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[Club Littérature] Catherine Pasquet, Total Succès (octobre 2022)

Chroniques littéraires

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07/12/2022

« Un milieu à la fois étrange et intéressant », un roman « parfaitement architecturé », qui nous mène « jusqu’au "total succès" promis par le titre » : Sylvaine Boussuard - Le Cren nous explique pourquoi il faut lire Total succès de Catherine Pasquetparu en octobre 2022 chez Philippe Olivier Éditeur.


Le livre


L’autrice

Photo du site de la maison Philippe Olivier Éditeur


Née en 1956 à Agen, Catherine Pasquet est diplômée de Sciences Po Paris en 1978. Elle s’oriente alors vers le management des établissements de santé et entame un parcours dans divers hôpitaux du sud de la France, notamment en psychiatrie. À partir de 2018, à l’issue d’une carrière que l’on devine riche en expérience, elle découvre Marseille et s’y consacre à l’écriture.

« Total succès » est son premier roman, et elle en a parlé dès sa sortie sur BFM TV.


Présentation du livre par l’éditeur

Été 2018, Marseille. Delphine Malone, directrice d’une clinique psychiatrique, découvre l’identité de la nouvelle maitresse de son mari. Quelques semaines plus tard, un incendie se déclare dans la salle de sport de la clinique, le coach est brûlé. Le capitaine de police Volterra se voit confier l’enquête. Accident ? Incendie criminel ? Qui d’autre qu’un malade peut avoir mis le feu ? À travers les rues de Marseille, aux frontières de la folie, le cheminement inquiétant d’une femme trompée.


Des extraits choisis par Sylvaine

L'incipit :

« Floc ! »
Delphine Malone fait glisser vers elle son mobile aussi délicatement que possible, elle découvre le texto qu’elle vient de recevoir « Quand est-ce qu’on meurt ? ! :-) »
Elle est assise à côté du directeur général du Groupe qui suit avec une concentration édifiante la démonstration en novlangue du consultant.
Elle hausse les sourcils en signe d’impuissance à l’intention de son vis-à-vis, la réunion n’est pas censée être une partie de fous rires.

Elle regarde Adam droit dans les yeux. Il est certain qu’elle ne lui dissimule rien. Une rareté parmi les femmes qu’il côtoie sur cette enquête.

Baptisé BodySedan, c’est le fleuron de l’établissement, le résultat d’une mobilisation de ses professionnels autour d’une idée simple : mieux vaut soigner par le sport que par les médicaments. Organiser des activités sportives pour les malades, c’est valoriser l’effort, le collectif, la connaissance du corps, les initiatives, les rencontres. Delphine a accepté que ces objectifs soient confiés à une association qui agrège un maximum d’acteurs. La clinique Sedan possède les locaux et les équipements, salarie quelques infirmiers motivés et met le tout à la disposition de BodySedan qui gère le quotidien et… recrute les moniteurs sportifs.


L’avis de Sylvaine

Un point de départ autour du classique triangle femme-mari-maitresse...

Il s’agit d’un roman noir autour du classique triangle femme-mari-maitresse plutôt que d’un polar stricto sensu puisque, assez vite, l’autrice désigne l’incendiaire et nous dévoile ses motivations, auxquelles on peut ou non souscrire mais qui sont d’une logique froide et implacable.

Cette révélation ne nuit pas cependant à la poursuite de la lecture, le suspens étant conservé car le sujet principal du livre n’est pas de savoir qui a fait quoi, mais de savoir si le policier chargé de l’enquête, le charmant Capitaine Volterra, comprendra ou non ce qui s’est passé dans cette clinique où les patients sont plus ou moins gravement perturbés, tandis que sa directrice manipule allègrement et avec subtilité les différents protagonistes (son mari, son adjoint, quelques malades, des infirmiers, la haute direction du groupe dont fait partie la clinique et la police) afin qu’ils jouent parfaitement le rôle qu’elle leur a attribué, et ce jusqu’au « total succès » promis par le titre !

Les personnages principaux sont bien campés, s’agissant tant de leur personnalité que de leurs émotions et de leur vie passée ; l’autrice nous fait comprendre leurs motivations, leurs réactions et leurs agissements Cela nous les rend sympathiques, ou pas, mais qu’importe : ce n’est pas le propos de l’autrice qui, me semble-t-il, s’est plutôt attachée à décrire les causes et les rouages d’une vengeance.


... dans une atmosphère et un cadre qui renouvellent le sujet.

Une écriture de facture classique très abordable, des chapitres très courts (souvent trois ou quatre pages) comme des instantanés de vie, des dialogues percutants et de nombreuses ellipses et retours en arrière. Le tout est parfaitement architecturé et le lecteur n’est pas du tout perdu.

La ville de Marseille, sur laquelle l’autrice nous épargne les clichés habituels, sert d’écrin à cette sombre histoire au fil de ses différents quartiers qui ont chacun leur atmosphère (avoir sous la main un plan de la ville pour voir où se situent les différents épisodes de l’action serait un plus). Ce n’est pas le Marseille des touristes, mais celui des habitants qui y travaillent et en apprécient les bons aspects, loin des cités et des reportages à sensations.

Enfin, malgré certains aspects tragiques de l’intrique, ce roman ne manque ni d’ironie ni d’humour et l’on sourit souvent.


Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni

Il est original tant par son sujet (une vengeance alambiquée) que par la forme du récit, en chapitres courts, mais surtout par le cadre professionnel dans lequel le récit est déployé : une clinique psychiatrique privée, filiale d’un groupe qui en détient partout en France et qui doit répondre à des impératifs de gestion et de rentabilité, tout en se conformant aux normes administratives en matière de sécurité et de santé, toujours plus nombreuses et contraignantes. Ceux qui, comme l’autrice, connaissent parfaitement ce milieu professionnel, y reconnaitront sans doute des éléments familiers, tandis que les autres partiront à la découverte d’un milieu à la fois étrange et intéressant.

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