot (80 %), et en cabernet franc (20 %). Une somptueuse verticale nous en a fait découvrir toute la beauté.

 

La promenade commence par le Murmure. Une cuvée qui tient plus de la variation que de ce qu’on appelle communément un « second vin », à tel point qu’elle a ses propres adeptes. Il recueille des grappes de toutes les parcelles, sans règle préétablie quant à la proportion des cépages. Le seul critère tient à la densité des grains, la recherche étant ici celle d’un vin plus tendre, aérien, évocateur des parfums du domaine. Le 2012 dégusté nous en fournit l’illustration, avec sa fraîcheur mâtinée de mûres et de myrtilles.

 

La confrontation avec la cuvée « classique », sur le même millésime, témoigne de la différence d’approche. On entre alors dans un esprit terrien « racinaire », où le boisé s’exprime avec quelques pointes d’amande et des touches de cassis.

 

La suite est un voyage dans le temps, où l’on vit la différence des millésimes et l’importance de la garde.

 

2010 d’abord. Un nez, aguicheur. De la tension, avec des pointes de framboise en début de maturité. Un vin de longue garde, fruit d’une année chaude et sèche, qui a permis la concentration des sucres mais aussi des acides. Ces derniers vont très progressivement s’assagir et l’on sait déjà qu’il s’agit d’un grand vin.

 

2009 ensuite, son « concurrent » direct. Année chaude également mais plus arrosée. Moins vif, il séduit au contraire par son côté posé, rond, comme on passe de la framboise à la fraise. Un vin de longue garde aussi (on parle d’une réincarnation du 1959, que nous avons eu la chance de goûter dans un autre lieu et qui est effectivement exceptionnel), mais qui part de l’opposé de 2010.

 

2006 maintenant. Un millésime particulièrement intéressant car le vin se trouve aujourd’hui, à presque 10 ans d’âge, à la charnière entre le fruit des jeunes années et l’expression du terroir, de l’humus, qui caractérise les vieux vins. On goûte à pleine bouche ce basculement entre le gourmand et le profond, dans un vin qui va continuer à vivre car il garde des réserves d’acidité.

 

1989 et 1988 enfin, dégustés en magnums. Ces millésimes ne sont pas l’œuvre de Nicolas Thienpont et de David Suire, arrivés en 2002, mais on y voit la continuité de l’esprit Larcis Ducasse. De nez proches, feutrés, ils offrent en bouche la variation entre une année solaire (1989) et un l’expression d’un grand classique du goût bordelais (1988). Entre une vivacité qui veut en remontrer aux plus jeunes, mais avec sagesse, et le plein terroir qui ne s’occupe plus de frivolités. La mûre encore, mais à pleine maturité.

 

Au dîner, s'ajoutant à certains des millésimes que nous avions déjà appréciés pendant la dégustation, nous sommes allés à la rencontre de deux autres années, 2005 (100/100 Parker) et 2008.

 

Le premier, très séducteur, riche, soyeux mais sans être lyonnais, a une matière très présente et gourmande, un équilibre confit/frais et des arômes de griottes et fruits rouges. Rien à envier décidément aux prestigieux voisins de Pavie et Tertre-Roteboeuf, chacun dans un registre différent, comme si Larcis Ducasse les réunissait par le goût en bouche et la continuité en côte. Un 2005 idéal avec une viande rouge grillée – un pavé de rumsteak - et sa garniture de pommes de terre rissolées et de pleurottes.

 

Le second, dans l'ordre mais pas dans l'intérêt qu'il a suscité ce soir-là, affichant de belles promesses de lendemains qui feront chanter les palais. Un millésime 2008 qui restera définitivement, à nos yeux, l'une des grandes réussites de la Rive Droite. Un vin surprenant par sa densité, ses saveurs épicées, des tanins toujours présents qui s'ouvrent magiquement dans le verre et nous font apprécier la patience investie pour l'avoir attendu. Une élégance racée qui ne se laisserait pas facilement découvrir, à l'âge de la maturité ou peut-être plus encore dans les années qui la précèdent. Bienvenu pour accompagner un civet, un confit de canard ou une souris d'agneau rôtie, puisque tous les goûts sont dans cette belle nature de Saint-Emilion.

 

Les vins de ce domaine, noble et ancestral, se sont ainsi révélés et accomplis jusqu'en fin de journée, dans chaque bouteille, grande ou petite, de 1988 à 2012, et dans chaque verre, nous invitant à délier les langues au point de rendre loquaces les plus discrets d'entre nous, qui avaient pourtant sagement commencé leur dégustation par un simple Murmure… 

 

Ainsi, après avoir connu tant d'émotions en cette belle soirée d'hiver, il était temps désormais de fermer les yeux, s'endormir lentement sous le ciel étoilé de… Ducasse et rêver enfin de la grandeur de Larcis !

 

 

Les vins

 

A la dégustation

Murmure 2012

Larcis Ducasse 2012

Larcis Ducasse 2010

Larcis Ducasse 2009

Larcis Ducasse 2006

Larcis Ducasse 1989 (en magnum)

Larcis Ducasse 1988 (en magnum)

 

Au dîner avec Jacques-Olivier Gratiot, Nicolas Thienpont et David Suire

Larcis Ducasse 2005

Larcis Ducasse 2008


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