Image dans l'illustration : photo de Andrew Neel sur Unsplash

Il est temps d’annoncer les résultats de l’édition 2024 du concours d’histoires courtes entre Alumni, sur le thème « Quand le monde ne répond plus » !

Les trois histoires primées :

• Un texte d’une minute, Le piaf, la Mort et Papa, de Cyril Garrech-Casanova (promo 2020).
• Un poème de trois minutes, Quand le monde ne répond plus, de Loqmane Jamil (promo 2013).
• Un texte de cinq minutes, Les yeux secs de madame Li, d’Anne Thevenin (promo 1990).

Toutes nos félicitations à la lauréate et aux lauréats, désignés par un jury qui a travaillé en deux temps, sur des textes anonymisés pour le choix final. Mention spéciale à Loqmane Jamil, lauréat pour la deuxième année consécutive, pour un poème de nouveau inspiré par Victor Hugo !

Dans les trois cas, le jury a apprécié la manière dont est interprété le thème : si le monde ne répond plus, c’est toujours à cause d’une mort, mais d’une manière très différente dans les trois textes – successivement allégorique, imaginaire, et réelle.

Les lauréats remportent une place gratuite à la garden-party du 14 juin, qui sera aux couleurs des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ce jour-là, vous pourrez découvrir leurs textes : un « diffuseur d’histoires courtes » sera placé au pied du grand escalier qui mène aux salons scientifiques de l’étage ; un photographe de Short Edition viendra vous prendre en photo en train de les imprimer.

Vous pourrez également les trouver de manière aléatoire, parmi les textes des étudiants, à l’adresse https://sciencespo.short-edition.com/. Si vous préférez en lire directement un en particulier... les liens directs sont ci-dessus, sur le titre de chaque texte.

Un petit rappel des modalités

Rappelez-vous. A partir du 1^er mars dernier, vous avez été invités à imaginer un texte sur cet hème : « Quand le monde ne répond plus ».

Le concours était ouvert dans trois catégories, définies selon le temps de lecture des textes : une, trois ou cinq minutes.

Le premier jury a sélectionné une partie des textes. Cette phase ne pouvait pas être anonyme, le simple fait d’aller télécharger les textes sur l’interface obligeant à voir le nom de l’auteur.

Le deuxième jury a élu les lauréats parmi les textes transmis par le premier. Cette phase a pu être anonyme, l’a été, ce qui nous a réservé la surprise de retrouver un des lauréats de l’an dernier, Loqmane Jamil. Cela dit, le jury a évidemment reconnu son style, « dont le talent littéraire et notamment d'expression dramatique rappellent ceux de son pendant de l'an dernier ».

Les textes reçus

Nous avons reçu des textes aussi différents que possible, dans des formes très diverses. Toujours sombres, thème oblige, mais sans que cela empêche l’humour. Le monde qui ne répond plus peut être le prétexte tout autant au pessimisme ou à l’expression de l’angoisse qu’à la renaissance. Les thématiques écologiques ont été largement représentées, mais aussi celui de l'angoisse ou même de la dépression.

La participation a été légèrement plus féminine. Les promotions qui se sont lancées sont principalement celles du XXIème siècle, même si toutes les décennies ont été représentées depuis les années 1960 !

Les lauréats et leurs textes

Quelques détails sur les trois textes retenus :

Dans la catégorie « 1 minute », le prix va à Le piaf, la Mort et Papa, de Cyril Garrech-Casanova (promo 2020).

Le monde ne répond plus ? Tout est dans le titre ! « Il s’passe quoi quand on meurt Papa ? », ajoute le narrateur... et n'en disons pas plus : le texte se lit en une minute, il ne faut pas que ce soit le cas de sa présentation !

Le jury a apprécié le sens de la construction de l’auteur, qui part d’une rencontre avec la mort que nous avons tous fait, enfant – celle d’un animal –, pour élargir sa réflexion à celle qui l’attendra un jour. Le rapport au père est esquissé d’une manière poignante. Il a fallu à l’auteur un remarquable sens de la synthèse et du maniement des analogies et des rapprochements pour faire tenir cela en moins de 30 lignes.

Nous avons posé trois questions à Cyril, sur son rapport à l'écriture.

Pourquoi avez-vous eu envie de participer au concours d’histoires courtes entre Alumni ?
 

J’avais déjà participé au premier concours d’écriture de nouvelles de Sciences Po en 2019 où j’avais fait partie d’un des heureux lauréats. J’avais envie de réitérer l’expérience en me lançant dans cet exercice qui impose un dynamisme tout au long du texte : en une minute, il faut relever le challenge d’apporter une histoire prenante et synthétique, tout en adoptant un rythme qui fait mouche !

