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Prix littéraire des Sciences Po : la longue liste

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Club Littérature

L'Association

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29/02/2024

Nous sommes très fiers de vous présenter une liste de douze ouvrages, ci-après dans l’ordre alphabétique des noms d’auteurs. Ils montrent que la littérature n’hésite pas à s’emparer de thèmes très actuels et polémiques, en offrant une diversité salutaire de regards et en montrant la vitalité de la langue française.

Cette liste a été établie par un premier jury composé de huit personnes, Alumni membres du club Littérature et/ou membres de l'équipe de Sciences Po Alumni. Il a exploré les 348 romans francophones de la rentrée littéraire d’hiver et remercie notamment les maisons d’édition qui ont fait des envois.

De cette liste sortiront à la fois le livre que les Alumni jugeront, par leur vote, le plus apte à nous aider à « comprendre notre temps », et trois livres choisis par le jury de présélection.

Un deuxième jury, présidé par Jessica Nelson (promo 2001), cofondatrice des éditions Les Saints Pères et écrivaine, et composé de neuf autres membres issus de Sciences Po et/ou du monde des lettres, choisira le lauréat parmi les quatre titres retenus.

 

Place à notre longue liste, et à vos votes !

 

Vincent Almendros, Sous la menace, Éditions de Minuit

4e de couv

Ma voix avait changé. À présent, des poils duveteux dessinaient, sous mon nez, les prémices d’une moustache. Mes épaules s’étaient élargies et de rebutants boutons d’acné gravelaient mon front et mes joues. Au collège Irène-Joliot-Curie, on se moquait de moi.

Du reste, à cause de ce qui s’était passé, au début de la semaine, dans le vestiaire du gymnase, ma mère ne me supportait plus. Elle m’avait prévenu. Elle m’aurait à l’œil, durant le week-end chez mes grands-parents.

Honnêtement, je comprenais qu’elle se méfie de moi. Car elle et mes camarades avaient raison. Avec l’arrivée de la puberté, j’étais en train de devenir un monstre.


En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Sous la menace a séduit le jury autant par ses superbes qualités littéraires que par son traitement du thème universel de l’adolescence, la transformation du corps, l’isolement, la violence qui couve, et celui très contemporain du harcèlement scolaire, sournois, dévastateur et indicible. Le roman replace une histoire singulière dans le cortège de drames familiaux qui l’accompagnent, donnant une dimension intemporelle à une tragédie terriblement d’actualité.

 

Hemley BoumLe rêve du pêcheurGallimard

4e de couv

« Dans l’avion qui me menait au loin, j’ai eu le sentiment de respirer à pleins poumons pour la première fois de ma vie et j’en ai pleuré de soulagement. On peut mourir mille morts, un peu à la fois, à essayer de sauver malgré lui l’être aimé. J’avais offert à Dorothée mon corps en bouclier, mon silence complice, le souffle attentif de mes nuits d’enfant et en grandissant l’argent que me rapportaient mes larcins, sans parvenir à l’arrimer à la vie. Je pensais ne jamais la quitter mais lorsque les événements m’y contraignirent, j’hésitai à peine. C’était elle ou moi. »

Zack a fui le Cameroun à dix-huit ans, abandonnant sa mère, Dorothée, à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié et père de famille, il est rattrapé par le passé alors que la vie qu’il s’est construite prend l’eau de toutes parts... À quelques décennies de là, son grand-père Zacharias, pêcheur dans un petit village côtier, voit son mode de vie traditionnel bouleversé par une importante compagnie forestière. Il rêve d’un autre avenir pour les siens…

Avec ces deux histoires savamment entrelacées, Hemley Boum signe une fresque puissante et lumineuse qui éclaire à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Roman de l’exil et de la quête de soi, Le rêve du pêcheur affronte la douloureuse question du prix à payer lorsque c’est son histoire qu’on a fui en changeant de continent. Au travers de destins croisés qui couvrent toute l’histoire post-coloniale du Cameroun jusqu’à nos jours, le lecteur vit tout autant les mécanismes de la transmission intergénérationnelle des traumatismes les plus cruels que ceux de la possibilité d’une réparation. Celle-ci n’est possible que si l’exil ne gomme pas le passé, auquel il s’agit de se confronter, voire qu’il faut réapprivoiser. 

