Connaissez-vous les services de presse entre Alumni ?
Voilà déjà deux ans que nous avons organisé les services de presse entre Alumni : avec quasiment un livre chroniqué par mois, nous avons fait de belles découvertes !
Vous aimez lire vous avez envie de tenter l’exercice de la chronique littéraire ? Parlons-en ! Ecrivez-nous à litteraire@sciencespo-alumni.fr
Vous êtes autrice ou auteur et vous avez envie que votre roman soit lu et peut-être chroniqué ? Lisez cet article, puis écrivez à la même adresse.
Vous êtes lectrice, vous êtes lecteur, et vous êtes curieux de ce que nos camarades publient ? Alors c’est parti pour un petit aperçu de l’extrême diversité de ce que nous avons reçu depuis septembre de cette année. Faites votre choix !
Ressacs, d'Alexis Bardini alias Sébastien Minaux (promo 1996)
4e de couv Ressacs : un dialogue entre un homme et son ombre. Les deux voix s’interrogent mutuellement, évoquent le passé, des souvenirs et la façon dont elles en ont été marquées ; elles s’effritent et se rapprochent pour enfin se rejoindre dans le présent. Ressacs : ces allers-retours puissants entre un poète et un marin, la présence constante de la mer insondable… Métaphore sur le questionnement identitaire mais aussi, comme par élargissement, évocation, en finesse, du rôle de la parole poétique et de sa valeur. |
L'avis de Pierre de Montalembert (promo 2006) ?
La poésie a pu être décrite comme moribonde en France, cantonnée à un cercle toujours plus restreint de lecteurs et lectrices, et s’abîmant dans des jeux de langage ou des constructions intellectualistes froides. Ressacs montre avec talent qu’il n’en est rien : la poésie est bien vivante, elle peut toucher le cœur et l’esprit, émouvoir, faire réfléchir, emporter l’adhésion. Pour celles et ceux qui lisent et aiment la poésie contemporaine comme pour celles et ceux qui s’en méfient, ou se sentent perdus face à un continent inconnu, ces pages sensibles, lyriques, devraient emporter l’adhésion.
Préfet - Des montagnes du Liban au service de la République, de Ziad Khoury
4e de couv En 1979, Ziad Khoury quitte le Liban, sa terre natale, fragilisé par une guerre engagée depuis quatre ans et s'exile en famille en France. |
L'avis de Nicole Klein (promo 1974) ?
Le chapitre qui clôt le livre, le plus personnel, m’a aussi paru le plus touchant. Zyad Khoury y raconte un « road trip » de plus de 6 000 kilomètres, en 13 jours, qu’il entreprend à la veille de ses 55 ans, Le guide des égarés de Jean d’Ormesson dans ses valises. De San Francisco au Golfe du Mexique en passant par la Vallée de la mort, Las Vegas, l’Arizona, l’ancien préfet connaît ces moments précieux et ces lieux magiques où l’on regarde derrière soi : « Mon parcours a une épaisseur sans tâche, ne doit rien à aucune servilité, à aucune concession dans la mission à accomplir… Je suis exemplaire dans mon engagement, perfectible dans ma sociabilité, mais jamais dans le manquement ». Vive la France et « À moi la vie ! »
Généalogie d'un coup de foudre, de Charles Morel
4e de couv Le quotidien d’un avocat pénaliste et des personnages qu’il défend, engagé totalement dans son métier, mais aussi dans la quête de sa vie, celle d’un amour passé. « Ce roman captivant raconte l’histoire de Julien, avocat en approche finale de la quarantaine, dont le couple se désagrège et que son travail expose à toutes sortes de menaces, prix de son courage et de son inconséquence. Au cœur de cette période sombre, Julien découvre par hasard, sur une boîte aux lettres, le nom de Charlotte, passionnément aimée vingt-cinq ans plus tôt. Cette vision agit comme une révélation : pour s’échapper du passé où le chagrin l’a cloîtré, s’autoriser à vivre pleinement et aimer sans crainte, Julien doit retrouver Charlotte, comprendre les raisons de sa disparition soudaine quelques jours à peine après l’aveu de la réciprocité de leurs sentiments, et obtenir son pardon. » |
L'avis de Sylvaine Boussuard - Le Cren (promo 1982) ?
En somme, Généalogie d’un coup de foudre est un roman qui s’adresse à celles et ceux qui aiment les explorations intérieures et les analyses subtiles de l’âme humaine. Charles Morel nous livre ici une œuvre dense et envoûtante qui, bien qu’exigeante, résonne profondément par son analyse poétique et nuancée de l’amour. C’est un livre qui laisse son empreinte, qui interroge, et qui pousse à réfléchir aux mystères des émotions humaines — notamment à cette étrange et incontrôlable force qu’est le coup de foudre.
