L'Opéra au salon : les femmes à l'honneur au Met (programme du 2 au 8 mars)
Cette première semaine de mars, mois dédié aux femmes aux Etats-Unis, est consacrée par le Met à quelques-unes des grandes figures féminines qui se sont produites sur sa scène de 1979 à 2017 chanteuses (Beverly Sills, Marylin Horne, Jessye Norman, Patricia Racette, Renée Fleming, Leontyne Price) ou metteuse en scène (Julie Taymor).
Mardi 2 Mars
Donizetti Don Pasquale
Avec Beverly Sills (Norina), Alfredo Kraus (Ernesto), Håkan Hagegård (Dr Malatesta) et Gabriel Bacquier (Don Pasquale), dir. Nicola Rescigno. Production de John Dexter. 11 Janvier 1979.
Dernier chef d'œuvre d'opéra comique italien avant le Falstaff de Verdi 50 ans plus tard, plein de verve, d'inventions mélodiques et de bel canto Don Pasquale est, à juste titre, un des opéras les plus populaires du répertoire.
Cette production a été créée en l'honneur de Beverly Sills (1929-2007), une soprano colorature américaine adorée du public et admirée des professionnels tant pour ses qualités vocales que pour son énergie et son jeu d'actrice. Face à elle, des chanteurs de haut vol dont le baryton français récemment décédé Gabriel Bacquier dans le rôle-titre. Il nous montre ici aussi ses grands talent de chanteur et de comédien.
Un opéra parfait pour découvrir le genre avec les meilleurs chanteurs même si la prise de vue et de son trahissent un peu leur âge.
Une belle soirée "sourire" en perspective.
Mercredi 3 Mars
Verdi Falstaff
Avec Mirella Freni (Alice Ford), Barbara Bonney (Nannetta), Marilyn Horne (Quickly), Susan Graham (Meg Page), Paul Plishka (Falstaff), Frank Lopardo (Fenton) et Bruno Pola (Ford), dir. James Levine. Production de Franco Zeffirelli. 10 Octobre 1992.
Un Falstaff "exemplaire" par son humour intelligent, son manque de prétention, son bon goût ... pour un personnage fait d'excès. Le dernier grand opéra, comique, d'un Verdi de presque 80 ans!
Avec la fine fleur du chant de l'époque dont Marylin Horne (1934-), une des plus grande mezzo colorature du XXè siècle, honorée ici.
Une soirée détente de haut niveau musical pour cette belle adaptation lyrique des Joyeuses Commères de Shakespeare..
Jeudi 4 Mars
Wagner Die Walküre (la Walkyrie)
Avec Hildegard Behrens (Brünnhilde), Jessye Norman (Sieglinde), Christa Ludwig (Fricka), Gary Lakes (Siegmund), James Morris (Wotan) et Kurt Moll (Hunding), dir. James Levine. Production de Otto Schenk. 8 Avril 1989.
Le plus apprécié des opéras de la tétralogie du Ring, la Walkyrie introduit, au côté du monde des dieux et des demi-dieux, qui connaissent aussi leurs difficultés (relation père-fille ), celui des humains et de leurs amours.
Au sein d'une distribution inégalée, Jessye Norman (1945-2019), en l'honneur de laquelle cet opéra est diffusé, montre ici combien cette grande soprano dramatique a été une wagnérienne accomplie. Christa Ludwig , en femme de Wotan est extraordinaire.
La production, très classique, rend l'œuvre facilement intelligible pour ceux que les mises en scène post-modernes, plus fréquentes de nos jours, pourraient perdre.
Vendredi 5 Mars
Mozart Die Zauberflöte (la Flûte enchantée)
Avec Golda Schultz (Pamina), Kathryn Lewek (Reine de la Nuit), Charles Castronovo (Pamino), Markus Werba (Papageno) et René Pape (Sarastro), dir. James Levine. Production de Julie Taymor. 14 Octobre 2017.
Cette production visuellement superbe vient célébrer la metteuse en scène Julie Taymor (1952), formée aux arts du spectacle à Paris et première femme a avoir obtenu un Tony Award (pour la comédie musicale The Lion King :le Roi Lion). Passée maître dans l'utilisation des masques et poupées d'inspiration non européenne, elle a ici créé un véritable "spectacle", comme l'avait souhaité Schikaneder et Mozart et un monde enchanté.
Pour le plaisir des yeux et des oreilles, cette Flûte charme et "chasse le chagrin".
Samedi 6 Mars
Britten Peter Grimes
Avec Patricia Racette (Ellen), Anthony Dean Griffey (Grimes) et Anthony Michaels-Moore (Balstrode), dir. Sir Donald Runnicles. Production de John Doyle. 15 Mars 2008.
Cet opéra phare de la 2ème moitié du XXè siècle, l'histoire de la persécution jusqu'à sa folie d'un pêcheur par les villageois d'une petite ville côtière d'Angleterre, valu à Benjamin Britten son premier succès critique et populaire et sa place dans le répertoire de toutes les scènes lyriques du monde.
Peter Grimes est fait de contrastes forts (empathie et hostilité, compassion et peur, gentillesse et brutalité) avec un rôle titre parmi les plus complexes de ténor du répertoire. une musique hantée par instant et toujours riche.
Un chœur remarquable d'expression, des décors sobres, des chanteurs se fondant dans leurs personnages caractérisent cette production dont la diffusion est dédiée à la soprano Patricia Racette, pilier de l'institution.
Dimanche 7 Mars
Dvořák Rusalka
Avec Renée Fleming (Rusalka), Emily Magee (la Princesse étrangère), Dolora Zajick (Jezibaba), Piotr Beczała (le Prince) et John Relyea (Vodnik, l’esprit des eaux), dir. Yannick Nézet-Séguin. Production de Otto Schenk. 8 Février 2014.
Une des deux œuvres les plus populaires de l'opéra tchèque, et un des sommets de l'opéra romantique, ce superbe conte narre les amours impossibles d'une naïade et d'un humain.
Si le "Chant à la lune", un des classiques pour soprano lyrique, constitue l'air le plus connu de cet opéra, il n'est pas, de loin, sa seule attraction, la musique mélodique et chatoyante et la qualité du livret offrant beaucoup d'autres plaisirs.
Renée Fleming et sa voix d'or, une des plus grandes sopranos de son temps, à qui cette diffusion est dédiée, est considérée par beaucoup comme LA Rusalka. On l'entend ici dans une production vintage et classique entourée d'excellents chanteurs.
Lundi 8 Mars
Verdi La Forza del Destino (la Force du destin)
Avec Leontyne Price (Leonora), Giuseppe Giacomini (Alvaro), Leo Nucci (Don Carlo) et Bonaldo Giaiotti (Padre Guardiano), dir. James Levine. Production de John Dexter. 24 Mars 1984.
Une des partitions les plus ambitieuses de Verdi, la Force du destin voit son héroïne perdre son père, son frère, son amant et finit par être tuée elle-même après de multiples rebondissements et une succession d'airs et d'ensemble.
Outre l'intérêt de l'opéra, la beauté de la musique et la qualité des autres chanteurs (superbe duo Giacomini/ Nucci basse profonde de Giaiotti), cette représentation met merveilleusement en valeur la légendaire soprano Leontyne Price (1927), une des plus grandes chanteuses verdiennes de tous les temps dont les captations vidéos sont hélas rares.
A voir et à savourer.
Retrouver le programme sur le site du Met
Belles soirées ou matinées lyriques
Jean-François Bourdeaux
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