 

Max De Paz, La manche, Gallimard

4e de couv

« Je le sais, moi, que l’aumône est un tunnel infini, un cycle infernal où la manche d’aujourd’hui cultive celle de demain. Je sais que les pièces achètent notre calme, qu’il n’y a pas de plus grande gamelle à chien docile qu’un petit pot rempli de pièces. Mais il se trouve que je crève la dalle. J’ai faim, j’ai froid, je suis seul ; trio de malheur qui, depuis l’éternité, emporte violemment les sans-abri du monde dans le piège de ce cérémonial, le jeu de la petite monnaie glissant chaque jour de mains propres en mains sales, et lie fatalement le destin de mon cul à celui du trottoir. La manche m’attache au sol, m’installe et me ligote. »

Dans le cinquième arrondissement de Paris, un jeune homme nous parle. À seulement vingt ans, il vit à la rue. Sa famille s’est désintégrée après une série de malheurs et, depuis, il tente de survivre avec une bande de compagnons hauts en couleur. Ensemble, ils affrontent le regard des passants : ceux qui font semblant de ne pas les voir, qui ont mauvaise conscience ou témoignent du mépris. Un soir, le narrateur rencontre Élise, une SDF poète à ses heures. Les mots et les poèmes d’Élise éveillent chez lui le besoin de lutter. Il pressent, et il sait, que son monde doit changer.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

La Manche a séduit le jury parce qu’il invite à regarder une population invisible, celle des sans-abri que nous côtoyons pourtant tous les jours dans nos villes. A travers les mots de l’un d’entre eux, le lecteur vit dans leur peau, il souffre du froid, de la faim, de l’humiliation et découvre leur regard sur les autres, ceux qui ont bien chaud, le ventre plein et la conscience presque tranquille. Premier roman très bien écrit avec un style déjà très affirmé, très tendre, fin et drôle, il est dans le ton de La Vie devant soi de Romain Gary.

 

Elitza Gueorguieva, Odyssée des filles de l’Est, Verticales

4e de couv

« Tu te trompes souvent. Tu remplaces très par grave dans une phrase au registre soutenu et tu dis bien à toi à tes voisins de palier. À la place de récépissé tu comprends laissez-pisser, et tu confonds radié et irradié ainsi que sentier et sentinelle. Tu es littérale et hésitante, alors que dans ton pays tes blagues avaient de l’allure. Parfois tu fais exprès, c’est la seule manière que tu as trouvée d’être drôle. Quand tes erreurs sont volontaires, ça te donne un sentiment d’égalité, vous pouvez, ensemble et au même titre, vous foutre de ta gueule bien à toi. »

Les destins parallèles d’une étudiante et d’une prostituée bulgares, débarquées à Lyon en 2001. Entre tribulations burlesques et peinture sociale mordante, un roman d’exilées à la conquête de leur liberté.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Odyssée des filles de l’Est est un roman résolument féministe, qui restitue leur complexité à des destins trop souvent masqués par le stéréotype des « filles de l’Est ». Écrit dans une langue innovante, construit selon une forme originale qui multiplie les scènes et les points de vue, il crée une ambiance qui nous plonge au cœur des destins croisés de femmes très différentes, qui nous permettent de sortir des clichés et d’entrer en empathie avec des vies que nous côtoyons mais ne connaissons pas.

 

Nathalie Hadj, L’impossible retour, Mercure de France

4e de couv

En 1956, Karim, adolescent, quitte l’Algérie pour la France, où il change de prénom. Ana, elle, fuit Malaga et l’Espagne franquiste en 1962 pour venir faire des ménages à Paris. Lorsqu’ils se rencontrent, chacun reconnaît en l’autre l’exilé qu’il est lui-même : ils se marient et fondent une famille. Ana sera concierge, Karim devenu Paul travaillera dans un atelier de confection, avant de devenir employé de banque. Ils auront deux enfants, la narratrice et son frère.

Au moment où son père disparaît, la narratrice constate que, hormis les grandes lignes, elle ignore presque tout de l’histoire de ses parents. Convoquant ses souvenirs d’enfance, interrogeant les témoins de l’époque encore présents, elle va arpenter sa mémoire comme les rues du XIe arrondissement de Paris, où elle a vécu, pour découvrir leur vérité, peut-être leurs secrets…

En explorant ce passé familial, Nathalie Hadj part à la recherche de sa propre histoire, de sa double culture, et tisse avec émotion le fil d’un récit des origines. L’impossible retour est son premier roman.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Premier roman, L’impossible retour est une autofiction qui aborde à la fois la question du lien parent-enfant et celle de la transmission des origines. La narratrice est confrontée aux silences de ses parents immigrés sur leurs racines, qu’il faut affronter lorsqu’ils disparaissent. Toute la complexité du poids des drames du XXème siècle (la guerre d’Algérie, l’Espagne franquiste, la Shoah) est là, pesant sur la narratrice comme sur notre société. C’est aussi un roman sur la force de la littérature, qui ne peut pas tout combler, mais exprime l’incertitude et le doute et leur donne une dimension universelle.

 

Régis Jauffret, Dans le ventre de Klara, Récamier

4e de couv

De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste. 

Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.

Peu d'auteurs ont su explorer l'indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscience que seule la littérature peut explorer profondément l'âme humaine.

Un roman sombre, violent et magnifique. 

