Lorsque Vincenzo Bellini s’attèle à une partition inspirée de Roméo et Juliette pour La Fenice de Venise en 1830, il n’a que six semaines pour la composer. Felice Romani, son librettiste attitré depuis son premier succès, Il Pirata, choisit de remonter, par‑delà Shakespeare, aux sources italiennes du mythe. Le drame s’assombrit : la querelle entre les deux familles devient une véritable guerre. Dans le titre même que retient Bellini, les noms de Capulet et de Montaigu éclipsent ceux de Roméo et Juliette, tout comme le conflit empoisonne leur passion. Mais l’opéra ressuscite également une scène que Shakespeare avait omise : lorsque Juliette – que Roméo croyait morte – s’éveille dans la tombe, les deux amants peuvent échanger quelques mots avant de s’endormir à jamais. Le metteur en scène Robert Carsen inscrit le chant de ces vies entremêlées dans l’épure d’un décor éclairé par l’amour ardent. Un amour transcendé par la musique tendre et rêveuse de Bellini.
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