L'Opéra au salon: choix du public du Met (programme du 20 au 26 juillet 2021)

Pour son ultime programme hebdomadaire, le Met doit rouvrir en septembre après près de dix-huit mois de fermeture, c’est le public qui a choisi la sélection proposée cette semaine. 

Si le point commun est l’art du chant avec de merveilleux chanteurs (Stratas, Fleming, Bartoli, Damrau, Netrebko, Dessay, Radvanovsky, Domingo, Terfel, Florez, Polenzani, Hvorostovsky pour n’en citer que quelques-uns), on y trouve une grande variété d’œuvres dont trois en français (les Pêcheurs de perles, la Fille du régiment et les Contes d’Hoffmann) !

Que du plaisir donc pour cette ultime sélection!

Très bel été à tous 

Mardi 20 juillet
Mozart Le Nozze di Figaro   (les Noces de Figaro)
Avec Renée Fleming (la comtesse), Cecilia Bartoli (Susanna), Susanne Mentzer (Chérubin), Dwayne Croft (comte Almaviva), Bryn Terfel (Figaro) et Paul Plishka (Don Bartolo). Sous la direction de James Levine. Production de Jonathan Miller. Représentation du 11 novembre 1998.

Une distribution brillantissime et homogène (dont un extraordinaire Figaro de Terfel), dans une production solide et efficace soutenue par un chef qui sait tirer toutes les nuances de la partition fait de cette captation une superbe version d’un des plus grands chefs d’œuvre du répertoire lyrique.

Un opéra au sommet à ne pas rater!

Mercredi 21 juillet
Mascagni Cavalleria Rusticana et Leoncavallo Pagliacci
Avec Tatiana Troyanos (Santuzza), Jean Kraft (Lucia), Plácido Domingo (Turridu) et Vern Shinall (Alfio); Teresa Stratas (Nedda), Plácido Domingo (Canio), Sherrill Milnes (Tonio) et Allan Monk (Silvio). Sous la direction de James Levine. Production de Franco Zeffirelli. Représentation du 5 avril 1978.

Le dyptique habituel (deux œuvres d'un acte généralement jouées ensemble, dits "Cav et Pag") du vérisme italien, ce style qui a fleuri en Italie après Verdi entre 1890 et 1910 et dont le Met avait proposé les principales œuvres  dans la semaine du 9 au 15 mars (voir l'Opéra au salon: Passions et vérisme).

Avec quelques-unes des gloires du Met: une Troyanos au sommet de ses moyens, une Stratas en grande forme, un très grand Domingo qui chante, à merveille, les deux rôles dans la même soirée et un superbe Sherill Milnes! 

Une soirée de géants !

Jeudi 22 juillet
Bizet Les Pêcheurs de Perles
Avec Diana Damrau (Leila), Matthew Polenzani (Nadir), Mariusz Kwiecień (Zurga) et Nicolas Testé (Nourabad). Sous la direction de Gianandrea Noseda. Production de Penny Woolcock. Représentation du 16 janvier 2016.

Dans un village de pêcheurs srilankais, deux amis d’enfance (Zurga et Nadir) se retrouvent après une longue absence. Tous deux amoureux de la même femme, ils avaient juré d’y renoncer pour sauver leur amitié. Pendant que Zurga est élu chef du village, une nouvelle prêtresse arrive pour protéger le village contre les dieux et la mer…

Cet opéra, qui n’avait pas connu de représentation au Met depuis 1916, bénéficie ici, un siècle plus tard, d’une superbe interprétation avec notamment une Diana Damrau (Comme autrefois) et un Matthew Polenzani (Je crois entendre encore) vocalement parfaitement adaptés à leurs rôles dans une très belle mise en scène qui, dans le respect de l’orientalisme de l’œuvre, la transpose habilement dans une période contemporaine avec un chef qui sait tirer tous les chatoiements de la partition. 

Une superbe occasion de voir, et d’entendre, un des classiques de l’opéra français

Vendredi 23 juillet
Offenbach Les Contes d’Hoffmann
Avec Erin Morley (Olympia), Hibla Gerzmava (Antonia), Kate Lindsey (muse, Nicklausse), Christine Rice (Giulietta), Vittorio Grigolo (Hoffmann) et Thomas Hampson (les quatre mauvais génies d’Hoffmann). Sous la direction de Yves Abel. Production de Bartlett Sher. Représentation du 31 janvier 2015. 

