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[Club Littérature] Laura Sibony, Lab (2022)

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Club Littérature

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23/11/2022

« Bien sûr qu’il va vous plaire... le nez plongé dans Lab, vous laisserez passer votre station de métro, vous refuserez un diner ou vous le laisserez brûler, parce que cet univers est le nôtre peint avec brio, humour et ce qui ne gâte rien, une certaine profondeur »Frédérique Trimouille nous explique pourquoi il faut lire Lab de Laura Sibony, paru en 2022 en auto-édition sur le site de l'auteure.


Le livre



L’auteure

Laura Sibony, photo du site https://www.laurasibony.com/auteur


Diplômée de Sciences Po, de la Sorbonne et d’HEC, Laura Sibony est à la fois, auteure, entrepreneure et enseignante. Elle a publié L'École de la Parole (Hachette) en 2020, Bien parler en public (Marabout) en 2022, et prépare un ouvrage sur l'intelligence artificielle pour Grasset, à paraître en 2024. Voilà pour les essais. Dans le domaine de la fiction, elle a écrit deux romans, dont Lab présenté ici, une pièce de théâtre et plusieurs nouvelles.


Présentation du livre par l’auteure


Axel d'Erschang échappe à la description : il glisse, il swipe, il swipe sans savoir ce qu'il cherche, il swipe encore. Il incarne les paradoxes d'une modernité éternellement insatisfaite. Analyste qualitatif, il est chargé par le Lab d'améliorer des assistants virtuels, et se lance donc dans une recherche unique en son genre : qu'est-ce qui fait qu'on préfère un humain à un chatbot ? Quel est le propre de l'homme ? La mission aurait de quoi passionner, si Axel se passionnait pour autre chose que lui-même.

Sur fond de Coupe du Monde 2018, il cherche, de femme en femme, l'essence de l'homme. Mais c'est la modernité qu'il déshabille le mieux, dévoilant « ce moment humain par excellence où une vie tissée de hasards se retourne sur elle-même, se ressaisit et s'exprime.»


Pourquoi pas d’éditeur ?


L’auteure s’en explique ainsi : « Vous savez ce qu'Axel vous répondrait ? Un livre vit bien au-delà du papier. Choisir le format, le papier, la couverture, le résumé, la diffusion... Toutes ces décisions font aussi partie de l'univers de Lab, de ce que vous tiendrez dans les mains. Et qui mieux que l'auteur - même s'il a pris pour sujet l'indécision - peut faire ces choix ? ». Lab est un livre que l’on commande à son auteure, on le reçoit avec un mot, ou une attention particulière, à prix libre.


Deux extraits particulièrement significatifs, choisis par Frédérique


« Comme il s’agit d’Axel d’Erschang, il ajoutera sans doute un paragraphe intitulé « Analyse psychoethnographique », où il affirmera que les Parisiennes aiment le petit, le doux et le mignon pour compenser l'absence de pénis. C'est en tous cas sur ce genre d'analyses mi-freudiennes mi-seizième qu'il avait fondé sa réputation. »


« Paris s'agita toute la nuit dans les spasmes de la jouissance, ses avenues béantes ouvertes aux flots des supporters, bercée par les vagues montantes de cris et de hourras qui écumaient contre les mamelles de Sainte-Geneviève et de Montmartre, secouée de tremblements qui lui arrachaient des rugissements passionnés et de graves soupirs. Elle s'endormit finalement, la tête pesante et l'haleine lourde, sale et satisfaite. »

L’avis de Frédérique


Des personnages marquants

Alex a 35 ans et deux mois, plus très jeune, pas encore vieux, blasé, il s’agite et fait du sur-place, il s’envoie beaucoup notes vocales, ce qui nous permet d’entrer dans sa tête, il sait être séduisant aussi, et collectionne les filles pour oublier le temps qui passe. Planner stratégique en études qualitatives, il s’est fait une petite notoriété en publiant une étude sur les vices qui l’a fait entrer à 25 ans dans la planète des « intellectuels trash ». Axel est insaisissable, il est le reflet d’une modernité absurde qui se défend d’une profonde dépression dans des occupations maniaques qui n’ont aucun sens.

Trois personnages féminins : Constance, la bien nommée, est la femme avec laquelle Axel vit (ou est censé vivre) depuis dix ans, une bourgeoise cul-plat comme la qualifie joliment son compagnon, transparente, sans saveur, et cependant indispensable. Esther, la panthère, directrice du Lab, perchée sur ses aiguilles, glaciale, brillante, portant haut tous les signes de la réussite et de la modernité et Avi, une bimbo vieillissante, vivante, sexy, qui lui fait des scènes pour le plaisir de se réconcilier avec lui.


« Lab ou comment se sentir intelligent, drôle et dans la course »

Lab ou comment parler de choses sérieuses (très sérieuses) comme l’intelligence artificielle ou le propre de l’humain avec           légèreté !

Lab ou comment revisiter ce sujet éculé (des robots et des hommes) comme si c’était la première fois !

Lab ou comment se sentir intelligent, drôle et dans la course, avec un tout petit livre (dédicacé !) dans la poche. 

Lab ou des passages hilarants sur notre société contemporaine, ses Louboutin, son yoga, son syndrome maniaco-dépressif et ses assistants virtuels... !

Bref, vous l’aurez compris, j’ai aimé ce livre.

Son accroche d’abord : le premier chapitre nous présente Axel, treize ans, aux prises avec son père supporter délirant de Kasparov dans sa partie d’échecs avec une machine. Le sujet est brillamment introduit et on a déjà bien ri.

On retrouve Axel et sa déprime à 35 ans, tentant vaguement de saisir ou de créer des occasions de se sentir vivant et d’incarner le progrès ou l’avenir dans un monde vieux, Sali, usé. Et c’est à ce personnage désabusé qu’est confiée la tâche d’identifier ce qui fait de nous des humains pour rendre plus humains nos assistants virtuels ! 

La fin est à la hauteur de l’ensemble, elle est tragi-comique, surprenante, décalée, poétique aussi. 


Un style brillant, riche, rythmé

Brillant, riche, rythmé, le style de Laura Sibony tient le lecteur en haleine à l’intérieur de courts chapitres dont les titres sont de délicieux amuse-bouche.


Ce roman va-t-il vous plaire ?

Bien sûr qu’il va vous plaire... le nez plongé dans Lab, vous laisserez passer votre station de métro, vous refuserez un diner ou vous le laisserez brûler, parce que cet univers est le nôtre peint avec brio, humour et ce qui ne gâte rien, une certaine profondeur.

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