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L'Opéra au salon : Il était une fois... au Met (Programme du 13 au 19 avril 2021)

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11/04/2021

Fées, sorcières, Prince Charmant, … : le conte est à l'honneur au Met ! 

Perrault, Grimm, Andersen, Gozzi  et des œuvres initiatiques tchèque, hongroise, russe et viennoise sont au programme de cette semaine fantastique. 

Une féérie pour les yeux et les oreilles !


Mardi 13 avril 2021
Massenet Cendrillon
Avec Joyce DiDonato (Cendrillon), Alice Coote (Prince Charmant), Kathleen Kim (la Fée), Stephanie Blythe (Madame de la Haltière) et Laurent Naouri (Pandolfe), sous la direction de Bertrand de Billy. Production de Laurent Pelly. Représentation du 28 avril 2018. Création en 1899.

Dans cette version, proche du conte de Perrault, Massenet met en valeur ses grandes qualités de mélodiste et d'orchestrateur et décrit avec une  belle palette musicale les différentes personnalités, chacune avec son style (Lully/ Rameau pour Mme de la Haltière, la marâtre ; Mendelssohn / Strauss pour la féérie; simplicité pour Pandolfe et Cendrillon; chromatisme influencé de Wagner pour la musique de l'amour).

La musique pleine d'humour de Massenet, bien servie par la direction d'orchestre et la mise en scène visuellement belle, remplie de gags et de références cinématographiques de Laurent Pelly offrent un écrin superbe à une distribution éblouissante jusqu'aux seconds rôles! 

Une magie vocale et visuelle !


Mercredi 14 avril 2021
Tchaikovsky Iolanta / Bartók Bluebeard’s Castle (le Château de Barbe-Bleue)
Avec Anna Netrebko (Iolanta) and Piotr Beczała (Vaudémont) dans Iolanta  (création en 1892) ; Nadja Michael (Judith) et Mikhail Petrenko (Barbe-Bleue) dans le Château de Barbe-Bleue  (création en 1918), sous la direction de Valery Gergiev. Production de Mariusz Treliński. Représentation du 14 février 2015.

Commandé pour être donné avec le ballet casse-Noisette, comme dans la mise en scène de Tcherniakov à Bastille en 2016,  le dernier opéra de Tchaïkovsky, en un acte, fait référence à des personnages et situations réels (Roi René, sa fille Yolande qui a épousé le comte  Vaudemont relations avec les émirats arabes, amour des fleurs) qu'il met dans un contexte de conte de fées mais sans l'habituel personnage-repoussoir.  Ce conte initiatique, passage de l'ombre à la lumière,  est évidemment, comme  la plupart des  contes, riche en significations cachées  que le livret et la musique restituent pleinement, notamment dans le superbe duo du 7ème tableau, sommet de l'œuvre.  

Iolanta, fille du roi René de Provence, est aveugle mais l'ignore, son père faisant tout pour qu'elle ne rencontre personne qui le lui apprenne.  La guérison est possible  si on lui dit qu'elle est aveugle et qu'elle ait la volonté de ne plus l'être.  L'arrivée par hasard du comte Vaudemont sera l'instrument de cette transformation.

Piotr Beczala se montre un Vaudemont idéal avec sa voix lyrique et claire en réponse à une Anna Netrebko qui donne une superbe interprétation pleine de couleurs et de nuances. 

Le Château de Barbe-Bleue en prolongement  est un choix rare qui répond à une vision psychologique forte du metteur en scène, autour d'une confrontation connaissance/ libération/ liberté  et ignorance/ cécité/ soumission, Iolanta et Judith représentant pour lui la même femme. Il l'illustre tant dans des décors sobres avec une utilisation importante et efficace de projections vidéo qu'avec des signes et symboles de continuité (arrivée de Judith les yeux bandés, fleurs, projection d'un œil, trophées de chasse, ...). Si Iolanta se libère pour entrer dans un monde de beauté, Judith à l'inverse selon Treliński quitte le confort de sa famille et de son fiancé pour se soumettre au criminel Barbe-Bleue isolé.

Musicalement, cet opéra ressemble à un "poème symphonique avec voix" avec une extraordinaire  imagination sonore qui en fait un des chefs d'œuvre lyriques du XXè siècle. 

