"Beaujolais"

Hôtel Païva (Travellers Club)
 25 avenue des Champs-Elysées - 75008 Paris
Mardi 8 novembre 2016 à 20h00

Quatre matchs nous attendaient lors de cette soirée sous les ors du grand salon de l’Hôtel Païva, le dernier de ceux qui jadis bordaient les Champs-Elysées. Quatre matchs à l’aveugle, qui ne manquèrent pas de nous réserver des surprises…

Après quelques mots pour resituer le terroir du Beaujolais dans son histoire et sa géographie l’ouverture fut, comme aux échecs, pour les blancs. A gauche, un nez léger qui se complexifie en s’ouvrant et en revenant à température. Des saveurs d’agrume (pamplemousse), d’eau-de-vie de mirabelle… A droite, un nez d’abord très flatteur (un peu foie gras ?), pour un vin qui bascule ensuite vers la précision. Ce sont deux Chardonnay de la même année, 2015. Deux expressions bien différentes d’un même cépage. Le premier est un Beaujolais-Village du Domaine Striffling. Le second un Bourgogne, un Chitry du Domaine Olivier Morin.

Puis, la parole passe aux rouges, au Gamay, pour poursuivre la soirée.

Deux vins se présentent. On les sent fougueux, un peu perlants. Le premier est sur le fruit, légèrement vanillé et finit par s’assagir dans le verre. Le second est au contraire puissant, boisé, et le reste tout au long de la dégustation. Il demandera un peu plus de temps pour atteindre sa maturité. Nous avons là deux vins du même vigneron (Domaine Paul Janin & Fils), deux 2014. Mais le premier est un Beaujolais-Villages, quand le second vient d’un des 10 « crus » et appelle facilement quelques années de garde : c’est un Moulin-à-Vent.

Le duel qui prend leur suite oppose à nouveau deux vins jeunes, dont l’un s’arrondit de manière séduisante tandis que l’autre révèle une structure qui demande davantage de patience, sans toutefois atteindre le boisé du Moulin-à-Vent. C’est cette fois encore une différence de terroir qui s’exprime. Le premier est un Château Thivin, un Côte-de-Brouilly - une appellation au cœur de celle du Brouilly, elle-même située entre l’aire des Beaujolais-Villages (au sud et à l’est) et la ligne des crus (au nord). Le second est un Chiroubles (Domaine Métrat & Fils), celui des crus dont le territoire est le plus élevé, et qui produit traditionnellement des vins parmi les plus élégants.

Le dernier match rebat les cartes. Le premier vin exprime manifestement, à la robe, au nez et en bouche, quelques années. De la douceur se dégage, mais charpentée. L’œuvre est taillée pour la longue garde. L’opposant rappelle en revanche les vins du second duel. En particulier le Beaujolais-Villages. Mais avec un côté plus charnel. Surprise ! Le premier est le fruit d’un très long élevage. On lui a refusé l’appellation Fleurie (un autre des 10 crus)… car il s’exprime dans un monde à lui. Il s’agit donc d’un « simple » Vin de France de 2008, signé par le Domaine Jules Desjourneys. Quant au second, c’est un Gamay qui nous rend visite depuis le Jura, où l’une des plus grandes maisons, le Domaine Labet, a produit ce rare Vin de Table, en 2015.

La soirée se clôt, grâce aux organisateurs, sur une visite impromptue des autres salles de cet hôtel classé monument historique depuis 1980.

Les vins dégustés

En blanc

Beaujolais-Villages, Domaine Striffling 2015

Bourgogne Chitry, Domaine Olivier Morin, Cuvée Constance 2015

En rouge

Beaujolais-Villages, Domaine Paul Janin & Fils, Les Vignes des Jumeaux 2014

Moulin-à-Vent, Domaine Paul Janin & Fils, Héritage du Tremblay 2014

Côte-de-Brouilly, Château Thivin 2015

Chiroubles, Domaine Métrat & Fils, La Scandaleuse 2015

Vin de France, Domaine Jules Desjourneys, L’Interdit 2008

Vin de Table, Domaine Labet, La Reine 2015