Tout comme l’Ecole Libre des Sciences Politiques a contribué à créer des cadres intellectuels et former des dirigeants pour la Troisième République, elle a eu un rôle fondamental dans la création de l’État québécois. La Province de Québec était jeune lorsqu’au début du XXème siècle, la discipline de l’économie politique prenait forme sur les bords du Saint-Laurent. Les économistes regroupés autour de l’Ecole des Hautes Études Commerciales à Montréal cherchèrent Rue Saint-Guillaume une vision à la fois théorique et pratique de l’économie politique. Les concepts de l’Etat en tant que créateur de richesse, ainsi que le modèle de planification économique français ont marqué les économistes québécois. Ces illustres représentants de trois générations qui ont profondément influencé le Québec, ont aussi conservé des souvenirs vivants de leur passage, d’abord avant la Grande Guerre, puis avant la Seconde Guerre et finalement en plein Mai ‘68.
Lors d’un Web Apéro des Anciens du Canada le 13 mai, Eric Bédard, (C.I.’97), professeur d’histoire à TELUQ et aux HEC-Montréal, et Denis Simard, chef de Cabinet, Ministère du travail, de l’emploi et de la solidarité sociale, Gouvernement du Québec (CEP’91) ont décrit le riche héritage de ces Anciens et partagé leurs observations sur les manifestations actuelles de cet héritage.
Le premier économiste Canadien-français, Édouard Montpetit (1881-1954, diplômé de Sciences Po en 1909) au moment d’écrire ses mémoires, pensait encore à la rue Saint-Guillaume. Il avait obtenu une bourse de la Province malgré que l’École libre des Sciences politiques allait à l’encontre des valeurs cléricales et traditionalistes du Canada français à l’époque. Mais c’était un moindre mal, comparé aux choix unilingues anglophones sur le continent américain.
François-Albert Angers (1909-2003, diplômé en 1937), économiste nationaliste, construisit une pensée économique basée sur la défense des droits, de la langue et de l'identité des canadiens-français. Également professeur à HEC- Montréal, il influença la prochaine génération et fut notamment le mentor de Jacques Parizeau, artisan de la Révolution tranquille et Ministre des Finances dans le gouvernement du Parti Québécois en 1976.
Finalement Bernard Landry (1937-2018, diplômé en 1968), avocat, professeur d'économie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), ministre de plusieurs gouvernements du Parti Québécois et premier ministre du Québec, promoteur du libre-échange avec les Etats-Unis, fut un des plus éloquents promoteurs de Sciences Po auprès des nouvelles générations du troisième millénaire.
Ce fut une promenade aux sources de l'économie politique de ce côté-ci de l'Atlantique, alors que Sciences Po s'apprête à célébrer le 150ème anniversaire de sa fondation l'an prochain.
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