J’ai le plaisir de voir un de mes textes intitulé « Les larmes d’Ali » publié dans le magazine littéraire belge Deus Ex Machina pour leur prochaine publication dont le thème est consacré au mot « glamour ». La nouvelle décrit l’histoire d’un mannequin prêt à tout pour réussir dans le milieu de la mode, jusqu’à en perdre son code moral et son intégrité physique.

J’ai fini mon premier projet roman qui a pris quelques années pour être finalisé. C’est une histoire forte et intime qui décrit le parcours d’un jeune garçon élevé dans une famille dysfonctionnelle, qui sera placé en foyer pour enfants et qui y rencontrera des personnages excentriques et attachants lui permettant de réussir à comprendre ce qu’il est et ce qu’il souhaite dans la vie. Mon rêve serait de pouvoir publier ce roman pour faire connaître les aventures courageuses et attendrissantes de ces personnages que j’ai pris tant de plaisir à écrire ! 

Dans la catégorie « 3 minutes », le prix va à Quand le monde ne répond plus, de Loqmane Jamil (promo 2013).

Le monde ne répond plus ? C’est celui de Victor Hugo, qui a cessé de répondre en septembre 1843 avec la mort accidentelle de sa fille Léopoldine. Quand le monde ne répond plus est un hommage explicite à À Villequier, publié dans Les contemplations.

Le jury a été une nouvelle fois impressionné par le talent littéraire de l’auteur pour se frotter au difficile exercice du poème en alexandrins et des références à Victor Hugo. Il a été particulièrement sensible à l’idée du poète qui se laisse submerger par la vie et n’écrit pas. Voilà une belle mise en abyme par la négative, puisque le résultat est un poème très réussi !

Nous avons posé nos trois questions à Loqmane sur son rapport à l'écriture.

Pourquoi avez-vous eu envie de participer au concours d’histoires courtes entre Alumni ?

Je ne participe pas aux concours d'écriture de manière générale mais en voyant celui de Sciences Po Alumni, je me suis dit « pourquoi pas ? ». C'était spontané, sans raison plus profonde (à moins que ce ne soit par nostalgie de l'école et de la Péniche !). 

J'écris régulièrement des poèmes. C'est ma forme d'expression favorite. J'ai aussi écrit un roman de fantasy jeune adulte mais qui est très mauvais et qui reste donc caché dans mes tiroirs.

J'aimerais publier un recueil de poésie un jour. C'est mon rêve ultime. J'ai aussi l'ambition, en 2024, de créer des pages sur différents réseaux sociaux afin d'y partager mes œuvres mais aussi celles des grands poètes français. Je pense qu'il faut re-découvrir ce patrimoine, et peut-être que les réseaux sociaux peuvent aider. La page s'appellera « Élégie », en référence à mes textes un peu mélancoliques et à mes initiales. Nous verrons si cela se concrétise ! 

Enfin, dans la catégorie « 5 minutes », le prix va à Les yeux secs de madame Li, d’Anne Thevenin (promo 1990).

Le monde ne répond plus ? C’est celui de Madame Li, qui a perdu son mari. Mais elle ne réagit pas comme on s’y attendrait… ou plutôt, il lui faut un concours inattendu pour exprimer son émotion. Pour savoir lequel, lisez le texte !

Le jury a été ému par cette histoire prenante, bien menée et expressive, où l'espoir et l'émotion s'entremêlent dans une progression parfaitement rythmée. Il a particulièrement aimé la manière dont le personnage de Madame Li, cuisinière généreuse, prend une étonnante épaisseur en moins de deux pages. Le jury a également souligné la double interprétation du thème du concours puisque pour Madame Li, exilée et déracinée, cela faisait longtemps que le monde ne répondait plus…

Nous avons posé nos trois questions à Anne sur son rapport à l'écriture.

Pourquoi avez-vous eu envie de participer au concours d’histoires courtes entre Alumni ?

Le thème proposé « Quand le monde ne répond plus » m’a beaucoup touchée, je l’ai trouvé excellent… Il m’a donné l’envie et le grand plaisir d’écrire l’histoire des yeux secs de madame Li et aussi l’espoir de la partager avec des Alumni et des étudiantes et étudiants de Sciences Po…

Avec Béatrice Compagnon, ma condisciple à Sciences Po, nous avons écrit des ouvrages de synthèse sur l’enseignement en France, et aussi quelques ouvrages pour la jeunesse…

Peut-être d’autres histoires courtes, je trouve que la forme « nouvelles » est un extraordinaire moyen d’expression.