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[Club Littérature] Service de presse entre Alumni #11 : Les quatre jardins, de Jean-Baptiste Poulle

Chroniques littéraires

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01.15.2024

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Style recherché, érudition classique et humour : Sylvaine Boussuard-Le Cren nous explique pourquoi elle a aimé Les quatre jardins de Jean-Baptiste Poulle, paru le 8 novembre 2023 aux éditions Macenta.


Le livre


L’auteur


Crédits : éditions Macenta


Né en 1979, Jean-Baptiste Poulle, titulaire d’un DEA d’histoire du droit et diplômé de Sciences-Po Paris (2002) est avocat au Barreau de Paris et enseigne à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’Université Paris II Panthéon-Assas. Les quatre jardins est son premier roman.

Présentation du roman par l’éditeur

Avec son écriture soignée et son style enlevé, Jean-Baptiste Poulle nous entraîne, dès les premières pages de ce roman, dans une quête où le narrateur cherche une réponse aux derniers mots d’un vieillard argentin qui lui a offert son exemplaire de L’Aleph de Borges : Tout se répète, même à la fin, c’est une loi implacable !

Le protagoniste pense trouver le sens de cet adage en ouvrant un cabinet d’investigation pour résoudre des cold cases, vieux parfois de plusieurs siècles. Ce faisant, il nous invite à le suivre dans ses enquêtes menées de châteaux en villages, d’églises en jardins, de la France rurale à l’Italie de la Renaissance. Mais, quelle que soit l’intrigue à résoudre, le narrateur tisse toujours un lien entre la situation et les nouvelles de L’Aleph avant de comprendre in fine qu’il lui revient, à lui et à lui seul, de lever le mystère de cette déclaration implacable.

La personnalité attachante du narrateur se dévoile au fil de rencontres improbables, parfois inquiétantes et bizarres, souvent décrites avec humour et …  d’une étrangeté toute « borgésienne » !


Un extrait choisi par Sylvaine : l’incipit

La dédicace indiquait « Au temps qu'il nous reste » sur la page de garde. L'écriture était ancienne. J'étais retourné à pied à Puerto Madero pour commencer la lecture du recueil qu'il m'avait offert : L'Aleph de Borges.
J'avais suivi les rires des mouettes dont la pointe des ailes scintillait comme des fanions dorés. Je m'étais assis sur le premier banc décrépi, face au Rio de la Plata. L'avais-je déjà vu en rêves ? Les aplats d'argent dans l'horizon étaient la promesse du calme retrouvé.
En caressant la couverture abîmée, je me disais que l'histoire de la vie d'un livre valait bien celle d'un homme. Ou était-ce idiot de faire ce genre de rapprochement ? En tout cas, je tenais ce que ce vieillard avait peut-être de plus précieux. Je ne savais pas grand-chose de lui. On m'avait dit qu'il avait été avocat, puis juge, assez réputé apparemment. Il avait écrit quelques ouvrages de référence aujourd'hui tombés dans l'oubli.
L’avis de Sylvaine


Une intrigue originale

L’histoire débute à Buenos Aires où le narrateur, jeune maître de conférences de trente-trois ans, dont le nom n’est jamais donné et dont il ne sera révélé qu’à la fin qu’il porte le prénom d’un prophète, est venu assurer un cours sur « le droit à l’oubli » après avoir échoué à l’agrégation d’histoire du droit.

Manifestement déprimé par cet échec et la rupture avec sa compagne qui lui reproche « un problème d’ancrage dans le réel », il décide de renoncer à une carrière universitaire pour ouvrir un cabinet de détective privé d’un genre inédit consistant à résoudre des mystères anciens (incendie, décès étranges, jardins perdus…).

Un humour qui m’a conquise

Pour des raisons personnelles, j’ai trouvé amusant l’avis du narrateur sur l’agrégation et l’emplacement des bureaux au sein des universités, ses commentaires ne manquant pas d’humour (moi qui suis avocate, je recommande tout particulièrement, page 29, la description de « l’avocate de la rive droite »).

Je l'avais rencontrée dans un centre de conférence lors d'une formation à la Défense destinée aux professionnels de l'immobilier. Elle incarnait l'idée que je me faisais de l'avocate de la rive droite : trench Burberry, grand sac en cuir fauve, cheveux tirés vers l'arrière, parure de créateur à la mode aux poignets, avec un regard mi-prétentieux mi-compatissant, et un rythme de phrases légèrement saccadées, parsemées, le plus souvent à mauvais escient, de ses mots favoris : « absolument » et « assurément ».

Une lecture qui ne nécessite pas de connaître Borges, grâce à un style très agréable

Ce court roman (140 pages) au sujet original est d’une lecture très agréable due au style de l’auteur qui allie parfaitement des phrases courtes à un vocabulaire recherché.

J’ai également apprécié le parcours nonchalant du héros à travers différentes régions de France et d’Europe et les descriptions poétiques des lieux traversés.

N’ayant lu aucun ouvrage de Jorge Luis Borges, je suis passée à côté des références récurrentes à son œuvre, en particulier L’Aleph, sans pour autant que cela ait gêné ma lecture. Je suppose que les admirateurs de Borges y trouveront des correspondances qui leur plairont.

Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni

Vous aimerez le style recherché et l’érudition classique de l’auteur, l’invitation au voyage dans des lieux de cultures très variées (Buenos Aires, la Toscane, Grenade par exemple) et des endroits romantiques : châteaux, abbayes et bien entendu, les fameux jardins évoqués dans le titre !

Quant à l’évocation de l’œuvre de Borges, elle ravira ceux qui l’ont lu.

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