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Services de presse entre Alumni #21 : Ressacs, d'Alexis Bardini

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Club Littérature

11.26.2024

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« Ces pages sensibles, lyriques, devraient emporter l’adhésion» : Pierre de Montalembert (promo 2006) nous explique pourquoi il a aimé Ressacs, le recueil de poésie d'Alexis Bardini, alias Sébastien Minaux (promo 1996), paru en novembre 2024 aux éditions Gallimard.


Le livre


L'auteur

Sébastien Minaux sur Babelio


Alexis Bardini, de son vrai nom Sébastien Minaux, est un écrivain français.

Né d’une mère italienne et d’un père français, il vit et travaille à La Rochelle.

Une année de lettres classiques dans une hypokhâgne l’amène à découvrir Sciences Po Paris, qu’il intègre l’année suivante. Après un an d’études et un mémoire universitaire de sciences politiques à Florence, il se dirige vers le journalisme (presse radiophonique et écrite) avant de choisir la voie de l’enseignement.

Il publie au début des années 2000 des nouvelles dans la revue « Brèves » et le recueil Regards obliques (éditions Le Bruit des autres) avant de mettre en sommeil son travail d’écriture.

Il revient en 2017 à son premier élan, la poésie. Son premier recueil, Fragments de nuit, est paru aux éditions Encres Vives au printemps 2017. Il est suivi de Le fruit des saisons (éditions Alcyone, 2017).

Après Ombries (éditions Alcyone, 2020), son troisième recueil, Sébastien Minaux récidive chez Gallimard avec Une épiphanie (2021), sous le pseudonyme d’Alexis Bardini, puis Le vent qui porte les pollens (2023) aux éditions de Corlevour.

Ses poèmes font régulièrement l’objet de publications en revues (Poésie/Première, Diérèse, A l’Index, N47, Coup de soleil, Littérales, Libelle, etc.).

Il collabore également à la Revue A et anime, auprès d’un public d’adolescents, un atelier de photographie argentique.

Il est membre du comité de lecture de la revue de poésie « la forge » (éditions de Corlevour).


Présentation du recueil par la maison d'édition

Ressacs : un dialogue entre un homme et son ombre. Les deux voix s’interrogent mutuellement, évoquent le passé, des souvenirs et la façon dont elles en ont été marquées ; elles s’effritent et se rapprochent pour enfin se rejoindre dans le présent.

Ressacs : ces allers-retours puissants entre un poète et un marin, la présence constante de la mer insondable…
Métaphore sur le questionnement identitaire mais aussi, comme par élargissement, évocation, en finesse, du rôle de la parole poétique et de sa valeur.


L'avis de Pierre

« Toutes choses sont muables et proches de l’incertain »

« Toutes choses sont muables et proches de l’incertain »

C’est par cette phrase de Pierre Michon, qui revient comme un leitmotiv dans son ouvrage Abbés, que s’ouvre le recueil d’Alexis Bardini. Nous voilà dès lors prévenus : il va être ici question de fugacité, d’attachement, de perte. De regrets et de remords aussi :

« Les petits crimes sans cadavre

Toutes ces amours non prononcées

Les gestes retenus

Et ceux

Qui auraient dû l’être »

 

Mer, mère, amer

« Ressacs », le mot renvoie au retour brutal des vagues sur elles-mêmes, lorsqu’elles ont frappé un obstacle.

Le titre comme la quatrième de couverture l’annoncent : il va être question d’allers-retours entre un poète et un marin, de « la présence constante de la mer insondable… ».

La langue française permet cette homonymie entre mer et mère, et le rapprochement s’impose, comme une évidence. Mais si l’une est partout, et bien matérielle, l’autre n’est plus présente qu’en esprit, dans les souvenirs, les pleurs aussi :

« Parfois quand on annonce un mort

Un parent un lointain

C’est elle qui s’échappe

Dans le torrent des pleurs

Et l’éboulis de leur visage

 

Alors les pères fuient

Car on ne pleure pas sa mère

Dans le trépas des autres »

 

La perte inconsolable

C’est un livre de deuil, et un livre qui se refuse à faire le deuil. C’est un dialogue où l’on s’exhorte, s’apostrophe, se rudoie aussi parfois, parce que certains souvenirs ne passent pas, sont toujours présents, vifs. A commencer par le souvenir des êtres qu’on a aimés et qui ont disparu, mais qui ne sont pas pour autant absents :

« De quoi est fait le sol

Que tu foules du pied ?

De quoi est fait le sol

Sur quoi tout est bâti

Si ce n’est de nos morts

Leurs amours et leurs peines ? »

 

Vers l’apaisement ?

Ces pages de deuil, de tristesse, se transforment peu à peu, par le pouvoir de la langue, qui sait ranimer les souvenirs, leur donner forme. L’on se rappelle alors la phrase de Pierre Michon et l’on se dit qu’il y a peut-être une exception à cette sorte de malédiction des choses « muables et proches de l’incertain ». Cette exception, ou ce remède, c’est la poésie, qui sait chanter, rendre hommage, mais aussi inscrire dans la durée, par le pouvoir des mots. Il suffit d’imaginer que c’est à la poésie elle-même que s’adressent ces lignes :

« Tu seras la vallée

Quand elle aura disparu

La vallée où la pluie

Tombe sans avoir mal

Et revient de l’oubli

Pour trouver une voix

Dans l’éclatement d’un bourgeon »

 

Comme en écho, la page suivante proclame :

« Je regarde le sol où déposer ma peine

 

Je vois enfin

La joie plurielle d’une fleur

 

Et le mot à nouveau est une chose simple »

 

Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni de Sciences Po 

La poésie a pu être décrite comme moribonde en France, cantonnée à un cercle toujours plus restreint de lecteurs et lectrices, et s’abîmant dans des jeux de langage ou des constructions intellectualistes froides. Ressacs montre avec talent qu’il n’en est rien : la poésie est bien vivante, elle peut toucher le cœur et l’esprit, émouvoir, faire réfléchir, emporter l’adhésion. Pour celles et ceux qui lisent et aiment la poésie contemporaine comme pour celles et ceux qui s’en méfient, ou se sentent perdus face à un continent inconnu, ces pages sensibles, lyriques, devraient emporter l’adhésion.

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