Ce voyage psychologique (1881) dans l’inconscient du poète ETA Hoffmann à travers son obsession de la même diva qui s’incarne dans trois femmes et contes différents bénéficie d’une mise en scène très imaginative, mêlant Allemagne des années 20 et Venise  "fellinienne" du 18è siècle, d’un très grand niveau de chant (Morley, Grigolo, Lindsey notamment) et d’un excellent jeu d’acteurs : tous les ingrédients pour une belle longue soirée (matinée) d’opéra qui passera bien vite! 

Samedi 24 juillet
Donizetti La Fille du Régiment
Avec Natalie Dessay (Marie), Felicity Palmer (marquise de Berkenfield), Juan Diego Flórez (Tonio) et Alessandro Corbelli (Sergent Sulpice). Sous la direction de Marco Armiliato. Production de Laurent Pelly. Représentation du 26 avril 2008. 

Recueillie bébé par le 21^ème régiment français et élevée par lui, Marie tombe amoureuse d’un ennemi suisse au grand dam de « ses pères ».  Tonio s’engage dans le régiment par amour pour elle mais c’est sans compter sur une marquise de retour chez elle et heureuse de retrouver sa « nièce » pour laquelle elle souhaite une éducation et un parti plus dignes de sa famille …

Sur cet argument Donizetti a composé une partition brillante permettant aux chanteurs de montrer leurs talents belcantistes (neuf contre-ut dans le grand air de Tonio « Ah mes amis, quel jour de fête ! ») sans oublier quelques moments d’émotion (« Il faut partir » de Marie). 

La production de Laurent Pelly, transposant l’histoire au premier conflit mondial, est d’une grande efficacité et drôlerie ainsi que la direction d’acteurs. Natalie Dessay-Juan Diego Florez avaient succédé à Joan Sutherland-Luciano Pavarotti, le couple roi de ces rôles dans la période contemporaine.  Le reste de la distribution est d'excellent niveau. La direction d’orchestre est enjouée, à l’unisson de l’œuvre et le tout offre une très belle soirée plaisir.

Dimanche 25 juillet
Verdi Il Trovatore   (le Trouvère)
Avec Anna Netrebko (Leonora), Dolora Zajick (Azucena), Yonghoon Lee (Manrico) et Dmitri Hvorostovsky (comte de Luna). Sous la direction de Marco Armiliato. Production de David McVicar. Représentation du 3 octobre 2015.

Le comte de Luna aime Leonora, dame d’honneur de la reine d’Aragon, et veut l’épouser. Elle lui préfère Manrico, un homme qui a grandi parmi les gitans et qui a été banni par le roi pour avoir choisi de servir son adversaire. Quant à la gitane Azucena, elle veut venger sa mère brûlée vive sur un bûcher par le père du comte ... 

Une enfilade d’airs et de chœurs connus, un quatuor de chanteurs de premier plan (la clé du succès pour cet opéra selon Caruso), une mise en scène efficace (décor pivotant resituant l’action au temps de Goya) offrent une superbe occasion de découvrir ou de revoir ce grand classique verdien. 

Cette captation propose une des dernières apparitions sur scène du baryton Dmitri Hvorostovsky, un « chouchou » du public new-yorkais, après l’annonce du cancer qui allait l’emporter. Tout le monde semble avoir conscience de ce moment, se surpasse, chante et joue en conséquence. On y trouve également un ténor coréen rappelant Pavarotti jeune (Di quella pira), et une Netrebko  simplement extraordinaire au dernier acte. Un public en délire, une énorme ovation et les roses blanches hommage de l’orchestre clôturent cette représentation!

Lundi 26 juillet
Verdi Un Ballo in Maschera
Avec Sondra Radvanovsky (Amélia), Kathleen Kim (Oscar), Stephanie Blythe (Ulrica), Marcelo Álvarez (Gustave III) et Dmitri Hvorostovsky (Renato). Sous la direction de Fabio Luisi. Production de David Alden. Représentation du 8 décembre 2012.

Ecrit à mi-carrière, quand Verdi pouvait s’offrir les meilleurs chanteurs, voici un de ses plus beaux opéras offrant intensité dramatique, opéra bouffe et beauté musicale parfaitement mariée à l’action dramatique. Des interprétations superbes (Alvarez, Hvorostovsky, Radvanovsky, Blythe, Kim notamment), des airs mémorables (duo d’amour extraordinaire, trios des actes 1 et 2), rendent cette représentation vocalement et musicalement superlative et permettent de terminer la saison en beauté. 

Les spectacles sont normalement accessibles en cliquant, le jour indiqué, sur le titre de l’œuvre, à l'heure de votre choix.

Bonne dernière semaine lyrique au Met

Jean-François Bourdeaux
Président du Club Opéra

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