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Raphaëlle Béguinel, Les pavés du pardon (août 2023)

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Club Littérature

30/08/2023

Alerte rentrée littéraire ! « C’est un livre sur l’identité, la place que chacun(e) a, croit avoir ou cherche à avoir, sur les espoirs et leur confrontation au réel »Pierre de Montalembert d'Esse nous explique pourquoi il faut lire Les pavés du pardon de Raphaëlle Beguinel, paru en août 2023 aux éditions Brandon par Brandon & Compagnie.


Le livre


L'autrice


Photo Babelio 


L’exploration des cités est au cœur des écrits de Raphaëlle Beguinel. Elle trouve l'inspiration dans les lieux qu’elle fréquente et qui l’ont marquée.

Autodidacte en écriture des années durant, elle remporte en 2018 le premier prix des Trophées Brandon, catégorie Roman, avec sa nouvelle Le ballon rouge.

Deux ans plus tard, elle contribue au recueil de nouvelles collectif Drôles de virus, publié en novembre 2020 aux éditions Brandon. Son premier roman Les pavés du pardon figure en 2023 au catalogue des éditions Brandon.

Diplômée de Sciences Po Paris et du CELSA, résidant à Bordeaux, Raphaëlle Béguinel est Directrice Contenus et Réseaux Sociaux tout en animant le site Je suis auteur et la newsletter éponyme où elle partage, à des milliers de pairs, conseils et bonnes pratiques pour écrivains en devenir.


Présentation du livre par l’éditeur 

À Gare-du-Nord, s'enchevêtrent pendant quatre mois les destins d'Alessio, immigré italien, de sa fille Cécilia et de Kosta, immigré bulgare.

Après une année à Paris, Kosta rentre à Sofia, laissant derrière lui ce séjour qui sonne comme un échec.

Des pavés du parvis de la gare du Nord aux pavés dorés des quartiers chics de Sofia, les chemins des uns et des autres résonnent en échos : on découvre les événements qui ont ponctué l'année de Kosta à Paris ; on apprend également les drames qu'Alessio, Cécilia et Kosta ont vécus bien avant de se connaître, les secrets qu'ils gardent enfouis et les blessures qui leur ont été infligées.


Incapable de traduire la rencontre, déserté qu'il était par les mots, Kosta s'est immobilisé face à elle, sans savoir s'il se rêvait proie ou prédateur, s'il donnerait de lui ou recevrait de celle dont il apprendrait plus tard qu'elle s'appelait Cécilia. On peut se tenir au bord de l'eau sans être conscient ni du bruit des vagues ni de la brûlure du sel sur la peau et, tout à coup, accéder à la conscience et sentir l'écume et l'alizé...


L’avis de Pierre

Histoires d’exil

Kosta, l’immigré qui, au début du roman, retourne à Sofia alors qu’il avait juré de ne plus jamais y revenir ; Madga, sa sœur, qui poursuit des études de médecine tout en rêvant de le rejoindre en France ; Alessio, l’ancien immigré sicilien qui s’imagine régner sur son domaine constitué d’un appartement et d’une brasserie, en patriarche seul décideur du bien et du mal, avant d’être confronté à la réalité ; Cécilia, sa fille, qui a tant de mal à s’insérer dans son histoire ; mais aussi les personnages secondaires, comme Pierre, ami d’Alessio et parrain de Cécilia, ou absents, comme Francesca, la mère mystérieusement disparue… Qu’ils viennent de Bulgarie, d’Espagne ou d’Italie, presque tous les personnages ont partie liée à l’exil. Exil géographique, exil intérieur, aussi, tant chacun a du mal à se sentir à sa place.

La gare du Nord, personnage à part entière

On marche beaucoup dans ce livre, en suivant les personnages. Certains lieux apportent un sentiment de sécurité, tandis que d’autres, comme Saint-Germain-des-Prés, sont hostiles. On parcourt Sofia et Paris, bien sûr, mais des quartiers chaque fois minutieusement décrits et circonscrits, au point qu’ils acquièrent une personnalité propre, et qu’ils sont presque des personnages à part entière.

C’est particulièrement vrai pour la gare du Nord, refuge, voire patrie, paradoxale puisqu’elle est aussi le lieu de tous les mouvements. Cette personnification est renforcée par des expressions comme « sa plus vieille amie » pour désigner la gare, « Cécilia s’était sentie soutenue par la gare ces dernières semaines », ou encore : « Gare-du-Nord n’avait pas tenu ses promesses ». Et, à force de suivre les personnages rue Cail, rue d’Hauteville ou encore rue Lafayette, on a envie, le livre à la main, de (re)découvrir ce quartier.

Le pardon impossible ?

Le pardon semble la chose du monde la plus compliquée, plus encore que les familles, pourtant souvent malmenées au cours du récit. Le pardon aux autres, pour leurs silences, leurs lâchetés, leurs mensonges, leurs insuffisances. Le pardon à soi-même, aussi.

En cela, le roman mérite bien son titre : le champ lexical du pardon doit être, avec celui des pavés, celui qui est le plus utilisé au cours du récit. Sans doute parce qu’il faut parcourir un grand chemin, au sens premier comme métaphorique, pour parvenir à comprendre, accepter, et peut-être, enfin, pardonner.


Pardonner, c’était l’absolution. Pour les prêtres, les bonnes sœurs, ceux qui détenaient le pouvoir de laver les fautes des autres : cela tombait directement du ciel. Pardonner, c’était l’absolution des choses du quotidien. Les petits riens, les drames que l’on amplifiait en les décortiquant, encore et encore. Tenus par l’obligation d’avancer, ensemble, malgré les accrochages, les uns et les autres se graciaient. Que faire alors lorsque l’offense était trop grande, qu’elle amenait la paralysie, la haine, l’envie d’effacer le responsable plutôt que la faute ? Et dont l’acquittement paraîtrait toujours prématuré. Pardonner, c’était l’absolution des choses du quotidien et la lente décantation des drames.

Les faiblesses des hommes

Taiseux, veules, violents, et tellement orgueilleux : les hommes ne sont pas à leur avantage dans ce roman. Ils s’imaginent que tout s’achète ou se vole. Ils croient masquer leurs insuffisances derrière leurs tatouages, leurs poings ou leurs silences, jusqu’à ce que la réalité les rattrape.

A rebours, les femmes se révèlent plus fortes, plus fiables, plus intelligentes. C’est par elles, surtout Cécilia, la fille en manque de mère, et Magda, la sœur dévouée, que les réponses arrivent, et que le salut se laisse entrevoir. Avec une part d’illusions en moins (« Désabusée ou devenue adulte – au fond, c’était la même chose »), mais aussi, alors, la force de créer autre chose.


Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni de Sciences Po

C’est un livre sur l’identité, la place que chacun(e) a, croit avoir ou cherche à avoir, sur les espoirs et leur confrontation au réel. Si Sciences Po veut aider à « comprendre son temps pour agir sur le monde », ce roman propose de débuter par se comprendre soi-même pour s’accepter, avec ses failles, et alors, qui sait, parvenir à se changer, et à changer les autres.

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