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Services de presse entre Alumni #25 : Big Machiavel, d'Henri Vernet

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Club Littérature

03.11.2025

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« Ramener en surface les inquiétudes de notre époque », tout en reconnaissant que « Toutes les questions soulevées dans cet ouvrage sont au cœur de la formation de notre communauté de Scienpistes », sans oublier de vous défier de retrouver « des personnages à clef qui exerceront votre mémoire politique »  : Chantal Forestier (promo 1978) nous explique pourquoi elle a aimé Big Machiavel d'Henri Vernet (promo 1983), paru en mars 2025 chez Buchet-Chastel.


Le livre


L’auteur

Henri Vernet sur le site des éditions Buchet-Chastel. Crédits : Olivier Arandel.


Henri Vernet est rédacteur en chef adjoint au Parisien, spécialiste de politique, d’International et de défense. Auteur de plusieurs essais politiques, il a déjà publié un premier roman-réalité, Article 36, JC Lattès (Coup d’État en Livre de Poche), et Radicalisation au cœur des services publics, JC Lattès.


Présentation du livre par la maison d'édition

Et si les grands cabinets de conseil en avaient assez de l’incompétence des politiques et prenaient le pouvoir ? Paris. Un génie de l’IA est retrouvé noyé dans les catacombes. Rome. Une consultante du gouvernement italien bascule dans la paranoïa, persuadée d’être espionnée. En France, Quentin Marchal, jeune espoir d’un cabinet de conseil, participe en secret à la campagne de la future présidente de la République. Les trois experts travaillent pour O’Kelney, le géant mondial du conseil. Surnommée la Firme, cette société rassemble « les meilleurs et les plus intelligents ». Manipulations, complots, assassinats, pouvoir… Quand le monde des multinationales du conseil devient plus dangereux pour la démocratie que celui des mafias.


L'avis de Chantal

Un thriller, un bon polar ?  Indéniablement ! 

Vous pouvez croquer à pleine dent et sans retenue dans cette enquête policière : vous y trouverez du joli crime bien réfléchi.  L’écriture y est directe, légère, fluide ; l’intrigue en est bien construite et l’angoisse assurée dès le premier chapitre.

Un récit sans policier évidemment - puisque le bon crime exige de leurrer la Police et que le quidam doit se charger du travail en lieu et place de celle-ci.  

C’est un je-ne-sais-quoi d’amicale estime pour un collègue comme le discret écho d’un ancien amour qui vont conduire ce « quidam » à croiser les faits et progressivement dissiper jusqu’au vertige les brumes entourant le confort de sa fonction de consultant.  


Un bon thriller, mais bien plus que ça : un état des lieux socio-politique à l’heure des algorithmes ! 

Car cette fiction s’applique tout autant à élucider les meurtres qu’à ramener en surface les inquiétudes de notre époque. C’est ce mélange de questionnement social et politique, tissé dans l’intrigue policière, qui fait le sel de cet ouvrage.

Le désarroi démocratique, l’affaissement des classes politiques, la gestion de la complexité, notre assujettissement aux data, les formes nouvelles de manipulation portées par les réseaux, le contrôle sociétal… toutes ces réalités émergentes traversent l’ouvrage.

La captation du pouvoir de l’État par des organisations privées, l’érosion des légitimités présidentielles, la remise en question de la compétence des élites, aucun de ces questionnements ne nous seront épargnés.  

En définitive, qui va décider du bien commun ? Un fou (non-consommateur de kétamine !) ou la Machine ?   

Somme toute, la fiction policière serait peut-être un prétexte, pris par l’auteur, pour transmettre ses inquiétudes, ses prémonitions, pour alerter sur les périls  qui menacent nos sociétés contemporaines.


Mais ne nous y trompons pas, c’est drôle, captivant et passionnant. 

La vivacité de l’intrigue policière, la variété des profils instillés dans l’histoire contrebalancent la gravité de l’arrière-champ socio-politique.

Par exemple, vous y trouverez - ou y retrouverez selon votre expérience - un rappel sur le motto du grand consulting « S’habiller comme le client » et ses codes vestimentaires : « Dans la banque, l’assurance, la Big Pharma, portez une cravate, Messieurs, et vous Mesdames, un tailleur strict. Dans les bureaux d’études de l’industrie et la Tech, un costume, chemise ouverte suffira. Dans les groupes de médias, la publicité, vous pouvez-vous décontracter, ils aiment jouer au concours du plus cool » et en coin de page vous rencontrerez le geek contestataire et le carton mentionnant « Cravate noire ».

Vous n’ignorerez plus rien des Catacombes de Paris, des colonnes de marbre et des fresques exubérantes du Palazzo Chigi, siège du Président du Conseil à Rome, et vous retrouverez le Versailles des grandes soirées privatisées. Pour ceux qui n’ont pas été conviés à Courchevel pour le séminaire Stratégie-Ski-Sauna, vous aurez votre session de rattrapage.  Pour tous, vous retrouverez cette familiarité parisienne avec le Cercle de l’Union Interallié, les studios TV de Saint-Denis, la Cité de l’Économie.

Pour ma part, j’ai un gros faible pour un des seconds rôles : Tonio, « le couteau-suisse » des campagnes électorales, « militant trotskiste dans sa jeunesse à la fac de droit de Nanterre, jamais le dernier pour faire le coup de poing contre les fachos du GUD » et qui « avait exercé des responsabilités à l’UNEF, le syndicat étudiant dans l’orbite du PS » .

Pour tous encore, des personnages à clef qui exerceront votre mémoire politique : quel responsable réel se cache derrière chaque personnage syndicalo-politique rencontré ?


Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni ? 

Pour se distraire bien sûr !

Mais plus certainement parce que toutes les questions soulevées dans cet ouvrage sont au cœur de la formation de notre communauté de Scienpistes : le bien commun, la liberté, la décision rationnelle, la démocratie, la place de l’État. Thèmes que l’actualité internationale nous montre malmenés au cœur même de notre Occident.

En cela, il y a du prémonitoire dans l’ouvrage.

Il y a aussi du vécu. Probablement du talent. Évidemment une part de Vérité.

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