Rencontre avec Imane Agoujil, Fondatrice d’Itrane et Directrice Audit Interne, Al Amana Microfinance
Pour son septième numéro de la série Regards d'Alumni Afrique, nous avons choisi de vous présenter le profil de Imane Agoujil Fondatrice d’Itrane et Directrice Audit Interne, Al Amana Microfinance. Imane Agoujil est également Lauréate du prix pour l’entrepreneuriat féminin, programme Lead Campus.
Pourquoi avoir rejoint Sciences Po Paris, et en quoi l’école a-t-elle influencé la suite de votre parcours ?
Rejoindre Sciences Po Paris était un rêve d’enfant. J’ai toujours voulu suivre une formation pluridisciplinaire dans cette prestigieuse université. J’ai un jour pris connaissance du programme Lead Campus, fruit d’un partenariat entre 4 organismes dont Sciences Po Paris. J’étais sûre qu’il s’agissait de la bonne formation et n’ai pas hésité une seule seconde pour postuler. J’ai commencé la formation en tant que Directrice d’un département d’audit interne et je l’ai fini en tant que future entrepreneure avec un projet récompensé par le meilleur prix d’entreprenariat féminin.
Vous êtes Directrice Audit Interne au sein d’Al Amana Microfinance et avez en parallèle fondé Itrane, qui appuie, via une plateforme en ligne, la commercialisation de produits du terroir marocain faits par des femmes micro-entrepreneurs, quelques mots sur votre carrière ?
Après un master en comptabilité contrôle et audit, j’ai commencé ma carrière en tant qu’auditeur dans le cabinet international d’audit KPMG puis senior auditor chez HPS, une grande entreprise internationale qui opère dans le secteur de la monétique pour atterrir à Al Amana Microfinance en tant que Directrice d’audit interne. Al Amana microfinance est le leader de la microfinance au Maroc, elle finance plus de 350 000 micro entrepreneurs exerçant diverses activités (artisanat, agriculture, élevage, commerce, …). C’est de là que l’idée d’appuyer ces micros entrepreneurs est née et a donné lieu à mon projet ITRANE. Itrane est le projet d’une femme en faveur de tous les petits producteurs et artisans hommes et femmes du Maroc. Né d’une profonde volonté de répondre à la double problématique suivante : Comment réaliser plus de ventes à une plus grande échelle pour les petits artisans et producteurs en leur apportant du soutien et de l’accompagnement ? Et comment rendre accessible les produits de terroir et d’artisanat aux personnes qui s’y intéressent ?
Comment percevez-vous votre rôle ? Votre impact ?
Mon petit projet qui est toujours dans un état embryonnaire, cible à la fois une clientèle locale et étrangère avec le même et seul objectif : La valorisation des produits artisanaux et de terroir.
La solution que je propose permettra : la commercialisation de produits de terroir et d’artisanat marocain à plus grande échelle, afin d’améliorer la vie des petits producteurs – souvent des familles. Itrane permettra également d’améliorer la chaîne de valeurs des micro entrepreneurs et coopératives à travers des séances de formation sur les normes de qualité, la gestion des risques, les techniques de vente et le leadership. Les bénéficiaires du programme seront aussi sensibilisés au respect des normes d’hygiène durant les différentes étapes de production. Un volet environnemental est également mis en place via la lutte contre la dégradation des oliviers et des arganiers, l’incitation à la réduction de l’utilisation des pesticides et à travers l’utilisation des emballages bio dégradables. Enfin, la femme est particulièrement ciblée par Itrane, en amont comme membre centrale des coopératives et en aval comme client principal.
Comment percevez-vous les dynamiques actuelles du micro-entrepreneuriat et de la microfinance en Afrique ? Quelles évolutions sont à prévoir ?
Le micro-entreprenariat en Afrique est en plein essor. Il est même l’une des clés de l’essor économique s’il est bien accompagné et soutenu. C’est à partir de petits projets que nous pouvons dynamiser l’économie africaine qui reste une économie marquée par la prédominance du secteur informel.
Rien qu’au Maroc, à la fin 2018 ce sont plus de 940 000 micro entrepreneurs qui ont fait appel à la micro finance pour financer leurs besoins d’investissement avec un encours global de plus de 600 millions d’euros. La microfinance a permis à ces micros entrepreneurs, jusque-là exclus du système financier classique, d'accéder à des services financiers sans avoir des garanties solides.
A titre d’exemple une de mes partenaires qui a fondé une coopérative de l’huile d’argan au Sud du Maroc « Coopérative Tiroula d’Huile d’argan et Amlou » avait commencé comme petite productrice de l’huile d’argan à des fins de subsistance. Maintenant grâce aux facilités données par l’état marocain qui encourage la création des coopératives féminines et avec l’appui de Itrane en matière de commercialisation et de mise en valeur de ses produits, la coopérative est devenue plus importante et ses produits sont commercialisés dans les grandes agglomérations du Maroc notamment Rabat et Casablanca.
Enfin, avec le développement de la digitalisation et de la téléphonie mobile plusieurs institutions de micro finance ont lancé le mobile banking, qui a permis à des personnes dans des localités éloignées de bénéficier d’un financement adéquat à moindre coût. C’est le cas en Afrique de l’Est notamment au Kenya où le transfert de fonds par mobile a atteint des niveaux inégalés.
Regards d’Alumni Afrique
Sous la forme de courtes interviews retraçant le parcours d’anciens de l’école actifs sur le continent, cette initiative célèbre la richesse et la diversité des profils des alumni originaires d’Afrique et qui travaillent sur des problématiques ayant trait au continent africain
L’objectif de « Regards d’Alumni » est double :
1) inspirer la communauté des alumni et étudiants de Sciences Po par le récit de parcours singuliers
2) mettre en avant des secteurs et activités clés en Afrique et l'analyse que porte l'Alumnus sur les évolutions de son secteur d'activité en Afrique
Contact : afrique@sciencespo-alumni.fr
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