Judith a quitté ses parents pour suivre Barbe-Bleue. Elle découvre  et ouvre successivement les sept portes mystérieuses de son château dont chacune a une couleur (musicale et visuelle) différente ...

La vidéo et la mise en scène inspirés par Hitchcock contribuent au caractère oppressant du conte  et de l'obsession de l'héroïne jouée ici avec une intensité extrême par Nadja Michael.

Une double production intéressante


Jeudi 15 avril 2021
Mozart Die Zauberflöte (la Flûte Enchantée)
Avec Golda Schultz (Pamina), Kathryn Lewek (Reine de la Nuit), Charles Castronovo (Tamino), Markus Werba (Papageno) et René Pape (Zarastro), sous la direction de James Levine. Production de Julie Taymor. Représentation du 14 octobre 2017. Création en 1791.

Initiation également que cette Flûte qui prône les vertus d'une société parfaite et harmonieuse. Mais c'est surtout, au -delà des complications du livret et de la multiplicité des styles musicaux, un chef d'œuvre  qui continue d'émerveiller  et n'a jamais cessé d'être joué et réinterprété.

Une production visuellement superbe de la metteuse en scène Julie Taymor (1952), formée aux arts du spectacle à Paris et première femme à avoir obtenu un Tony Award (pour la comédie musicale Le Roi Lion). Passée maître dans l'utilisation des masques, des marionnettes et des arts théâtraux orientaux et de la couleur, elle a créé ici le véritable "spectacle" souhaité par Schikaneder et Mozart et un monde enchanté. James Levine dirige en mozartien accompli soutenant  une distribution de très bon niveau. 

Pour le plaisir des yeux et des oreilles, cette Flûte charme et "chasse le chagrin".


Vendredi 16 avril 2021
Humperdinck  Hansel and Gretel (en v. angl.)
Avec Judith Blegen (Gretel) , Frederica von Stade (Hansel), Jean Kraft (Gertrud, la mère), Rosalind Elias (Sorcière) et Michael Devlin (Peter, le père), sous la direction de Thomas Fulton. Production de Nathaniel Merrill. Représentation du 25 décembre 1982. Création en 1893.

Spectacle incontournable de Noël, chanté pour le bonheur de tous dans de multiples langues (ici en anglais), le conte de Grimm, transformé en "opéra pour enfants" dans la tradition germanique, repose sur une écriture musicale riche, variée et complexe, inspirée en partie de thèmes folkloriques qui reste accessible pour tous et mémorable.

Hänsel et Gretel sont envoyés par leur mère, furieuse qu'ils n'aient pas travaillé pour nourrir la famille, dans la forêt pour cueillir des fraises. Ils les mangent, se perdent et finissent par s'endormir grâce au Marchand de sable et passent la nuit sous la protection des anges. La fée Rosée les réveille et ils découvrent une maison de pain d'épices mais c'est sans compter avec la Sorcière qui transforme les enfants en pain d'épices pour les manger …

Cette version on ne peut plus traditionnelle (décors et mise en scène) de ce conte transporte dans l'âge de l'innocence … 

Elle bénéficie d'une belle qualité de chant et de chanteurs enthousiastes (Von Stade excellente en Hänsel, la Gertrud de Jean Kraft et son pathos, la Sorcière qui "en rajoute" superbement, … ).

 

Samedi 17 avril 2021
Dvořák  Rusalka
Avec Kristine Opolais (Rusalka, ondine), Katarina Dalayman (Princesse étrangère), Jamie Barton (Jezibaba, sorcière), Brandon Jovanovich (Prince) et Eric Owens (Vodnic, l’Esprit des eaux), sous la direction de Mark Elder. Production de Mary Zimmerman. Représentation du 25 février 2017.  Création en 1901.

Une des deux œuvres les plus populaires de l'opéra tchèque, et un des sommets de l'opéra romantique, ce superbe conte, inspiré par Andersen et La Motte Fouqué, narre les amours impossibles d'une naïade et d'un humain. 

Amoureuse d'un Prince, Rusalka obtient de la sorcière Jezibaba sa transformation en être humain pour le suivre, en échange de sa voix ... 

Si le "Chant à la lune", un des classiques pour soprano lyrique, constitue l'air le plus connu de cet opéra, il n'est pas, de loin, sa seule attraction, la musique mélodique et chatoyante et la qualité du livret offrant beaucoup d'autres plaisirs. 

