Parenthèses : temps d'inspiration ou valse à trois temps
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Parenthèses : temps d’inspiration ou valse à trois temps
Les parenthèses, ces deux petits signes typographiques qui encadrent une remarque, un complément d’information, une précision du sens signifient aussi dans un langage plus métaphorique un intermède entre deux actions, deux moments différents.
En musique, cela s’écrirait avec un silence, un soupir plus ou moins long. C’est une pause, une mise en suspension qui rompt le cours habituel du quotidien et de sa mélodie et qui en même temps lui confère toute sa saveur, son originalité, son tempo.
LES TROIS TEMPS : L’Aîon, Chronos et Kairos.
Aîon, c’est le temps de l’instant pur, impassible qui ne cesse de se déplacer et manque toujours à sa propre place selon le philosophe Gilles Deleuze.
C’est exactement ce que nous avons vécu au début du confinement : une suite ininterrompue de vidéos, de recettes de cuisine, de photos de fleurs en éclosion, témoignages de chacun pour adoucir le quotidien.
Après l’enthousiasme du début, la tyrannie de l’instantané, le caractère répétitif de l’humour sur les déboires de chacun, l’affluence des messages ont fini par lasser.
Le second temps ou l’arrivée de Chronos
Avec l’organisation dans les entreprises du travail à la maison, la nécessité d’assurer le suivi des cours à distance des enfants, le rythme accru des repas à préparer et toute une logistique à mettre en place, le temps n’était plus à l’ouverture à d’autres façons de prendre soin de soi, de s’intéresser à d’autres lieux et d’autres musiques.
Chronos, le temps répétitif du quotidien a pris le dessus.
Le rythme incessant des visioconférences, la pression des résultats, la mise en place du chômage partiel ont généré anxiété, peur de l’avenir et interrogations sur la capacité à tenir un tel rythme pendant un temps indéterminé.
Chronos est devenu chronophage, et a trouvé ses limites.
Les spécialistes de l’adaptation du corps humain en environnement extrême recommandent d’adopter les rites indispensables pour tenir et survivre en bonne santé physique et psychique dans ces circonstances.
- Se préparer le matin avec soin
- Prendre son petit déjeuner calmement sans ordinateur déjà ouvert
- Faire une pause le midi pour un temps de déjeuner suffisamment long
Si ce n’est pas le cas, le risque que le cerveau devienne apathique et fonctionne en mécanisme de survie s’accélère .
Des mises en garde émanent déjà sur les risques psychiques, les burn-out, les troubles mentaux qui s’annoncent à la fin du confinement plus sévères qu’auparavant.
Néanmoins durant ce temps de confinement, cette période de latence, d’incertitudes, un travail se fait pour nombre d’entre nous en profondeur.
Nombreux sont ceux et celles qui ont avancé sur l’étape d’après et sont plus au clair sur ce qu’ils ne veulent définitivement plus vivre dans leurs entreprises.
Ils ont avancé sur leur projet de créer leur propre structure en connaissance assumée des risques.
Entreprendre un cursus en école de pâtisserie pour enfin s’autoriser à ouvrir un salon de thé, rêve de toujours malgré un poste prestigieux.
Concevoir une approche plus holistique des soins de beauté, écrire un roman en suspens et le plus souvent créer une entreprise où la notion de proximité, de lien avec le voisinage, de solidarité sera l’essentiel.
Chronos a finalement réussi son travail de réflexion, d’inspiration qui cherche son chemin en souterrain dans les dédales de la pensée en s’écartant du temps linéaire, chronométré, imposé.
L’inspiration a trouvé la voie étroite, celle de la vocation, de la mission de vie, de l’enchantement qui ne demandent qu’à révéler leur vraie nature.
Tout est en place pour un nouveau lever de rideau même si on sait déjà que ce ne sera pas une comédie de boulevard mais plutôt un conte philosophique.
L’arrivée de KAIROS.
Kairos, le temps non encore révélé est déjà présent à l’œuvre dans le labyrinthe.
Notre inconscient, notre cerveau droit, celui de l’inspiration, de la créativité ont été sollicités et ont assemblé différemment les éléments en présence.
Souvenez-vous du Minotaure, l’homme à tête de taureau qui régulièrement consommait, dans son labyrinthe prison, les jeunes gens que la Grèce envoyait en Crète se faire dévorer par lui tous les ans pour respecter un tribut de guerre .
Picasso, le génie qui dessinait aussi bien que les grands peintres de la Renaissance italienne à l’âge de 10 ans a décidé de réinventer les codes de la peinture et en a changé souvent selon ses périodes en conservant une attache particulière au mythe du Minotaure.
Picasso disait « l’inspiration existe mais elle doit te trouver au travail »
Le Kairos, c’est l’instant unique, ni trop tôt, ni trop tard où tout peut arriver, comme par magie. C’est l’imprévisible, ce à quoi on n’osait plus croire.
Thésée part en Crète par compassion pour les familles athéniennes éplorées à l’idée de perdre un enfant dévoré par le Minotaure. Il se dévoue, sûr de sa force mais il est effrayé par le labyrinthe construit par Dédale. Ariane, amoureuse de lui, demande le secret de la sortie et l’obtient de Dédale lui-même. C’est le fil qu’il faut dérouler tout au long du parcours pour revenir au point de départ.
Tout semble sourire alors à Thésée, il sort vainqueur de l’épreuve mais il abandonne Ariane à Naxos et oublie de hisser la voile blanche en s’approchant d’Athènes et son père Egée fou de chagrin se précipite dans la mer qui porte son nom.
Thésée a « oublié » de se servir de son « esprit » et comprend que la force seule et la ruse ne suffisent pas.
La synchronicité, c’est à dire Kairos était presque au rendez-vous cependant ;
Il suffisait d’un fil, tenir la promesse faite à Ariane et à son père.
De manière métaphorique, cela signifie qu’il faut travailler son inspiration, ne pas la laisser en chemin, l’abandonner, en oublier les valeurs essentielles.
Thésée considéré comme le fondateur de la démocratie à Athènes qui structure la civilisation de la Grèce antique rencontrera finalement son destin.
Chacun doit tirer parti de cette période hors du commun pour se retrouver, poursuivre sa voie et pour parler comme les systémiciens de l’école de Palo Alto « ne pas faire toujours plus de la même chose » mais changer de paradigme en « faisant totalement différemment ».
Le risque est qu’à la sortie de ce confinement, les chapelles de pensée retrouvent leurs modèles mentaux, leurs discours dépassés et confirment la phrase célèbre énoncée par le prince Saiina dans le roman de Tomasi de Lampedusa remarquablement mis en scène par Visconti « il faut que tout change pour que rien ne change ».
Pour sauvegarder votre inspiration, ne pas la perdre en chemin, prenez les chemins de traverse, débroussaillez, gardez vos valeurs et vos convictions, revisitez les croyances qui vous limitent.
Le monde d’après ne sera pas un autre monde mais un monde où chacun devra apporter sa pierre à l’édifice là où il est, où il en est avec la volonté farouche de rencontrer la synchronicité, bonne fée ou Kairos afin d’être présent à son destin, à son plein potentiel et à sa vocation pour en saisir toutes les opportunités.
« Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson »
Traité sur la tolérance. 1763. Voltaire.
Annie INNOCENTI (D 1975)
Coach de dirigeants
Fondatrice d’universités d’entreprises
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