Compte-rendu de la dégustation du 1 juin 2018 - Ballade en Côte de Nuits avec Albert Bichot
Compte-rendu de la dégustation “Ballade en Côte de Nuits avec Albert Bichot”
Caves Legrand (salon Lucien Legrand)
Galerie Vivienne – 1 rue de la Banque - 75002 Paris
Vendredi 1er juin 2018 à 20h30
Cette nouvelle soirée avec la maison Albert Bichot a été l’occasion de l’une de nos plus intéressantes dégustations de l’année. Grâce à une « horizontale » 2015, sur un terroir à la fois bien délimité et très riche d’appellations, de la déclinaison régionale jusqu’à des Grands Crus, nous avons pu découvrir un panorama particulièrement complet et instructif de la Côte de Nuits.
La ballade s’ouvre sur un Bourgogne Pinot Noir, dit Secret de Famille. Un vin d’appellation régionale, mais représentatif de la qualité que l’on peut atteindre dès ce premier niveau de la hiérarchie. Issu de vins récoltés autour de Gevrey-Chambertin, il arrive déjà sur sa maturité, en offrant des sensations de petits fruits rouges – notamment de framboise – francs, gourmands mais non sans souplesse ni élégance. L’élevage en fût ajoutant un (très) léger boisé.
La dégustation se poursuit sur deux bouteilles d’appellation « village ». Taillées pour une moyenne garde, les bouteilles peuvent aussi être appréciées sans attendre, sur le fruit, comme lors de cette dégustation.
En Nuits-Saint Georges d’abord. Un terroir dont les parcelles les plus emblématiques produisent des bouteilles qu’il faut savoir attendre longtemps pour en « casser » et « fondre » le caractère. Le Domaine du Clos Frantin, en village, signale déjà, par rapport au Secret de Famille, plus d’arômes terriens et d’allonge en bouche. Mais aussi plus de soyeux. Avec un fruit plus mûr (cerise…), mêlé à plus de boisé, et un peu de réglisse. Le signe d’une étape franchie dans la complexité aromatique, pour un vin qui exprime fièrement ses racines.
Le Gevrey-Chambertin ensuite. Il provient d’un terroir réputé plus facile d’accès, plus élégant. La parcelle des « Evocelles », située un peu en altitude et exposée vers l’est, augure en outre d’un vin tendant vers la légèreté et la fraîcheur. De fait, les sensations nous évoquent désormais plus la dentelle, avec un fruit fin (fraise), des notes de vanille et suffisamment d’acidité résiduelle pour être tenté de jouer la garde.
Place maintenant aux 1ers Crus. En 2015, ces bouteilles ne sont pas encore à leur maturité. Mais leur découverte permet d’ores et déjà d’apprécier avec beaucoup de plaisir leur évolution.
Une mention particulière doit être réservée au Fixin. Si le terroir de Fixin ne fait pas partie des plus prestigieux de la Bourgogne, le Clos de la Perrière, monopole de la maison Albert Bichot, nous a montré ce qu’on perd à ne pas le découvrir. Bien travaillé, sur l’un de ses meilleurs climats, il offre derrière la cerise mûre une étonnante expression de pain grillé et d’épices. Mais sans perdre son équilibre. Une excellente surprise, une surprenante maturité, pour ce qui a sans doute été le moment le plus inattendu de la soirée.
Suivent deux appellations qui, par contraste, figurent haut dans la galaxie bourguignonne : Chambolle-Musigny, et Morey-Saint Denis.
Avec le 1er Cru « Les Chabiots », le terroir de Chambolle-Musigny révèle beaucoup de fraîcheur et de délicatesse. Les arômes des fruits rouges et noirs (mûre…) défilent mais n’écrasent pas une impression florale, de douceur et de simplicité, avec un retour sur la fraise. Une bouteille clairement à garder toutefois, pour en faire pleinement ressortir les différentes facettes et la complexité.
En Morey-Saint Denis, « Les Sorbets » semblent plus faits à ce stade de vieillissement. Le soyeux est plus marqué, et le vin très charmeur, entre framboise et une griotte suffisamment douce pour se contenter d’apporter la pointe de « peps » permettant de dynamiser l’ensemble. La structure est en place et la bouteille nous mène très naturellement au seuil des grands climats bourguignons.
Tel est le cas du Charmes-Chambertin Grand Cru, que nous avons la chance de nous voir proposer, qui plus est avec suffisamment de vieillissement pour nous projeter avec gourmandise dans ce que donnera une longue garde, avec au minimum 10 à 15 ans de cave et facilement plus. Un changement de monde s’opère. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le velouté en bouche. Le vin n’est pas qu’une question d’arômes ; il est aussi tactile. Ensuite, la palette des arômes qui s’ouvre. Sur un 1er Cru, un vieillissement poussé permettra d’atteindre des saveurs plus tournées vers le sous-bois, les épices et le gibier. Ici, le fruit (framboise) est encore présent mais l’évolution est déjà en place, alors même qu’il reste quelques années avant la maturité. Dernier point, la longueur du retour d’arômes après chaque gorgée. L’appellation Grand Cru n’est pas qu’une mention sur le papier. Elle se déguste et se vit.
La démonstration se renouvelle au souper qui suit la dégustation. Le Nuits-Saint Georges 1er Cru Château Gris, en 2012, nous remémore le Domaine du Clos Frantin du début de dégustation, avec plus de charpente et de maturité. Terrien, gourmand, solide. Puis le Latricières Chambertin Grand Cru, à suivre et en 2011, nous ramène entre ciel et terre.
Un très grand merci à Michel Crestanello et Agnès Dechanet pour leur disponibilité et leur enthousiasme à présenter et partager cette généreuse sélection.
Les vins dégustés
A la dégustation
Bourgogne Pinot Noir, Secret de Famille, Albert Bichot, 2015
Nuits-Saint Georges, Domaine du Clos Frantin, Albert Bichot, 2015
Gevrey-Chambertin « Les Evocelles », Albert Bichot, 2015
Fixin 1er Cru, « Clos de la Perrière » Monopole, Albert Bichot, 2015
Chambolle-Musigny 1er Cru, « Les Chabiots », Albert Bichot, 2015
Morey-Saint Denis 1er Cru, « Les Sorbets », Albert Bichot, 2015
Charmes-Chambertin Grand Cru, Albert Bichot, 2012
Au souper
Nuits-Saint Georges 1er Cru, Château Gris, Albert Bichot, 2012
Latricières Chambertin Grand Cru, Albert Bichot, 2011
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