Compte-rendu du dîner-dégustation "Paul Meunier-Centernach"

Restaurant La Poule au Pot
121 Rue de l'Université - 75007 Paris
 Jeudi 25 janvier 2018 à 20h00

Au cœur de l’hiver parisien, la rencontre avec Lucile et Paul Meunier a agi comme un rayon de soleil.

A la tête d’un domaine de 10 hectares dans la Vallée de l’Agly, le couple a entamé il y a moins de 5 ans une aventure vigneronne dont il nous a présenté avec un enthousiasme communicatif, sur un menu généreux et gourmand, les deux premiers millésimes. Le domaine repose sur des vignes très variées quant à leur âge, et les cépages rencontrés. Les vins sont le résultat d’un travail d’assemblage, repensé chaque année ; sur chaque millésime, une parcelle est retenue pour poursuivre son élevage à part, en fonction des qualités particulières qu’elle aura démontrées sur le millésime concerné. Quant aux rendements, ils sont extrêmement faibles : 15 à 20 hl à l’hectare, résultat d’un terroir à la très faible pluviométrie...

Pour la mise en bouche, le Côtes du Roussillon Villages 2014 est un vin surprenant et charmeur. Alliant notamment Carignan et Syrah, il présente une fraîcheur étonnante pour ces cépages et la région, en offrant des arômes de cerise Montmorency.

Sur la terrine de cochon, le Côtes catalanes « Petaillat » est la sélection parcellaire de 2015. Il s’agit d’un Grenache (avec un peu de Macabeu de Maury), et constitue l’exemple d’un vin discret au nez qui explose en bouche. Il y exprime dans un premier temps des senteurs d’amende, de petites herbes aromatiques et d’épices (garrigue). En s’ouvrant, il évolue vers plus de douceur et de fruité (fraise, vanille). Un vin complexe donc, évolutif, et qui justifie le travail de sélection effectué par Paul et Lucile.

Le repas se poursuit sur le veau braisé aux petits légumes, accompagné de deux crus.

A gauche du Côtes du Roussillon Villages 2015. L’identité du domaine, esquissée sur le 2014, continue de s’y construire, avec un gain marqué dans la richesse de la palette aromatique. Le nez d’abord, plus marqué, offre de la groseille et de l’acidité. La robe est presque noire, la matière présente. En bouche, le vin serait presque perlant (sans l’être), poivré, avec une pointe d’amertume puis de la fraise, de la cerise. Là encore, une belle réussite qui pousse à ouvrir les paris sur l’horizon de garde et l’évolution en bouteille.

A droite, en regard, la sélection parcellaire de 2014, le Côtes du Roussillon Villages « Couillades d'en Paillol ». Le cépage est ici un Carignan de Maury. On y retrouve le côté « garrigue » rencontrée sur le « Petaillat » de 2015, mais avec des pointes de piment d’espelette et, quand le vin s’ouvre, de la fraise et de la cerise.

Le Côtes du Roussillon Villages 2015, dans son pendant blanc, est proposé avec un Ossau Iraty fermier. Nous sommes ici sur un Macabeu, issu d’une parcelle située un peu en amont et en altitude par rapport au reste du domaine, et moins aride. Y poussent un peu de Grenache blanc et de Grenache gris. Le vin est en corps, rondeur et fraîcheur, sur les fruits blancs et les fruits à noyau. Un vin blanc posé et affirmé mais évitant l’ostentation. Le vieillissement est pratiqué partiellement en amphores.

Sur le moelleux au chocolat, le Maury 2015 constitue un point d’orgue. On connaît la puissance qu’est capable d’offrir le Maury, en particulier sur ce genre de dessert. Celui-ci réussit l’exploit d’être à la fois vineux et sur le fruit, comme un grain de cassis mûr qui s’ouvre sur la langue… Une bouteille à retenir pour les amateurs de vins mutés.

Les vins dégustés

En rouge

Côtes du Roussillon Villages, Domaine Paul Meunier-Centernach, 2014

Côtes catalanes, « Petaillat », Domaine Paul Meunier-Centernach, 2015

Côtes du Roussillon Villages, Domaine Paul Meunier-Centernach, 2015

Côtes du Roussillon Villages, « Couillades d'en Paillol », Domaine Paul Meunier-Centernach, 2014

Maury, Domaine Paul Meunier-Centernach, 2015

En blanc

Côte du Roussillon Villages, Domaine Paul Meunier-Centernach, 2015