Itinéraire d'une résistance singulière, de Bertrand de Lacombe
4e de couv « Je ne veux pas écrire ces choses à ma pauvre Élisabeth »« De mon grand-père, je n’ai hérité que des fragments de mémoire et les larmes de mon père lorsqu’il me les a présentés. Ce jour de mes seize ans, il faisait de moi le dépositaire d’une histoire familiale brutalement achevée le 12 avril 1945, dans un wagon de morts-vivants… » Il ne savait presque rien de son grand-père, mort en déportation à 33 ans. Pour combler ce vide douloureux, Bertrand de Lacombe, féru d’histoire, mène une enquête au terme de laquelle il retrace sa « drôle de guerre », sa capture, son évasion, son engagement dans la résistance militaire, son arrestation par la Gestapo sous les yeux de sa femme, sa déportation à Buchenwald puis dans l’enfer de Dora et sa fin tragique. Il découvre toute une famille française, la sienne, où se mêlent résistants gaullistes et non gaullistes, un chef de réseau britannique, un Juste parmi les nations et l’un des principaux dirigeants du régime de Vichy. Bertrand de Lacombe s’adresse à ce grand-père inconnu. Il lui demande de l’éclairer sur les événements de l’époque et ses ressentis avec une empathie affectueuse. Un récit où les destins familiaux croisés s’intègrent dans la grande Histoire et qui nous fait réfléchir sur ce qu’auraient pu être nos propres choix en cette période trouble. |
L'avis de Françoise Drouet (promo 1985) et Marceline Bodier (promo 1993) ?
Ce roman est différent, mais comme tous ceux que nous avons cités, il relève de la phrase d’Elie Wiesel, mise en exergue par Mohammed Aïssaoui dans L’étoile jaune et le croissant : « Qui écoute le témoin devient témoin à son tour ». Ce témoin, il n’a pas pu l’écouter directement, mais il s’est approprié son histoire pour imaginer qu’il l’aurait écouté afin de pouvoir à son tour « [essayer] de [...] raconter [ces choses], pour ne pas les oublier ni jamais les revivre ».
Le goût de la francophonie, recueil de textes choisis et présentés par Emmanuel Maury
4e de couv La Francophonie est à la fois une réalité et un projet politique. Depuis 1880 et la création du « concept » par Onésime Reclus (1837-1916), elle n’a jamais été autant d’actualité. Ici, nous entendrons les voix phares qui dessinent un monde linguistique sans frontière. Précurseurs ou contemporains, qu’ils soient de France, Québec, Haïti, Vietnam, Belgique, Suisse, Pologne, Uruguay, Maurice, Madagascar, Mali, Sénégal, Irlande, Roumanie, Martinique, Guadeloupe, Liban, Côte-d’Ivoire, Espagne, Algérie, Maroc ou Polynésie, tous ces écrivains ont délibérément choisi de s’exprimer en français par goût ou amour de cette langue, et font résonner la langue française une et multiple pour composer les plus belles pages de la littérature. |
L'avis de Pierre de Montalembert d'Esse (promo 2006) ?
Pour la joie de lire, relire ou découvrir une quarantaine de voix, allant de Joachim du Bellay à Natacha Appanah, en passant par Nguyen Van Xiem, Dany Laferrière, François Cheng, Flora Aurima-Devatine, Aimé Césaire, Ramuz, Assia Djebar, Beckett, Maryse Condé… mais aussi Casanova ! Et parce que, le recueil terminé, on n’a qu’une hâte : se rendre dans une librairie, riche de tous ces textes lus, et prolonger le plaisir de la lecture par, non plus des extraits, mais leurs œuvres.
J'ai pas les mots, de Laurent Seyer
4e de couv Jérémy est un jeune garçon de dix-sept ans atteint de handicap mental, il ne parle pas, n’a jamais parlé. Personne, pas plus les médecins que sa famille, ne sait ce qu’il est capable de comprendre. Pourtant, Jérémy pense, ressent, et se révolte contre cette prison intérieure, contre son corps qui n’obéit pas. Il aimerait partager ses joies (sa passion pour les films d’action), ses peines (sa petite sœur qui a honte de lui), ses grandes victoires (taper dans un ballon), son quotidien entre la maison et l’Institut Saint-Martin. Un jour, il découvre que sa sœur trafique quelque chose de pas net. Alors il n’a plus qu’un but, une obsession : avertir ses parents. Mais comment faire ? Dans ce roman, Laurent Seyer fait le délicat pari de nous donner à entendre la pensée sinueuse, parfois bancale, souvent poétique de Jérémy. Avec une infinie délicatesse, il évoque sans fausse pudeur la vie de ce garçon et de sa famille. On s’attache à ces parents parfois dépassés, à cette sœur adolescente un peu paumée, aux éducatrices dévouées. On s’attache surtout à Jérémy, à sa bouleversante vitalité. Et le monde, vu à travers ses yeux, nous ébranle. |
L'avis de Frédérique Trimouille (promo 1977) ?
Miroir grossissant des rapports humains, la rencontre avec le handicap n’y va pas par quatre chemins, elle va droit à l’essentiel, nous obligeant notamment à questionner le langage, à explorer le poids et le sens des mots. La littérature est le chemin par excellence pour approcher cette expérience humaine particulière, sans doute même le seul pour trouver le mot juste : c’est à ce titre que J’ai pas les mots est bouleversant.
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