La nouvelle production de Mary Zimmerman place l’action au XVIIIè siècle avec de superbes images et couleurs cherche à faire ressortir le côté fantastique mais aussi profondément humain de cette quête d'un amour hors de son milieu naturel.

Une belle distribution (Opolais dont c'est le rôle phare, Barton, Jovanovich, Dalayman notamment), une direction d'orchestre transparente et faisant ressortir la richesse de la partition (très belles cordes), un final en apothéose.

 

Dimanche 18 avril 2021
Puccini  Turandot
Avec Eva Marton (Turandot), Leona Mitchell (Liu), Plácido Domingo (Calaf) et Paul Plishka (Timur), sous la direction de James Levine. Production de Franco Zeffirelli. Représentation du 4 avril 1987. Création en 1926.

Inspiré d'un conte de fées ancien, revu et corrigé par le grand dramaturge vénitien Carlo Gozzi pour en faire une de ses dix comédies fiabesques,  le dernier opéra de  Puccini, est, bien qu'inachevé,  considéré comme le sommet de sa production, démontrant son extraordinaire capacité à se transformer.

Fidèle aux racines XIXè siècle du compositeur, la musique, organisée en blocs basés sur des motifs, intègre aussi de nombreux éléments modernes (bitonalité, harmonie modale et pentatonique, ...) permettant d'obtenir une plus grande expressivité (Liu et son Signore ascolta par exemple).  Ces qualités en ont fait un des classiques de l'opéra du XXè siècle.

Légendaire beauté, la princesse Turandot soumet à trois énigmes ses nombreux prétendants avec sa main et le trône de Chine en récompense ou la mort en cas d'échec. Un nouveau candidat inconnu se déclare ... 

Cette production opulente et monumentale, excessive pour certains, vaut à elle seule le spectacle! Elle est servie par quelques-uns des plus grands chanteurs de cette époque (Eva Marton In questa reggia / Domingo Nessun dorma, le grand ténor suisse Hugues Cuénod à 84 ans y fait son entrée au Met dans le rôle de l'empereur!).

Une version classique d'une des grandes œuvres du XXè siècle !


Lundi 19 avril 2021
Rossini La Cenerentola (Cendrillon)
Avec Joyce DiDonato (Angelina, Cenerentola), Juan Diego Flórez (Don Ramiro), Pietro Spagnoli (Dandini), Alessandro Corbelli (Magnifico) et Luca Pisaroni (Alidoro), sous la direction de Fabio Luisi. Production de Cesare Lievi. Représentation du 10 mai 2014. Création en 1817.

Cette version revue de Cendrillon (parâtre au lieu de marâtre, précepteur du prince plutôt que Fée, bracelet et non pantoufle de vair, …) mêle habilement dans ce dramma  giocoso la  tradition de l'opera buffa et des pages proches de l'opera seria

C'est surtout l'occasion de feux d'artifice vocaux et de virtuosité tant individuels qu'en duo (le brillantissime duo "en mitraille" entre Dandini et Don Magnifico  Un segreto d'importanza) ou en ensembles extraordinaires (Siete voi qui est un des plus beaux sextuors comiques du répertoire et le septuor final de l'acte I).

"La Cenerentola est la musique la plus heureuse, la plus gaie et la plus aisément charmante qu'on puisse rêver; l'allégresse et la pétulance italienne exécutent sur les portées de la partition les gambades les plus extravagantes en faisant babiller au bout de leurs doigts, comme des castagnettes, des grappes étincelantes de trilles et d'arpèges. Comme tout rit et tout chante !" Théophile Gauthier

Le rôle-titre, dont la tessiture couvre plus de deux octaves, demande une extrême agilité vocale et des chanteuses exceptionnelles. La version proposée ici rassemble quelques-uns des meilleurs interprètes actuels de Rossini au meilleur de leur forme (DiDonato, Florez, Corbelli) dans un irrésistible tourbillon musical.

Brillantissime et jubilatoire !


* * *


Les spectacles sont accessibles en cliquant, le jour indiqué, sur le titre de l’œuvre, à l'heure de votre choix.


Belles soirées (ou matinées) lyriques


Jean-François Bourdeaux
Président du Club Opéra

 

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