Compte-rendu de la dégustation du 21 mars 2017 - Barton
Compte-rendu de la dégustation “Barton”
Eden Up
9 rue Louis Boilly - 75016 Paris
Mardi 21 mars 2017 à 20h00
Pour accueillir une maison d’exception, il faut un cadre exceptionnel. En nous retrouvant, en ce premier soir de printemps, à l’Eden Up, chacun a pu d’emblée s’en convaincre. Ouvert sur tout l’ouest parisien, cet appartement dédié aux réceptions privées offre une vue rare sur le bois de Boulogne, le Mont Valérien et la Défense, dont on aperçoit le panorama notamment depuis la salle à manger de la rotonde d’angle. La table circulaire dressée pour les convives y augurait d’une grande et belle soirée.
Nous avions la chance d’accueillir à Sciences-Po Millésimes Damien Barton-Sartorius. Damien est, avec sa sœur Mélanie, la dernière génération en date d’une des plus anciennes familles du vignoble bordelais, les Barton, venus d’Irlande au XVIIIème siècle. C’est l’un de ses ancêtres qui a acquis auprès des Las Cases une partie des vignobles du grand domaine de Léoville, à Saint-Julien, donnant naissance au cru de Léoville-Barton. Un cru que la famille, représentée actuellement par Damien, Mélanie et leurs parents, gère aux côtés du Langoa-Barton voisin, et depuis quelques années de Mauvesin-Barton, à Moulis.
C’est précisément à Mauvesin-Barton que nous commençons notre parcours de dégustation. Racheté en 2011, le domaine a livré en 2012 son premier millésime entièrement réalisé sous l’égide de la famille Barton : c’est celui que nous découvrons. On est là sur un terroir calcaire, qui justifie un encépagement à 50 % en merlot. Le millésime est sur le fruit. Cet héritage se retrouve dans le verre, d’un abord très accessible, gourmand, quoiqu’avec encore un petit peu d’astringence. Il marie fraîcheur (framboise, groseille) et soyeux, ainsi que des pointes de poivre et de menthol. L’alliance étonnante mais réussie avec le tartare de Saint-Jacques, pamplemousse, shiso et pousses de moutarde, s’explique probablement par la combinaison en bouche de ces deux générosités, terrienne et marine, à ces touches plus amères qui en tamisent la fougue. Et l’on comprend la tendresse évidente de Damien pour ce nouveau domaine riche à la fois d’histoire et de promesses de renouveau.
Le Léoville-Barton se présente ensuite, en 2011. Changement de décor, avec les graves de Saint-Julien et environ 80 % de cabernet-sauvignon. La robe est foncée. La structure plus tendue, mais les arômes plus chauds. La bouteille est jeune encore, mais offre déjà, derrière le poivré et le menthol, de la mûre, du pruneau, du fruit noir alcoolisé, voire de la muscade. L’acidité bien présente augure pourtant d’un beau potentiel d’évolution. Si la première bouteille était gourmande, celle-ci est puissante. Elle est mise en valeur par une douce soupe d’artichauts poivrade, avec quelques dés de foie gras qui font le liant.
Un saut de 20 ans en arrière met sur la table le Léoville-Barton 1991. Il s’agit de toutes dernières bouteilles qui se trouvaient encore au domaine de ce millésime de gel. Une année rare issue des vignes les plus proches de la Gironde, les moins touchées par les variations climatiques. La première bouteille est marquée par un nez un peu fumé, avec de l’humus. La marque d’un vieux Bordeaux, que prolongent en bouche des impressions de gibier, de champignon, de cuir et de sous-bois. Et pourtant. Il reste de l’acidité, du fruit (cerise). Preuve qu’on pourrait le pousser encore un peu. Une impression confirmée par la seconde bouteille, au nez moins présent et dont le fruit tient plus de la groseille et de la myrtille.
En regard, le Léoville-Barton 1998 apporte une nouvelle variation, plus fraîche mais très soyeuse, sur le cassis, avec juste un peu d’amertume, entre amende et café.
Ces grands vins, chargés d’histoires, trouvent un formidable compagnon dans une magnifique épaule d’agneau confite, agrémentée d’une purée dont le secret, malgré nos attaques répétées, demeurera bien gardé…
Avant de conclure sur une belle tranche d’ananas rôti, nous découvrons le troisième cru de la famille, le Langoa-Barton, très apprécié notamment au Royaume-Uni. L’encépagement (presque 40 % en merlot) en fait un vin par nature plus fruité qu’à Léoville, et le millésime est le lumineux 2009. C’est donc un vin très expressif, agréable dans sa jeunesse mais qui mérite d’être poussé pour fondre une générosité dont les dominantes vont sur la groseille et la fraise à l’eau-de-vie.
Un grand merci à Damien d’avoir accepté de jouer le jeu de cette soirée, et à notre camarade Antoine pour la contribution active qu’il a apportée à sa réussite.
On saluera enfin la prestation très maîtrisée du prometteur Romain Fabry, de la brigade de la célèbre Maison Rostang.
Les vins dégustés
Moulis en Médoc, Château Mauvesin-Barton, 2012
Saint-Julien, Château Léoville-Barton, 2011
Saint-Julien, Château Léoville-Barton, 1991
Saint-Julien, Château Léoville-Barton, 1998
Saint-Julien, Château Langoa-Barton, 2009
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