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Compte-rendu de la dégustation du 14 décembre 2021 - De Fleurie à Châteauneuf-du-Pape

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Sciences Po Millésimes

Entités

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14/12/2021

Compte-rendu de la dégustation  « De Fleurie à Châteauneuf-du-Pape »

Vintage & Cie
199, rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris
Mardi 14 décembre 2021 à 20h00
 

 

Renouant, après une trop longue interruption, le fil de ses activités, Sciences-Po Millésimes a repris le chemin de la cave de notre camarade Louis Duquesne, Vintage & Cie. Là où nous nous étions arrêtés, un soir de mars 2020, à la veille de l’annonce d’un certain confinement, pour une mémorable dégustation de blancs.

 

C’est en rouge qu’a été fixé le thème de cette nouvelle soirée, pour un voyage dans la vallée du Rhône, après un appui en Beaujolais.

 

Fleurie donc, pour commencer. Nous sommes chez un des noms bien connus des amateurs de gamay, Jean Foillard. Fidèle héritier des enseignements de Jules Chauvet et de Marcel Lapierre, Jean Foillard propose un vin de style assumé, « nature » - mais non déviant. Macération carbonique, grappes entières, 6 à 9 mois en fûts de chêne, pas de filtration : nous sommes en terrain connu sur la démarche. Le résultat est une illustration de ce que l’on peut faire en allant crânement chercher le fruit, sur une appellation où l’on est plus souvent dans la légèreté, le petit fruit. La robe, tout d’abord. Elle est dense, sombre. Le nez se fait presque animal. La bouche en pleine, la matière présente. Les arômes renvoient vers une cerise solaire, kirschée, mais aussi du cassis, de la violette. Une belle entrée en matière avant d’attaquer le Rhône.

 

En Saint-Joseph, un autre très grand nom, Jean-Louis Chave, produit sur sa petite parcelle du Clos Florentin un autre vin de forte expressivité. Nous sommes là non plus en gamay mais dans le domaine de la syrah. Le rouge est très dense, comme un sang foncé. Le nez et la bouche sont dans la puissance, charnus, mais pas dénués de fraîcheur. Les fruits noirs (mûre, cerise, sureau, prunes) cohabitent avec une dimension plus végétale (olive), et même minérale, terrienne, comme un sol mêlant argiles et cailloux. Après 3 ans, nous sommes encore dans la première phase de l’épanouissement et des promesses de cette bouteille rare et très recherchée, que l’on réservera volontiers à quelque civet de lièvre dans quelques années.

 

De l’autre côté du fleuve, l’Hermitage rouge est la bouteille emblématique de Jean-Louis Chave. Elle n’est pas sans rappeler, par sa couleur et sa densité aromatique, le travail mené à Saint-Joseph. La sensation au nez et en bouche ne conduit toutefois pas aujourd’hui aux mêmes sensations aromatiques. Le végétal y est plus marqué, et dominant, sur des notes puissantes mélangeant réglisse, amande, thé, menthol, du fumé et une très légère pointe de vanillé. Un peu de pruneau, peut-être. Là encore, le vin est taillé pour une sérieuse garde, de 15 à 20 ans voire plus, afin de prendre toute son ampleur et d’abandonner sa fougue pour un caractère plus posé, sans doute paradoxalement un peu plus fruité.

 

En Châteauneuf-du-Pape, le domaine de La Janasse propose un assemblage de tous les terroirs de cette appellation mosaïque, pour un encépagement très majoritairement de grenache, complété de syrah et d’un peu de mourvèdre. Nous faisant un bond dans le temps, jusqu’en 2010. Nous sommes cette fois face à un vin qui est entré dans sa phase de pleine maturité. Le nez est très gourmand, alliant cassis, framboise et figue. La bouche n’est pas en reste, avec de l’amertume et des épices : anis, poivre blanc… Entre fins de journées ensoleillées dans la garrigue, et l’évocation de voyages plus lointains autour de la Méditerranée.

 

Nous concluons avec un nouveau bond dans le temps, jusqu’en 2002. En Côte-Rôtie, la cuvée Côte Brune de chez Jamet est un incontournable, que nous dégustons ce soir au terme de son évolution. Le nez est très présent. C’est la syrah dans son apogée, animale, carnée, aux effluves de gibier et de cuir, de figue très mûre. La robe est plus claire, d’une couleur de brique et de terre rouge. La bouche a commencé à se replier. En contraste avec le nez, elle arrive sur ces touches acidulées de petit fruit rouge, de framboise, de groseille tamisée, de mentholé que l’on peut connaître notamment sur de très vieux Bordeaux. Non sans que la finale soit longue, toutefois, comme une invitation à garder de nombreuses années en mémoire cette nouvelle déambulation dans certains de nos plus beaux domaines viticoles.

 

 

Les vins dégustés

 

Fleurie, Jean Foillard, 2018

Saint-Joseph, Clos Florentin, Jean-Louis Chave, 2018

Hermitage, Jean-Louis Chave, 2017

Châteauneuf-du-Pape, La Janasse, 2010

Côte-Rôtie, Côte Brune, Jamet, 2002

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