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Le ventre de Klara est un grand livre qui nous parle de son temps (c’est la grossesse d’une femme du temps de l’Empire austro-hongrois), et surtout du nôtre (par ses thématiques : domination masculine patriarcale, viols, incestes, antisémitisme violent, intégrisme religieux, supériorité des peaux blanches, obsessions hygiénistes…). La manière dont il démonte les mécaniques de la transmission intergénérationnelle est universelle. Tant que continueront à naître des monstres, ce roman restera terriblement actuel.

 

Gwenaëlle Lenoir, Camera obscura, Julliard

4e de couv

Un matin, un photographe militaire voit arriver, à l’hôpital où il travaille, quatre corps torturés. Puis d’autres, et d’autres encore. Au fil des clichés réglementaires qu’il est chargé de prendre, il observe, caché derrière son appareil photo, son pays s’abîmer dans la terreur. Peu à peu, lui qui n’a jamais remis en cause l’ordre établi se pose des questions. Mais se poser des questions, ce n’est pas prudent.

Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d’un homme qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui a façonné sa vie. De sa discrétion, presque lâche, à sa colère et à son courage insensé, il dit comment il parvient à vaincre la folie qui le menace et à se dresser contre la barbarie.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Camera obscura a impressionné le jury par l’intensité et la pudeur avec lesquelles le sujet, extrêmement dérangeant, est traité. Le style est mis au service de l’expression du profond désarroi du photographe face à la guerre civile dans laquelle plonge son pays, la Syrie, qui se communique au lecteur. Il est rare qu'un tel sujet soit abordé d’un point de vue aussi intime, en réussissant à nous enrôler à la fois dans les réactions pétrifiées que la torture suscite, et dans le besoin de témoigner qui finit par l’emporter.

 

Gisèle Pineau, La vie privée d'oubli, Philippe Rey

4e de couv

Margy et Yaëlle vivent en Guadeloupe. Pour ces amies-sœurs, tout se partage depuis l’école maternelle : les premières fois avec des garçons, les épreuves du bac ratées, les danses et sorties la nuit, les rêves d’une vie d’artiste, la violence des hommes et la foi en leur rédemption. Quand, à la demande de son petit ami Benja, Margy avale une trentaine de boulettes de cocaïne et réussit sans accident à débarquer en France, elle en déduit que c’est là de l’argent facile, l’espoir d’un avenir meilleur. Alors pourquoi ne pas enrôler son amie dans le business ? Yaëlle à son tour y voit une échappatoire. Mais en plein vol vers Paris, elle est prise de convulsions : les capsules se rompent, l’une après l’autre, répandant la cargaison dans son corps.

D’autres femmes avant elle avaient rejoint Paris : Annette, sa tante, qui a fui très tôt dans l’espoir d’enterrer un secret honteux. Joycy, une jeune Nigériane, échappée des réseaux de prostitution, qui aspire à une seconde chance. Et Maya, étudiante métisse qui cherche à connaître les origines de son père, inconnu au bataillon. Y aurait-il un lien entre tous ces destins ?

Roman magistral où se tissent les vies de femmes et d’hommes reliés par un héritage invisible de douleur, La vie privée d’oubli analyse les conséquences des traumatismes des générations précédentes sur les suivantes. En explorant la place de la mémoire intime et celle de la mémoire collective dans le déroulé de nos existences, Gisèle Pineau interroge : comment panser les plaies d’un autre âge ?

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Grand roman sur la mémoire de l’esclavage et la transmission intergénérationnelle des traumatismes qui en résultent, La vie privée d’oubli retrace la vie de multiples personnages, tous issus d’une esclave au destin tragique, dont l’esprit veille sur sa descendance. De la Guadeloupe à Paris, de Dakar à Panama, les destins de ces descendants sont tous marqués, à leur manière, par la mémoire de l’esclavage, ce qui convainc le lecteur de l’actualité et de la profondeur des traumatismes historiques que sont la traite d’êtres humains, le colonialisme et le néo-colonialisme.

 

Renaud Rodier, Les échappés, Anne Carrière

4e de couv

Lauren, étouffée par le silence d’une bourgade du Kansas, part se réfugier à New York après une fusillade meurtrière dans son lycée. Aaron, héritier d’un empire mafieux à la mort de son père, peine à mettre ses ressources au service de ses victimes. Émilie, talentueuse interprète aux Nations-Unies, perd la parole à la suite d’une simple erreur de traduction. Nathaniel, star planétaire, décide de disparaître pour fuir ces superproductions qui le consument. Aashakiran, une intouchable née dans un bidonville de Mumbai, cherche son avenir à travers l’oculaire d’un télescope, jusqu’à oublier ses origines. Leurs histoires se chevauchent. Leurs exils les rapprochent.

