Pour le lancement de la série « Regards d’Alumni Afrique » portée par la Division Afrique de Sciences Po Alumni, nous vous proposons de découvrir le parcours d’Adama Gaye (Promo 2014), notre correspondant pour l’association des anciens au Ghana et au Nigeria. Deux ans seulement après l’obtention de son diplôme en Affaires Publiques, Adama est responsable du développement des activités de Saint-Gobain en Afrique de l’Ouest.
Pourquoi avoir rejoint Sciences Po Paris ?
J’ai souhaité rejoindre Sciences Po Paris pour différentes raisons. Premièrement, pour le prestige de l’institution. Durant mes années de lycéen, je suivais l’actualité de l’école avec beaucoup d’intérêt et j’étais positivement surpris de la capacité de Sciences Po à rassembler et/ou faire débattre en son sein des personnalités de premiers plans et d’horizons divers. Issu d’un milieu modeste, républicain, l’école est pour moi un des seuls moyens permettant à chaque individu de s’élever dans la société. Deuxièmement, Sciences Po Paris dispense une formation de qualité, notamment dans la préparation de ses étudiants aux concours administratifs, ce qui a été le fil conducteur de ma scolarité, influençant d’ailleurs mon choix d’intégrer le master Affaires Publiques lorsque j’ai été amené à choisir une spécialisation. Enfin, l’ouverture de l’école sur l’international à travers son année d’étude obligatoire à l’étranger, mais aussi la capacité de l’institution à attirer des étudiants étrangers m’ont très tôt – dès la seconde générale au lycée de Mantes-la-Jolie – poussé à travailler dur pour l'intégrer. Le prestige, la rigueur que l’on nous inculque, l’ouverture de l’école sur le monde, tous ces éléments m’ont amené naturellement sur la voie qu’est la mienne aujourd’hui, à savoir travailler pour le groupe Saint-Gobain en Afrique de l’Ouest.
Comment êtes-vous devenu Business Developer en charge du Ghana et du Nigeria chez Saint-Gobain ?
Pendant mon master à Sciences Po, j’ai effectué mon stage de fin d’études au sein du consulat de France à Lagos au Nigeria, auprès de la délégation de service public Ubifrance (BusinessFrance aujourd’hui), qui accompagne le développement des entreprises à l'étranger. C’est à l’issue de ce stage conventionné que j’ai eu l’opportunité et la responsabilité d’organiser une des premières visites des cadres de Saint-Gobain Glass Exprover en Afrique de l’Ouest. Cette visite avait pour objet de faire découvrir le potentiel du marché nigérian aux responsables de Saint-Gobain Glass Exprover, en les mettant en relation notamment avec les acteurs de la construction dans ce pays (architectes, développeurs, entreprises de construction générale…). Ces tâches, je les effectue encore aujourd’hui, plus de 36 mois après mon intégration dans l’équipe en tant que Business Developer pour Saint-Gobain Glass Exprover. Sciences Po a ainsi participé à l’apprentissage de mon premier métier obtenu à la sortie d’école.
Pourquoi avoir choisi cette voie ? Comment percevez-vous votre rôle et votre impact ?
Ayant un profil et des expériences plutôt tournés vers le secteur public, à l’issue de mon dernier stage de fin d’étude au consulat de France à Lagos pour la délégation de Service Public Ubifrance, j’ai été amené à réadapter ma vision du pouvoir économique et de l’impact qu’il peut avoir dans la société. Dans un pays comme le Nigeria, peuplé de plus de 180 millions d’habitants et étant l’une des premières économies d’Afrique, j’ai pu constater très concrètement le rôle des acteurs économiques dans la société, parfois palliant même les défaillances de l’État pour certaines populations issues de milieux modestes.
En tant que Business Developer chez Saint-Gobain, je participe modestement à la réalisation de projets tels que la construction de tours de bureaux, centres commerciaux ou encore de projets résidentiels… Mon activité me permet de participer à l’amélioration du quotidien des individus, des citoyens ouest-africains. Je suis d’autant plus convaincu que Saint-Gobain, leader de l’habitat durable dans le monde, est une entreprise écoresponsable. Au quotidien, j’effectue un travail de formation avec, par exemple, des architectes. A travers des séminaires, nous sensibilisons les acteurs de la construction aux matériaux responsables et durables, ce qui favorise une réduction de la consommation d’énergie et d’électricité dans des pays où les factures en électricité sont bien plus élevées qu’en Europe.
Comment percevez-vous les dynamiques actuelles du secteur du bâtiment de la construction en Afrique ? Quelles évolutions sont à prévoir ?
Le secteur du bâtiment est en pleine croissance en Afrique. S’agissant des pays de l’Afrique de l’Ouest que j’ai eu à gérer (Sénégal, Ghana, Côte d’Ivoire et Nigeria), le niveau de construction progresse en qualité, certains acteurs au Nigeria ou au Sénégal n’hésitant pas à intégrer les meilleurs matériaux utilisés dans les projets les plus ambitieux à travers le monde. J’ai été agréablement surpris par le niveau des architectes au Nigeria notamment, adoptant les standards internationaux sur leurs projets, et exigeant des certifications (Leed Building). Il manque, selon moi, la mise en place d’un socle de normes dans les codes de bâtiments de certains pays. Il y a très souvent des accidents et parfois des catastrophes humaines suite à des défaillances et des absences de contrôle ; cela a été le cas à plusieurs reprises au Sénégal notamment avec des effondrements de balcons sur certains bâtiments provoquant des morts. Le développement de plusieurs projets comme « Eko Atlantic » – ville nouvelle artificielle créée au large de Lagos –, déjà décrite comme le « Dubaï de l’Afrique » et dont l’on voit déjà pointer ses premiers buildings, m’amène à penser (avec la démographie en croissance du continent) que le secteur de la construction est et sera un secteur stratégique pour le continent africain, au même titre que l’agriculture.
Propos recueillis par Eva Ehoke (promo 16), coordinatrice du projet Regards d'Alumni Afrique
contact : afrique@sciencespo-alumni.fr
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