Cher Papa Noël,
J’espère que tu vas bien et que la Covid n’est pas venue trop perturber tes préparatifs. Je t’envoie ma liste pour Noël. Tu vas me dire que c’est un peu tard. Mais je sais que tu utilises toi aussi le « click and collect » en Laponie… Donc, tu ne m’en voudras pas trop.
Pour ma liste, papa et maman m’ont conseillée de privilégier les cadeaux de première nécessité. Vu tout ce qu’on entend à la radio et à la télé, je pense qu’ils se sont un peu mélangé les pinceaux. Cela m’a, en tout cas, fait rire. Et cela fait du bien. Car, franchement, tu reconnaîtras que l’on vit une drôle d’époque.
Ces derniers mois, on a ainsi passé beaucoup de temps à s’interroger sur ce qui était essentiel ou pas, de première nécessité ou pas. On a même parlé de toi : on s’est demandé si tu étais vraiment nécessaire ! T’imagines ? Bon, heureusement, tu n’as plus besoin d’attestation pour survoler la France maintenant. Et tu vas pouvoir nous apporter les cadeaux comme prévu.
Mais plus j’y réfléchis, plus je me dis que les cadeaux, c’est bien ; mais le plus important dans tout cela – l’essentiel en somme – c’est la magie, la fameuse magie de Noël.
Car, au risque de me répéter, on vit vraiment une drôle d’époque. Une époque où l’on oppose les petits commerces aux grandes surfaces, Amazon au reste du monde, ceux qui vont au ski à ceux qui n’y vont jamais, une génération sacrifiée à une génération vulnérable, les télétravailleurs en col blanc aux ouvriers en col bleu, les restaurants au métro, les théâtres aux lieux de culte, la ville à la campagne, et bientôt la Corse à la métropole… Franchement, si tu pouvais apporter un peu de magie, de douceur et tes « Oh, oh, oh, oh… » avec ta grosse voix, je pense que cela ne nous ferait pas de mal.
Je t’entends déjà dire que tu n’as que deux bras et neuf rennes, que tu as pris du retard à cause du confinement et que tu es débordé. Ne t’inquiète pas : je vais t’aider ! Comme l’a écrit Alain dans ses Propos sur le bonheur, tu sais le livre que tu m’as apporté l’an passé, le bonheur dépend de ce que l’on fait, de notre capacité à agir et non pas de ce que l’on a. Bref, le bonheur est une façon de faire. Donc… agissons.
Voici ma liste de recommandations spécial Noël que je te charge d’ajouter à chacune de tes livraisons.
Tu ne t’étonneras pas ; je l’ai écrite comme si j’étais une grande personne : c’est pour faire plus sérieux.
- Prenez le temps de savourer les moments que vous allez passer en famille. Bien sûr, cette année sera un peu particulière. Mais ne vous interdisez pas de profiter parce que c’est une année un peu particulière.
- Prenons le temps de recharger les batteries en cette fin d’année 2020. L’effet des vacances estivales a été réduit à peau de chagrin à cause du deuxième confinement. On dort, on sort faire de grandes balades. On déconnecte pour mieux se reconnecter à la rentrée.
- On se délecte de ces p’tits bonheurs que l’on a tendance à oublier quand on est stressé ou fatigué. Vous vous rappelez du livre de Philppe Delerm La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules ? Ce sont cela ces p’tits bonheurs qu’il convient de pratiquer au quotidien. Bon, évitez la bière ; à terme, cela peut être dangereux ; mais profitez du chocolat chaud, des châtaignes grillées, d’un bon livre emmitouflé(e) dans un plaid.
- Ah oui, en parlant de livre, profitez de la trêve des confiseurs pour lire Eloge de l’optimisme de Philippe Gabilliet. L’optimisme se fait rare en ce moment mais le concept est tendance. Dans le même registre, vous pouvez lire aussi « Osez l’optimisme » de Catherine Testa. Ou abonnez-vous gratuitement à Bulletin, la newsletter des gens curieux et optimistes, celle qui vous permettra d’attaquer la semaine pied au plancher et le sourire aux lèvres (bulletin.fr).
- Assumez et visionnez les films qui vous font du bien même s’ils n’ont pas été primés à Cannes ou à Venise. Foncez sur les comédies romantiques, les films de Louis de Funès, les westerns ou les Walt Disney : c’est bon pour le moral.
- Riez beaucoup. D’après les professionnels de santé, rire 10 minutes par jour permettrait de se maintenir en bonne santé. Dans les faits, nous rions environ 60 secondes par jour… Alors, riez. Lisez une histoire drôle, regardez une vidéo d’Inès Reg, écoutez Les Grosses Têtes, que sais-je. Mais entretenez votre rire au quotidien.
- Bannissez tout sentiment de culpabilité et émancipez-vous du regard des autres. Soyez ce que vous êtes et riez… aux éclats. Comme dans le poème de Jacques Prévert magnifiquement chanté par Juliette Gréco qui dresse le portrait (un tantinet réducteur néanmoins) d’une femme qui s’assume et assume le regard des autres. Ne perdez plus de temps à anticiper sur ce que va penser untel ou à écouter cette petite voix intérieure moralisatrice…
Mangez un pain au chocolat à 11 heures, si ça vous chante ; rendez-vous à midi dans un karaoké si ça vous plaît. - Partagez vos petits bonheurs. Vous vous rappelez quand vous étiez plus jeunes, ces machines « tirettes » que l’on trouvait dans les fêtes foraines ou au coin des rues des grandes villes. 1 franc dans la machine et c’était le grand frisson. Qu’allait-on découvrir dans la petite boîte en carton ? Un sifflet en plastique, un yo-yo, une bague en toc, un mini parachute ? Qu’importe ! Ce qui reste aujourd’hui, c’est le message inscrit sur la petite boîte : plaisir d’offrir, joie de recevoir. Partagez vos petits bonheurs, soyez généreux dans vos petites attentions, vous n’en serez que plus heureux en retour.
Voilà, cher Papa Noël, ce que je souhaite pour Noël : ma famille, des rires, du Louis de Funès, des p’tits bonheurs, de l’optimisme, de la lecture,… Rien de très compliqué mais – tu l’auras compris - ô combien essentiel.
Prends bien soin de toi, de Mère Noël, des lutins et des rennes.
Je t’embrasse.
Christine Broudic ( 1994 )
Consultante en organisation
Précédemment rédactrice en chef de la République du Centre
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