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Compte-rendu de la dégustation du 17 octobre 2019 - Jacquesson

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Sciences Po Millésimes

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17/10/2019

Compte-rendu de la dégustation “Jacquesson”

Lavinia
3, boulevard de la Madeleine - 75002 Paris
Jeudi 17 octobre 2019 à 19h30
 

 

Dans le prolongement du débat-dégustation que nous avions organisé au printemps sur l’avenir du Champagne, l’ouverture de notre saison 2019-2020 a été l’occasion de nous intéresser au plus emblématique des vins pétillants et plus précisément, grâce à la complicité des cavistes de Lavinia, au travail accompli par la maison Jacquesson.

 

Résumer en quelques mots Jacquesson, c’est dire qu’elle fait partie des plus belles maisons familiales de toute l’appellation, avec lesquelles elle partage une part importante de raisins cultivés en propre (avec ici une prépondérance des chardonnays) et des terroirs en premier ou grand cru, le reste étant sourcé auprès de viticulteurs voisins et de confiance. C’est souligner en revanche le choix radical d’une gamme réduite à une cuvée unique, qui reflète l’intégralité des parcelles du domaine mais marque l’effet de son millésime de base, sans chercher à reproduire constamment un assemblage signature. Seuls font exception les dégorgements tardifs (qui ne sont d’ailleurs qu’un élevage prolongé de la Cuvée) et de rares millésimes parcellaires (les plus belles parcelles contribuent habituellement à la Cuvée, qui en est enrichie d’autant).

 

Avec neuf bouteilles proposées, la dégustation de ce mois d’octobre a offert un panoptique particulièrement éclairant de cette démarche.

 

La première confrontation est entre les Cuvées n° 741 et 742, qui ont respectivement pour base les années 2013 et 2014. Une entrée en matière qui illustre d’emblée l’effet du millésime de base, sur des cuvées jeunes. La 742, dernière en date au jour de la dégustation, est ample, généreuse, presque explosive, sur des saveurs allant de l’acidité des agrumes (citron, pamplemousse) à la fraîcheur aromatique des fleurs blanches. La 741 est plus en rondeur. De l’acidité, bien sûr, avec ces mêmes agrumes ; mais avec du fruit jaune, du fruit exotique, de la fraise et de la framboise, voire un peu de guimauve au fur et à mesure de l’ouverture dans le verre. Comme un sucre légèrement pétillant : vif, sans lourdeur ni agressivité.

 

Nous comparons ensuite la Cuvée n° 737, sur une base de 2009, dans son dégorgement d’origine et en dégorgement tardif. Environ 4 ans et demi après la récolte du millésime de base dans un cas ; le double dans l’autre. Un effet vieillissement plus marqué du premier côté ; une complexité renforcée du second. En dégorgement d’origine, le nez est d’abord discret ; puis il révèle des senteurs légèrement fumées, tourbées. La bouche offre du gras et de la matière. On retrouve les sensations de citron et de pamplemousse, qui servent de fil conducteur, avec ici une persistance particulièrement marquée. La sensation minérale, calcaire, est présente aussi. La bulle est très fine, puis évanescente ; une dégustation à l’aveugle finirait par laisser croire à un grand chardonnay tranquille. Lorsqu’on bascule sur le dégorgement tardif, on rejoint largement ces notes mais avec beaucoup de fraîcheur et de vivacité. L’agrume se ressent plus, toutefois, et on découvre des saveurs plus variées, partant sur l’amertume.

 

L’expérience se répète avec la Cuvée n° 736, sur une base de 2008. Le dégorgement d’origine décline cette fois un agrume de grande ampleur avec des sensations de pain beurré, puis de fruits rouges (framboise et fraise). Magnifique équilibre de matière et de fraîcheur, renforcé dans le dégorgement tardif par ce surcroît de nervosité et ces pointes d’amertumes rencontrées sur la 737.

 

Le point d’orgue de la dégustation est une horizontale de trois cuvées parcellaires dans le millésime 2008, dégorgées en avril 2018. Il s’agit d’apprécier, par rapport à la Cuvée n° 736, l’effet terroir.

 

Le Dizy – Corne Beautray est un chardonnay, en haut de coteau, dans la grande vallée de la Marne. Il a été mis en bouteille sans dosage (sans qu’il s’agisse d’un principe ; le choix se fait en fonction du vin). L’attaque est minérale, saline, iodée. Puis l’on retrouve l’agrume avec un pamplemousse rose, plus doux, associé à des sensations de poivre, de baies roses et de canneberge. Une très riche expression.

 

L’Avize – Champ Caïn est également un chardonnay, mais planté dans la Côte des Blancs, en bas de coteau, à fleur de craie, sur une exposition plein sud. Un vin d’ampleur, lumineux mais en douceur, entre cédrat, citron confit et beurré.

 

Enfin, l’Aÿ – Vauzelle Terme. Un pinot noir de la grande vallée de la Marne. Le nez est boisé, sur le fruit rouge, gourmand. La bouche entre agrume confit, fruits rouges (framboise, groseille, fraise) et là encore les baies roses. Un modèle d’équilibre entre fraîcheur, acidité, longueur et rondeur.

 

C’est sur ce triple feu d’artifice que se clôt le tour d’horizon.

 

Nous remercions chaleureusement nos amis de Lavinia, qui nous ont ouvert les portes de cette prestigieuse dégustation, ainsi que Jean-Hervé Chiquet, copropriétaire et chef de cave de Jacquesson, pour ses explications éclairantes sur le travail au domaine.

 

 

Les vins dégustés

 

Champagne, Cuvée n° 741, Jacquesson,

Champagne, Cuvée n° 742, Jacquesson

Champagne, Cuvée n° 737, Jacquesson

Champagne, Cuvée n° 737 DT, Jacquesson

Champagne, Cuvée n° 736, Jacquesson

Champagne, Cuvée n° 736 DT, Jacquesson

Champagne, Premier Cru Dizy – Corne Beautray, Jacquesson, 2008

Champagne, Grand Cru Avize – Champ Caïn, Jacquesson, 2008

Champagne, Grand Cru Aÿ – Vauzelle Terme, Jacquesson, 2008

 

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