Renaud Rodier s’impose, grâce à ce premier roman, comme le formidable cartographe d’une génération en déshérence. Ode à l’audace, à la résilience et à la recherche de soi dans un monde en constante transformation, Les Échappés transcende les frontières et voit dans nos blessures les plus intimes quelque chose d’universel.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Écrit dans une langue fluide, simple et pourtant très poétique, Les échappés est un roman qui nous tend un miroir dans lequel se reflètent des personnages contemporains à l’enfance fracassée, qui cherchent le salut (et l’âme sœur) en quittant leur lieu d’origine. Leur errance sur le globe, leurs rencontres, peignent un merveilleux tableau de villes, de pays, de milieux sociaux de notre temps, jusqu’à un dénouement magnifique qui a étonné et enchanté le jury.

 

Michael Sibony, Marguerite et le mont Blanc, L'aube

4e de couv

Dans cette histoire, il est d’abord question de montagne, et plus précisément du massif du Mont-Blanc, aussi envoûtant que majestueux. Il y a ensuite Marguerite, à la fois sœur non-née et locomotive du Tramway du ­Mont-Blanc. De la musique – beaucoup –, des tours de manège – seulement quelques-uns –, un oncle, Ajzik, qui dit des choses comme « Faut-il se priver de sauter d’un train en marche quand il nous embarque vers une mauvaise destination ? » Et un garçon amoureux d’une montagne, qui va devoir se construire entre deuil ­impossible et passion obsédante. Une trame complexe et sensible, que Michaël Sibony dénoue avec subtilité.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Ce premier roman a ému le jury par ses grandes qualités poétiques et la réflexion profonde à laquelle il invite. Un jeune homme rêve de réaliser son rêve d’enfance, gravir le Mont Blanc. Mais les glaciers, témoins de notre histoire depuis des millions d’années, se dissolvent sous ses yeux. Le personnage est pris dans une sorte de faille spatio-temporelle qui interroge le rapport au temps de nos contemporains, tandis que lui-même revisite un traumatisme intime datant de sa petite enfance et de la mémoire plus ancienne et tout aussi traumatisée de sa famille, victime de la shoah.

 

Benoît Vitkine, L’enclave, Les Arènes

4e de couv

Dans la chaleur de l’été 1991, tandis que l’URSS s’écroule, un adolescent rentre chez lui. Celui qu’on appelle « le Gris » sort de prison. Alors qu’il longe les eaux froides de la Baltique pour retrouver enfin sa ville natale, Kaliningrad, il découvre un pays et des habitants métamorphosés. Pour lui, tout commence enfin. Roman de la chute de l’empire soviétique, L’Enclave nous emmène sur les chemins de la quête la plus difficile et la plus belle qui soit : la liberté.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

L’enclave, c’est Kaliningrad, alias Königsberg, où se sont cristallisés les drames du XXème siècle européen. Nous sommes en 1991, l’URSS s’effondre. Un jeune taulard récemment libéré, sans repères éthiques, erre dans un monde lui-même anomique. Il rencontre des personnages qui ne savent pas quoi faire de cette nouvelle « liberté » qu’ils n’ont pas demandée. Cette errance des personnages sur un territoire hors-sol au moment où idéologie et carcan institutionnel s’effondrent, contient en germe la violence de la Russie d’aujourd’hui.

 

Valérie Zenatti, Qui-vive, Editions de l’Olivier

4e de couv

Mathilde est devenue insomniaque. Puis elle a perdu le sens du toucher. Il y a eu d’autres signes : des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, le retour de la guerre en Europe. Mathilde est désorientée.

Est-ce pour cela qu’elle décide subitement de prendre un avion pour Israël ? Comme si la réponse aux questions qu’elle se pose l’attendait là-bas depuis toujours.

De Tel-Aviv à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus – et quelques fantômes – ne font qu’approfondir le mystère.

Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît. Prenant l’Histoire à bras-le-corps, Qui-vive est aussi l’itinéraire d’une femme qui cherche à réconcilier son paysage intérieur avec le monde qui l’entoure. Un roman aux multiples facettes qui confirme de manière éclatante le talent de son auteure.

En quoi ce roman nous aide-t-il à comprendre notre temps ?

Qui-vive est un grand roman de la quête de soi, qui prend une portée universelle au travers du destin singulier d’une narratrice française juive qui part quelque temps en Israël. Ce voyage qu’elle fait pour affronter les conséquences qu’ont eues sur elle les répliques du conflit israélo-arabe que nous avons tous vécues sur le sol français, est tout autant un voyage intérieur. Ce roman explore également les répercussions des mouvements sociétaux ou décisions politiques sur nos quotidiens d’individus. Accompagné par la musique de Leonard Cohen, la poésie, et la littérature, il donne tout son sens à l’idée que c’est par l’art que nous pouvons comprendre la complexité du monde.



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